samedi 28 avril 2012

Etienne Martincourt, sculpteur, modeleur et Bronzier

Maitre en 1762, mort après 1791

Peu de chose sont actuellement publiées sur Etienne Martincourt, né à Paris à une date inconnue.
Il fut d’abord reçu maitre bronzier le 8 juillet 1762 puis reçu à l’Académie de Saint-Luc le 26 novembre 1763.
Cette académie regroupait des peintres et sculpteurs en arts décoratifs hors de l’académie royale.
En tant que membre de la corporation des bronziers et de l’Académie de Saint-Luc, Martincourt pouvait aussi bien dessiner que produire des objets en bronze doré sans craindre les poursuites judiciaires des corporations.

Comme nombre de ces confrères, il travailla sur la rive droite de la Seine à Paris au nord du Louvre, un quartier qui accueillait les bronziers depuis le moyen-âge.
En 1772 et 1777, il est enregistré comme vivant près du cimetière Saint-Jean (actuelle place du Bourg Tibourg), plus précisément rue Sainte-Avoie ou il était voisin du sieur Forestier, autre artisan célèbre au service de la couronne.

En 1764, il présenta son chef-d’œuvre, un groupe représentant « un enfant effrayé par un serpent ».
En 1769, il reçut commande du lutrin en marbre et bronze de la cathédrale de Beauvais.
En 1786, l’Almanach Dauphin le cite comme sculpteur, modeleur et fondeur.
En 1789, on le retrouve comme assesseur dans une affaire opposant les héritiers de la duchesse de Mazarin au bronzier Pierre Gouthière. Il fut d‘ailleurs l’un des fournisseurs de la prodigue duchesse.

Il travailla également pour la couronne, Mesdames à Bellevue et le comte d’Artois à Bagatelle.
On trouve trace dans le boudoir du rez-de-chaussée de Bagatelle d’une pendule au sujet de « Thétys plongeant Achille dans les eaux du Styx » dont le modèle est attribué à Martincourt.
Il fournissait directement ses confrères horlogers comme Lepaute ou Antide Janvier, tous deux au service du garde-meuble et des menus-plaisirs de la couronne.
Il produisit également des bronzes d’ameublement, probablement pour le grand Riesener.

Œuvres de ou attribuées à Martincourt

 - Une Pendule à l’astronomie et à la géographie dit également de Clio et d’Uranie, conservé à Getty Musem, Malibu.
Une pendule de ce modèle est inventoriée sous la révolution sur la cheminée du cabinet du conseil aux Tuileries.
« N0.5: Une pendule en forme de vase ornée de deux figures représentant l'astronomie et la géographie, le tout en cuivre doré et or moulu, le mouvement à sonnerie - 2 pieds de haut et 1 pied 6 po. de large - par Charles le Roi, Chez M. Robin. "
Elle avait précédemment figuré dans la chambre du roi à Marly ou elle fut fournie en 1769 par le valet de chambre Le Faucheur.
Il s’agit donc d’une livraison à Louis XV, d’un « nouveau model » probablement crée pour le roi.
Un dessin de la pendule signé par le bronzier Martincourt a permis l’attribution du modèle.
Cette oeuvre est connue par d’autres exemplaires des 18e et 19 siècles.
Une pendule à l'allégorie du temps, conservée à la Wallace collection, Londres
Les bronzes sont attribués à Martincourt d’après un dessin du sculpteur Pajou. 
Cette pendule dériverait d’une version plus grande commandée mais jamais livrée à la duchesse de Mazarin.
- Une pendule au triomphe de l’amour sur le temps, conservée à Metropolitan Museum, New-York.
Les figures d’après Augustin Pajou (1730–1809) sont reprises d’un projet de pendule plus complexe réalisé par le sculpteur en 1775 pour le prince de Condé. 
Un modèle en terre cuite sera réalisé mais pas la pendule. Sa version simplifiée verra cependant le jour et les figures de bronzes ont été fondues par Étienne Martincourt
Un pendule astronomique à motif de lyre et à trois cadrans, conservée au Minneapolis Institute of Arts.
Le mouvement de Jean-Antoine Lepine, les emaux de Joseph Coteau, les bronzes dorés et le marbre attribués à Etienne Martincourt
Cette pendule, datée de 1789, fait partie d’une série de 3 connues à ce jour dont l’une fut livrée en 1786 pour le grand salon de Mesdames à Bellevue (Musée de Detroit), celle de Minneapolis passe pour provenant des collections du comte de Provence.
La troisième, dont le mécanisme a été modifié pendant la révolution, est passée en vente.  

- Une paire de flambeaux vers 1780, conservée à Getty Museum, Malibu
Ces flambeaux font partie d’une série portant l’inscription Étienne Martincourt gravée sous le pied.
D’autres paires sont connues, une à la Wallace collection, un autre au British Museum, deux paires à la Huntington gallery.
Le modèle avec quelques différences sera repris sous l’Empire puis copié dans la seconde moitié du 19e siècle par Henri Dasson.
Sources :
Les Bronzes dorés du XVIIIe siècle, Pierre Verlet, Picard
Wallace collection catalogues, Furnitures, FJH Watson, 1956
Master pieces of the J.P Getty Museum, decorative arts
The Dodge collection of eighteenth century french and english art, Hudson hill press.
The French bronze, 1500 to 1800, Jacques Fisher
La folie d’Artois, Bronze et bronziers de Bagatelle, Christian Baulez, Edition L’objet d’art,
Le château de Marly sous Louis XIV, Stephane Castellucio
Pajou, sculpteur du roi, James David Draper-Guilhem Scherf, Musée du Louve, RMN
Dictionnaire du Paris disparu, Alfred Pierro, Parigramme

mardi 24 avril 2012

Domenico Cucci, ébéniste du roi



Originaire de la région de Rome ou il est né vers 1635 , il travaillera aux Gobelins jusqu'à sa mort survenue en 1704 ou 1705.
D'abord ébéniste, puis fondeur, il réalisait de superbes bronzes d'ornementation.
Novateur, Cucci n'hésitait pas à pratiquer plusieurs techniques (sculpture du bois, incrustation de pierres, marqueterie) sur un même meuble.

La plupart de ses chefs d'œuvre ont été détruits, à l'exception des moulures de bronze qu'il réalisa pour la galerie des Glaces de Versailles, d’une paire de cabinets fabriqués aux Gobelins et maintenant conservés en Angleterre et peut-être d'une autre paire de cabinets encore en possession des ducs d'Aumont à la fin du XVIIIe siècle (non localisés).

Un grand cabinet baroque daté vers 1665-1675, vendu par Christie's en décembre 2009, lui a été attribué avec l'atelier de la Manufacture des Gobelins .

Entre 1664 et 1667, il livre les cabinets d'Apollon et de Diane, ornée de gouaches de Werner dont Louis XIV sous les traits d'Apollon et Marie Thérèse sous les traits de Diane. (Gouaches conservées à Versailles).

Viennent ensuite les cabinets du « temple de la gloire » et du « temple de la Vertu » pour la galerie d'apollon au Louvre., également appelés cabinets de la paix et de la guerre, réalisés en collaboration avec Pierre Gole. 
Ils présentaient en leurs centres les bustes de Louis XIV et Marie Thérèse conservés dans la collection des Bronzes de la couronne (Buste de Louis XIV disparu au XIXe siècle, buste de Marie-Thérèse à Versailles).

En 1667 et 1673, il réalise deux grands cabinets d'ébène marqueté d'étain à 4 grandes colonnes torses à fond lapis (visibles sur une tapisserie de l'histoire du roi). 
Ils furent envoyés à Versailles avec 4 autres cabinets et 4 tables.

En 1678, il livre un cabinet d'orgues porté par des sphinx dorés pour l'antichambre du roi à Versailles.

En 1683, il livre deux grands cabinets de pierres dures (pietra dura) à Versailles aujourd'hui chez le duc de Northumberland à Alnwick.
puis viennent deux cabinets de marqueterie et bronze doré pour l'orgue et le clavecin dans la grand chambre du roi (œuvres inachevés).

Enfin, commencent les travaux du lambris de lapis et d'écaille de tortue pour la petite galerie du roi jusqu'en 1688, avant l'abandon définitif du projet. 

Les commandes royales livrées par Cucci furent dispersées au milieu du 18e siècle lors des ventes du garde-meuble ordonnées par Louis XV.  
Ces chefs d’œuvres du mobilier baroque furent alors pour la plupart dépecés pour récupérer les matières les plus précieuses comme les plaques en marqueterie de marbre.
Nombres d'entre-elles, désormais anonymes, furent réutilisées sur des meubles produits pendant le règne de Louis XVI.