samedi 31 mai 2025

Georges Kintz, maitre ébéniste

L'ébéniste Georges Kintz fut reçu à la maîtrise le 18 décembre 1776. Il deviendra député de sa corporation.
Il s'installa rue du Faubourg Saint-Antoine avant de déménager rue Daval où il restera jusqu'en 1803.
Il fut marié à Anne-Jacqueline Squenons ou Squenort (morte en 1822) dont il eut au moins deux filles :
- Anne-Marie, marié en 1797 avec François Ract, tapissier,
- Jeanne-Jacqueline, mariée en 1799 avec Pierre-Joseph Detournay, tailleur.

Il a produit des meubles très sobres ornés de simples moulures de style Louis XVI, aux finitions soignées, en placage, principalement d'acajou ou en bois de rose. Il utilisa rarement des ornementations de bronze.
Son estampille se retrouve sur des bureaux plat, à gradin ou à cylindre, des secrétaires, tables de jeu, chiffonniers, armoires, console-dessertes ainsi qu'une rare table de musicien duettiste.

Il a parfois travaillé avec d'autres confrères, comme Reizell ou Schmidt, sur des meubles portant double estampille, ainsi qu'avec un confrère homonyme Jacob Kintz.

Œuvres en musées ou institutions :
- Paire d'armoires à 2 vantaux et à 4 étagères intérieures en placage d'acajou flammé, pieds tournés, angles en colonne engagée cannelée rudentée, pilastres à l'arrière, dessus de marbre blanc à balustrade de cuivre doré, attribué à,
Anc. coll. Léon Riesener ; famille Riesener. Legs de Madame Raymond Escholier, 1969 - Versailles, musée national (non illustré, non exposé)
- Table à plateau circulaire reposant sur trois pieds - Musée Ephrussi - Saint-Jean-Cap-Ferrat
- Table trictrac en bois de placage - Les arts décoratifs de Lyon
- Commode en acajou - Paris, Mobilier National

Bibliographie :
Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle - Pierre Kjellberg - Les Editions de l'Amateur - 2008
Le Mobilier français du XIXe siècle - Denise Ledoux-Lebard - id - 2000
Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire - 1934
Les artistes décorateurs du bois en France aux XVIIe et XVIII siècle - Henri Vial, ‎Adrien Marcel, ‎André Girodie - 1912

lundi 5 mai 2025

Antoine Thiout ou Thioust dit l'ainé (1692-1767), Horloger ordinaire du Duc d’Orléans

Né en juillet 1692 à Jonvelle près de Vesoul en Haute-Saône, Antoine Thiout était le fils du serrurier Pierre Thiout.
Ce dernier installé depuis 1686 s’occupait de toutes sortes de fabrications et de réparations.
Son fils Antoine se forma aux principes de base des mécanismes de la grosse horlogerie dans l’atelier paternel ou il acquiert des connaissances pratiques qui lui donnèrent le gout de la petite mécanique de précision liée à l’horlogerie.

Vers 1700, il se rend à Paris où il fera son apprentissage qui durera jusque 1715.
Aux alentours de 1718, il commence son ascension professionnelle et approfondit ses recherches sur l’horlogerie.
Il fit alors partie de l'entourage de Henry Sully, horloger anglais protégé du duc d’Orléans et fondateur de la manufacture d'horlogerie de Versailles.


Régulateur de parquet vers 1730
Mouvement signé Thiout l'ainé Paris

Antoine Thiout est reçu maître horloger le 18 février 1724 probablement par privilège de l’Hôpital de la Trinité.
Il est ensuite Garde-Visiteur de la corporation des horlogers de 1742 à 1745 puis Horloger de la Reine Douairière d’Espagne et enfin Horloger Ordinaire du Duc d’Orléans en 1751 ou 1752.
A ce poste, il fournissait montres et pendules à la famille des Orléans et était également chargé de leurs remontages et entretiens dans leurs différentes demeures ou logements à la cour.


Régulateur de parquet vers 1740-1745
Mouvement de Thiout l'ainé Paris
caisse restaurée par Conrad Mauter vers 1780

Il s'établit d'abord dans l'Enclos de la Trinité, puis Rue du Four et enfin Quai Pelletier.
Pour se distinguer de ses fils également horlogers ou peut-être de son frère [?] Nicolas Thiout, reçu maître horloger en 1733, Antoine signait souvent ses œuvres "Thiout l'aîné".
De son premier mariage avec Nicole Madeleine Le Baigue ou Lebégue (morte en 1751), fille de François, horloger, il eut deux fils, Charles reçu maître horloger en 1746 comme fils de maître, Nicolas reçu maître en 1755 idem, et une fille Marie Madeleine, épouse de l'horloger Thomas François Delagarde.
Il épousa en secondes noces Marie-Claude Benoist (morte le 22 septembre 1767).


Cartel en bronze doré vers 1750
cadran signé Thiout l'Ainé à Paris
Deutsches Uhrenmuseum. Furtwangen

Il acquiert sa réputation grâce à deux inventions, en 1724 et en 1726, concernant des pendules à équation et à indications astronomiques et des horloges marines.
En 1737, il présentait ses innovations sur trois montres et une pendule à équation.
Vers 1740, il crée deux machines à tailler les fusées et un tour à fileter, instruments essentiels dans la fabrication des pièces mécaniques de précision destinées à la petite horlogerie.
En mars 1741, il publie le « Traité de l’Horlogerie Mécanique et Pratique », ouvrage approuvé par l'Academie royale des Sciences.
En 1742, il est élu juré de sa communauté.
Quelques années plus tard, Diderot le sollicitera pour participer à la rédaction, avec d’autres spécialistes, à l’article « L’Art de l’Horlogerie » de l’Encyclopédie.

Il a travaillé pour divers marchands-merciers tels que Noel Gérard et François Damault et a utilisé des caisses d'ébénisterie ou de bronze doré de Gaspard Coulon, Antoine Foullet et Jean-Joseph de Saint-Germain.
Thiout produisait une trentaine de montres par an, la dernière portant le numéro 1320.

Sa clientèle compta de nombreuses personnalités telles que Crozat de Thiers, de la Noë, Angrand de Fonpertuis, les comtesses de Sandwich, de Listernois, les marquis de Ruffec, de Béringhem, de Crussol, de Montpellier, d'Argenson, de Souvré, les ducs d'Aumont, de Boutteville, d'Olonne, la duchesse de Ruffec, les princes de Grimberghen et de Conti...

Antoine Thiout, Horloger ordinaire de Monseigneur le duc d'Orléans, ancien garde de sa communauté et bourgeois de Paris, meurt dans sa demeure du quai Pelletier à Paris le 10 juin 1767 à l’âge de 75 ans. Il fut inhumé en l'église Saint-Gervais.