jeudi 13 février 2020

Michel Maillard (mort en 1786) Orfèvre Joaillier du roi et de ses Menus-Plaisirs

Voici les quelques informations que j’ai pu recueillir sur cet artisan au service de la cour.

En 1762, Michel Maillard est cité comme marchand orfèvre joaillier à Paris, quai des Morfondus, paroisse Saint-Barthélemy.
En 1772, on le retrouve marchand orfèvre joaillier, rue Grenetat, paroisse Saint-Leu-Saint-Gilles.
A cette date, Anicet d'Albouy, comte de Monestrol, capitaine de Dragons dans la légion corse, est cité parmi ses créanciers pour la fourniture de diamants et bijoux d'un montant total de 20.905 livres.
Il fut marié avant 1772 avec Marie-Madeleine Ravenel.
Il en eut 3 enfants :
Louis Michel, fils, joaillier à Paris, Charles Marie Augustin, joaillier, et Louise Henriette, épouse de Edme Boulogne, Marchand chapelier.
En 1777, il est installé rue saint-Honoré, à l’hotel d’Aligre ou sa réputation semble bien établie.
Selon l’Almanach Dauphin, il est " renommé pour le dessin, la main-d'œuvre et la belle exécution des bijoux les plus délicats, comme bagues à chiffres, aiguilles de montres, etc."
Il rédigea son testament le 28 mars 1786 et le journal de Paris daté du Vendredi 21 avril 1786 annoncera son décès le qualifiant alors de « Joaillier du Roi et de ses Menus Plaisirs ».

Il apparait dans les livraisons faites aux Menus-plaisirs à partir de 1774.
Le 14 aout de cette année, il avait présenté à Louis XVI son « chef d’œuvre », le passe-partout de Trianon, garni de 521 diamants et 1 431 brillants montés sur une clef du serrurier François Brochois, facturé pour 6 000 livres qui ne lui seront réglés qu’en 1779 !!!
En 1778, il apparait pour quelques fournitures dont 3 bracelets de 24 brillants chacun, pour les gouvernantes de Mme Elisabeth pour 7,200 livres.
En 1780, il travaille à la remise en état de la couronne royale de Louis XV à l’abbaye de Saint-Denis.
En 1783, il livre une paire de bracelets de 40 brillants pour 5,760 livres.
En 1782, il remet aux Menus-Plaisirs une tabatière d'or émaillée et garnie de 24 brillants, avec « les portraits du Roi et de l'Impératrice » (5,500 livres). Il s’agit probablement d’un présent destiné au Comte du Nord, le futur Paul I, alors son voyage incognito en France.

Sources :
Archives Nationales
Le Livre des Collectionneurs, Alphonse Maze-Sencier - 1885

dimanche 2 février 2020

Jean Jacques François Machard ou Machart, Marchand-mercier-joaillier

Fournisseur du Garde-meuble de la Couronne
Reçu maitre en 1744
 actif de 1744 à 1766

Fils d'un magistrat d'Amiens, Jean-Jacques-François Machard (ou Machart) s'installe à Paris où il est reçu marchand mercier bijoutier le 4 novembre 1744.
Le 3 juin 1746, il épouse Marie-Françoise Guérard, fille d'un marchand bijoutier parisien installé Cour Neuve du Palais. Ce mariage lui ouvre ainsi un réseau propre à la réussite de ses affaires.
Après 1753, il épousera en secondes noces Marie-Jeanne Herbault.
Il ouvre sa boutique rue Saint-Honoré à l’enseigne « à la Duchesse de Bourbon ».
Parmi ses confrères marchand-merciers, il eut des relations commerciales avec Lazare Duvaux et Simon Poirier.On signalera en 1764, sa présence comme témoin au mariage de l’ébéniste Montigny, aux côtés de François-Charles Darnault, "marchand miroitier" et Madeleine Hécéguerre, épouse de Simon-Philippe Poirier.
Deux documents à dix ans d'intervalle - l'inventaire dressé lors du décès de sa première épouse en 1753 et celui accompagnant son dépôt de bilan en 1763 - indiquent qu’il livre, entre autres, des meubles en laque, mais aussi des lanternes, lustres et appliques associant des bronzes doré et porcelaine.
L'inventaire de 1753 montre un stock très diversifié ou les objets d'ameublement restent cependant minoritaires et les meubles en laque rares.
Pour le mobilier, il sous-traita auprès de l’ébéniste Jacques Dubois auquel il fournissait très probablement les panneaux de laque qu’il faisait compléter par des vernisseurs parisien comme Joseph Huitre.
Il apparait, à ce titre, pour au moins une livraison au garde-meuble de la Couronne en 1755 pour une suite de meubles en laque du Japon et vernis Martin, dont un bureau de pente, destinés au château de Choisy.
Un meuble très proche de forme et de bronzes est également passé en vente.

mercier - Jean Jacques François Machard ou Machart, marchand mercier Mobili35
Bureau de pente en laque du Japon et « vernis martin » vers 1745
Estampillé i. dubois jme
Certainement commandé par le marchand-mercier Machart
la décoration en « vernis Martin » attribuée à Joseph Huitre
Christie’s, New-York, 2 novembre 2000

Outre des porcelaines de Saxe, il revend des pièces de Vincennes puis de Sèvres.
En 1755, un déjeuner Hébert lapis oiseaux apparait dans les registres des ventes livré au marchand Jacques François Machard le 9 décembre 1755 au prix de 240 livres.

mercier - Jean Jacques François Machard ou Machart, marchand mercier Cerami24
Déjeuner Hébert lapis oiseaux – 1755
Certainement acheté par Machart en décembre 1755
Pescheteau-Badin, Drouot, 18 mars 2016

Entre juin et octobre 1761, il commande deux bustes du Roi et de la Reine au prix de 24 livres, et deux piédestaux à 18 livres.
Il apparait également parmi les créanciers des horlogers Etienne et Pierre-Etienne Lenoir.
Il semble s’être fait une spécialité des bijoux et petits objets en matières précieuses. En 1763, une publicité indique :
« Le sieur Machart, Marchand Jouaillier, rue S. Honoré, à la Duchesse de Bourbon, que nous avons annoncé N1er de nos Feuilles, employe la pierre de marcassite à toutes sortes d’usages, pour hommes et pour femmes, comme boutons de manches et de vestes, boucles de souliers, colliers, boucles d’oreilles, etc. » ainsi que  « des boëtes nouvelles de marcassite, rouges, galonnées dessus et dessous, à gorge d’or avec une rosette à jour, montée de même. Cette pierre doit être d’autant plus estimée, que mise en œuvre, elle paroît fine, et qu’elle  imite parfaitement le diamant ».
Malgré sa faillite de 1763, Le Mercure de France signale qu’il exerce encore en 1766 :
« Le Sieur Machart, Marchand Bijoutier, demeurant ci devant rue saint Honoré, entre la rue des Poulies & les Pères de l'Oratoire, à la Duchesse de Bonrgogne, continue son commerce. il a même fait faire des bijoux nouveaux & agréables pour les étrennes. Il demeure à présent même rue Saint Honoré au dessus de la rue des Frondeurs, chez M. Lenoir Notaire, au premier sur le devant. ».
Il vivait encore en 1781.

Sources et Bibliographie :
L'inventaire d'un grand marchand mercier des années 1750, Jacques François Machart, in mélanges en l'honneur de Daniel Alcouffe - Alexandre Pradère, Faton, 2004
La boutique à Paris au XVIIIe siècle - Natacha Coquery - ‎2006
European Clocks in the J. Paul Getty Museum - Gillian Wilson, ‎David Harris Cohen, ‎Jean Nérée Ronfort – 2013
Catalogues de Ventes aux enchères

samedi 1 février 2020

Nicolas René Dubuisson, ébéniste

Nicolas René Dubuisson (1728-?)
Fournisseur du garde-meuble de 1778 à 1785

Fils d’ébéniste, il travailla d’abord rue Saint-Bernard au faubourg Saint-Antoine.
Devenu ébéniste au service particulier du roi en succession de Jean-Claude Quervelle en 1778, il s’installa à Versailles place Saint-Louis.
Nicolas-René Dubuisson produisait et vendait les œuvres de confrères comme Nicolas Petit au garde-meuble mais son activité principale était l’entretien et la restauration des meubles du château de Versailles, de Marly et des deux Trianon.
Malheureusement, il a très rarement estampillé ses livraisons au garde-meuble.
Parmi ses ouvrages destinés aux châteaux royaux sont mentionnées des commodes et toilettes revêtues de marqueterie, un jeu de loto renfermé dans un coffret en bois de rose, un écritoire d’acajou pour le service personnel de Louis XVI.
En 1783, la comtesse de Provence aménage son pavillon au Grand-Montreuil. Il y exécuta deux bibliothèques de palissandre à cannelures de cuivre et divers meubles en bois de rose avec des filets de bois bleu.
En 1784, il fournissait pour le service de Madame Élisabeth un prie-Dieu brisé, sur six pieds ronds, en acajou poli à l’anglaise.
Il œuvra également pour le Comte de Provence, le Comte d'Artois, Madame Victoire et la Princesse de Lamballe.
En 1785, les mesures d'économies imposées par le garde-meuble l'acculeront à la faillite et il cessera son activité.

Peu d’œuvres de cet ébéniste royal sont aujourd'hui identifiées.
Citons une commode de style transition Louis XV-Louis XIV portant la marque W de Versailles dans les collections du Mobilier National.
Deux commodes présumées avoir été commandées le 19 aout 1784 par Thierry de Ville d'Avray pour le service du roi à Marly. Livrée vers novembre 1784, elles sont d'abord envoyées à Saint-Cloud dans les appartements de la reine. En décembre 1786, elles viennent meuble le cabinet intérieur de Louis XVI à Versailles. En 1788, elles repartent à Saint-Cloud et l'on perd alors leur trace.
L'une présente dans l'ancienne collection H. Farquhar et l'autre dans l'ancienne collection Jacques Perrin.

ebeniste - Nicolas René Dubuisson, ebeniste particulier du roi Qqq19
 
Source : Les ébénistes du XVIIIe Siècle : Leurs œuvres et leurs marques - Comte François de Salverte

Vincent (?) Chobert, orfèvre, joaillier

Le sieur Chobert,
Joaillier du roi et de la Couronne
Actif dans la 1ère moitié du XVIIIème siècle

Cet artisan qualifié de « Joaillier du roi et de la Couronne » ne semble connu que par une œuvre conservée à Versailles datée vers 1720-1730.

La famille Chobert est représentée à Paris à 18e siècle par deux maitres marchands-orfèvre-joaillier.
Le premier prénommé Vincent pourrait correspondante à notre homme.
Il est connu par une adresse Rue Mauconseil entre 1744 et 1768. Il aurait cessé son activité après cette date et avant 1788.
Il fut marié avec Jeanne Carre et aurait eu deux fils.
L’un, prénommé Vincent, fut mis en apprentissage en 1745, à l’âge 14 ans, auprès de Jean Joachim Fruteau, conseiller du roi, contrôleur des rentes de l'Hôtel de Ville. S'agit-il du même qui eut en 1771 une retenue de chef de fruiterie de la Maison du roi ?
Son second fils (?), Pierre Chobert, fut reçu maitre orfèvre en 1774, et marié à Marguerite Claude Michelin dont il fut séparé en 1781, habitant alors Rue Hurepoix. Il aurait cessé son activité avant 1787 ou il est qualifié d'ancien marchand-orfèvre.

La tenture des « Ports de mer » par la Manufacture de Beauvais

La tenture des « Ports de mer », comprenait six pièces, d'après les cartons de Adrien Campion (peintre de l’Académie de Saint Luc en 1676) et de Jacques ou  Joseph Van Kerchove (Bruges 1667- Bruges 1724).

A la croisée des verdures à paysages et de la première tenture des Indes des Gobelins, ces sujets marins et exotiques furent appréciés.
Si les ports représentés sont imaginaires, les animaux puisent en revanche leur inspiration dans les oiseaux exotiques de la Ménagerie de Versailles d'après Peter Boel.

Elle fut d'abord tissée à la manufacture royale de Beauvais sous la direction de Philippe Behagle (1641-1705) vers 1695-1696 puis remise sur les métiers par le directeur Noël-Antoine Merou entre 1722 et 1733.
La manufacture royal d'Aubusson semble avoir repris le modèle sur ses métiers au 18e siècle.

Louis XIV posséda une tenture de la première série en 6 pièces avec une bordure fond brun remplie de diverses fleurs au naturel, livré au garde-meuble le 1er juin 1696, destinée aux appartements d’attique du château de Marly.
Elle sera inventoriée une dernière fois dans les réserves de tapisserie de Versailles en 1789


Quelques tentures des « Ports de mer » sont connues dont :
- la série pour le comte et la comtesse Piper livrée en 1695, conservée au Château de Björnstorp en Suède.
- une autre aux armes du chevalier d'Allonne en quatre pièces au château de Merlemont.
Elles auraient été offertes en récompense par Louis XIV au chevalier d'Allonne, capitaine de vaisseau (1668- 1707).
- une série similaire (produite à Aubusson ?) au château de Thoissy La Berchere.

Bibliographie :
- Les relations entre la France et la Suède à travers les âges …- Denise Bernard, Beauchesne Editeur, 1993.
- Histoire de la Tapisserie - Fabienne Joubert, Amaury Lefebure et Pascal-François Bertrand, éditions Flammarion, 1995
- Ames de laine et de soie - Jacqueline Boccara - éditions d'Art Monelle Hayot, 1988
- Les belles heures de la tapisserie - Dario Boccara , Les clefs du temps, Zoug, 1971.
- La collection des tapisseries de Louis XIV - Jean Vittet, Arnauld Bréjon de Lavergnée , Faton, Dijon, 2010

Laurent Rondé (1666-1733), Joaillier

Laurent Rondé (1666-1733)

Secrétaire du roi
Joaillier ordinaire du roi
Garde des pierreries de la Couronne

Né à Paris le 24 juillet 1666, il est issu d'une famille originaire de La Fère en Picardie, fils de Claude Rondé, orfèvre et de Marguerite Loge.
Il installe sa boutique quai des orfèvres et vécut dans le cul de sac Saint-Thomas du Louvre. Son poinçon est LR et une étoile.
Laurent Rondé est nommée joaillier ordinaire du roi, garde des pierreries de la couronne à la place de son cousin Pierre Le Tessier de Montarsy le 8 mai 1710.
Logé au Louvre en 1704, il est metteur en œuvre des ouvrages de pierreries de la couronne, à ce titre, il met à disposition les pierres à utiliser et travaille les matériaux précieux (or et argent) pour les montures.
En 1719, il achètera une charge de Secrétaire du roi.
En 1722, son œuvre la plus célèbre et survivante est la couronne de sacre de Louis XV, qu'il a dessiné et confectionné au Louvre aidé de son fils Claude-Laurent, de son neveu Claude-Dominique et d'Augustin Duflos.
En 1723, Duflos réalisa chez Rondé une couronne identique pour le roi Joseph V du Portugal.
En 1725, les Rondé livrèrent pour la reine une autre couronne de plus petite taille mais de composition voisine.
Il épouse Marie Charpy dont il aura :
- Marie-Madeleine, mariée en 1725 avec Nicolas Claude Hénin de Cuvilliers, conseiller au Parlement de Paris.
- Claude-Laurent, mort en 1723, garde des pierreries de la couronne (probablement en survivance de son père), receveur et payeur des rentes de l'Hôtel de Ville, marié en 1720 avec Marie-Andrée-Noëlle de Senant qui se remariera en 1726 avec Nicolas François Rémond, introducteur des ambassadeurs.
- Charles Felix Rondé, mort en 1746, Trésorier Général des Fortifications, marié en 1726 avec Marie-Charlotte-Thérèse Grondeau de Flobert.
Il meurt en décembre 1733, c’est son neveu Claude-Dominique Rondé qui lui succédera.

les deux couronnes royales évoquées plus haut :

La Couronne du sacre de Louis XV dite Couronne personnelle de Louis XV

M. de Noisy - Rechercher 16-530695

La couronne qui servit à Marie Leczinska pour son mariage exécutée par Les Rondé

M. de Noisy - Rechercher 08-551843

Claude-Dominique Rondé, joaillier

Claude-Dominique Rondé (mort après 1759)

Valet de chambre du roi
Orfèvre-Joaillier ordinaire du roi
Garde des pierreries de la couronne

Claude-Dominique Rondé est le neveu du joaillier du roi Laurent Rondé.
Il fut apprenti chez son oncle vers 1711 et associé avec lui après 1723.
Après son décès, il fut reçu orfèvre-joaillier du Roi et garde des pierreries de la couronne et obtient un logement au Louvre le 4 janvier 1734.
En 1737, il obtient un brevet de retenue de valet de chambre du roi servant par quartier 
Il apparaitra avec cette fonction dans l’Etat de la France en 1749 au semestre de juillet.
Il fut marié avec Marie Anne Pierrette Poan de Monthelon.
Ils eurent une fille, Marie-Victoire, mariée en 1739 avec François Jacques Baudon, directeur des domaines du roi de la généralité de Toulouse.
Il fit des affaires considérables avec la cour de France, ses factures après des Menus-Plaisirs montant parfois à un million et demi de livres par an.
En 1745, il livra la riche parure de diamant de la première dauphine de France : 
- La pièce de corps pour le corsage composé d’un bouquet de fleurs sortant d’un vase, deux boucles d’oreilles en pendeloques, deux épaulettes, quatre agrafes, une aigrette de 150 diamants et un bracelet avec le portrait du dauphin en médaillon entouré de 42 diamants.
En 1747, pour l’arrivée de la seconde dauphine, Marie Josèphe de Saxe, il livre un grand nœud de diamant, cadeau de la reine, et un bouquet de corne d’abondance, cadeau du dauphin.
En 1751, il lui était réglé une facture de 31 359 livres dues par Madame la Dauphine.
En 1757, il tombe malade et c’est Pierre-André Jacquemin qui lui succède.
Je n’ai pas la date de son décès survenue après 1759.

Il existe un portrait de la première dauphine évoquant la richesse des parures de diamant de Rondé :

M. de Noisy - Rechercher 10-542429
Marie-Thérèse-Raphaëlle de Bourbon, infante d'Espagne (1726-1746)
dauphine de France en 1745 par Daniel Klein le Jeune
Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon