mardi 24 juin 2025

Jean-Jacques Werner (1791-1849), menuisier-ébéniste-décorateur, fournisseur du Garde-meuble de la couronne

Né à Berne en Suisse vers 1791, Jean-Jacques Werner s'installe à Paris en 1812 au 107 de la rue Saint-Dominique avant de transférer sa boutique rue Vaneau en 1837, puis rue de Grenelle-Saint-Germain en 1839 et enfin rue Saint-Dominique-Saint-Germain de 1844 à 1849.
Il se marie en 1812 avec Marie-Louise Chassan, brodeuse, dont il aura un fils prénommé Jean-Louis, né en 1813.

Il produisit des meubles en bois français indigène tel que le frêne, l'if, l'orme, le mûrier et le cornouiller.
Il est récompensé par une médaille d'argent aux expositions des produits de l'industrie française en 1819, 1823, 1827 et 1834. En 1820 il obtint le titre de fournisseur du Garde-Meuble de la Couronne.

commode-secrétaire acquise par Charles X en 1827
place au grand Trianon en 1837

Une de ses étiquettes indique vers 1839 :
J.J. WERNER / DECORATEUR ET FABRICANT DE MEUBLES, / rue Grenelle St Germain 126 / A PARIS / BREVETE DES COURS DE FRANCE ET ETRANGÈRES, / Brevet d'invention, et Médailles de perfectionnement pour les bois indigènes / Fait des envois dans les départements et à l'étranger (à juste prix).

Secrétaire "aux faisceaux" attribué à Werner 
en suite avec la commode à vantaux 
conservée au musée des Arts décoratifs à Paris

Il reçut quelques commandes royales et eut une importante clientèle privée dont la duchesse de Berry au château de Rosny, la princesse d'Eckmulh, le prince Eugène de Beauharnais ou le roi de Bavière dont il fut breveté fournisseur et décorateur de sa maison.
Il meurt veuf le 6 février 1849.

Œuvres en collections publiques :

- commode-secrétaire, exposée au Salon de l'Industrie en 1819, acquise par Charles X en 1827, placée dans la chambre de la Reine Marie-Amélie au grand Trianon en 1837, in situ
- lit en loupe d’orme orné de bronzes dorés (attribué), acquis en 1833, placé dans l'appartement de Madame Adélaïde, sœur du roi Louis-Philippe, au Grand Trianon en 1837, in situ
- Paire de chaise apportée à Versailles en 1840, Grand Trianon
- Secrétaire en armoire en loupe de frêne et bronzes dorés, présenté à l'Exposition des produits de l'Industrie de 1823, Paris, Musée des Arts décoratifs
- commode à vantaux en loupe d'amboine et bronze doré, vers 1820, Paris, musée des Arts décoratifs (dépôt du musée de l'armée)
- Petite table à ouvrage, vers 1839, Paris, musée du Louvre
- Ensemble de 12 fauteuils, 12 chaises à barrettes, 6 chaises à dossiers pleins et 8 banquettes, Dijon, Grand théâtre, 1828
- console rectangulaire en console (en acajou ?), époque empire, Paris, collection du Mobilier National
- guéridon rond tripode en loupe, époque restauration, Paris, collection du Mobilier national
- paire de chaise en bois verni, époque restauration, Paris, collection du Mobilier national
- table à écrire en acajou, époque restauration, vers 1839, Chantilly, Musée Condé,
- commode à 5 tiroirs en acajou, époque restauration, vers 1820, Chantilly, musée Condé.

Bibliographie : Denis Ledoux-Lebard, le mobilier français du XIXe siècle, editions de l'amateur, 2000

lundi 23 juin 2025

Alexandre Maigret, actif de 1775 à 1826, tapissier du garde-meuble

Alexandre Maigret, tapissier du garde-meuble impérial et royal, fut actif de 1775 à 1826.
Né vers 1750 (?), il apparaît comme marchand-tapissier et ébéniste dès les années 1775-1780.
Peut-être avait-il un lien de parenté avec le menuisier-ébéniste Louis-Charles Maigret, reçu à la maîtrise le 3 octobre 1787, et dont M. de Salverte a relevé l’estampille sur un meuble Louis XVI.
Il est alors établi au 20 rue Vivienne ou il vend des meubles d’ébénisterie, mais aussi des miroirs et des objets en bronze de son confrère Feuchère. Il travaillait également avec le bronzier Thomire.
Bien que cité comme ébéniste, il faisait probablement sous-traiter cette production, en particulier auprès de l'ébéniste Bouillon.
Pour les sièges, il se fournit entre-autres auprès de Pierre-Antoine Bellangé ou Pierre-Gaston Brion.

Pendant la révolution, il se porta acquéreur de tapis de Savonnerie et de tapisseries lors des ventes des collections royales, pièces qu'il tentera de revendre au garde-meuble sous l'empire et la restauration.

En 1805, il est devient l'un des fournisseurs du Garde-Meuble impérial.
En 1813, il obtient le brevet de tapissier du garde-meuble, titre qu'il conservera jusqu'en 1817.
Il livrera de nombreux meubles d’ébénisterie et de menuiserie ainsi que des tentures pour les palais impériaux dont Les Tuileries, Saint-Cloud, Meudon, Versailles et les Trianons, Fontainebleau, Compiègne, Strasbourg, Laeken...
Il fournit notamment plusieurs métiers à broder pour l’impératrice Marie-Louise.

Métier à Broder de l'impératrice Marie-Louise
Livré au Grand Trianon par Maigret

Sous la Restauration, les commandes se firent rares. Il livra quelques meubles pour la duchesse de Berry au château de Rosny.
Il cède son activité à son fils Alexandre-François en 1826. Il vendit une partie de son stock, meubles d’ébénisterie et 18 tapis de la Savonnerie aux armes de France, au garde meuble royal avant de prendre sa retraite.

secrétaire en cabinet d'époque Empire
vendu par Maigret au garde-meuble en 1826

Certaines de ses œuvres sont aujourd'hui conservées à Versailles, Fontainebleau, au Mobilier National, au Sénat.

quelques œuvres conservées à Versailles :

- ensemble de sièges livré pour le petit salon attenant à l'appartement de l'Empereur sur l'orangerie au palais de Saint-Cloud, menuiserie attribuée à Bellangé, 1808
- métier à tisser livré pour le boudoir de l'Impératrice Marie-Louise au Grand Trianon, 1810
- Psyché livrée pour l’appartement du roi de Rome aux Tuileries, Maigret et Thomire, 1811,
placé dans la chambre de Marie-Amélie au grand Trianon en 1834.
- ensemble de siège livré pour le premier salon du grand appartement du palais de Meudon, 1811
- ensemble de siège livré pour la chambre à coucher du grand appartement du palais de Meudon, 1811 (déposé à Fontainebleau)
- console livrée pour la chambre à coucher du grand appartement du palais de Meudon, 1811
- secrétaire en cabinet vendu au Garde-Meuble de la Couronne en 1826,
envoyé au Grand Trianon en 1837 pour l'appartement des princesses.
- secrétaire en armoire vendu au garde-meuble de la couronne en 1826,
envoyé aux Tuileries en 1830 puis Trianon en 1838.

Bibliographie:
Denis Ledoux-Lebard, Le mobilier français du XIXe siècle, Editions de l'amateur, 2000
Mathieu Da Vinha et Raphaël Masson (dir.), Versailles, Paris : Bouquins, 2015.

lundi 16 juin 2025

Jean Avisse (1723-après 1796), maitre menuisier en sièges

Né en 1723 et mort après 1796, Jean Avisse est probablement cousin avec le menuisier en siège Michel Avisse.
Il fut reçu maître menuisier le 10 novembre 1745. Il fit enregistrer ses lettres de maîtrise au Châtelet de Paris le 18 avril 1747. 
Il s'installa rue de Cléry, secondé par son épouse Marie-Anne Gourdin, issue elle aussi d'une important famille de menuisiers.

Il acquiert sa notoriété grâce à la qualité de son travail. Il exécuta de beaux sièges richement sculptés dans les styles Louis XV et Louis XVI.
Les archives livrent quelques-uns des sculpteurs sur bois ayant travaillé sur ses sièges les plus luxueux parmi lesquels Jean-François Baillard, Pierre Rousseau, Claude Vinache ou Nicolas Heurtaut.

Si des livraisons au garde-meuble de la Couronne restent à confirmer, Jean Avisse eut une importante clientèle privée au travers de marchands-tapissiers dont la duchesse de La Tremoille, la marquise de Chabannes, la comtesse de Fontenay et le chevalier de Lamotte, lieutenant de louveterie au département d'Auvergne.

Malgré les nombreuses commandes, il déposa son bilan à deux reprises, en 1769 et 1776 mais reprit chaque fois son activité au 124 rue de Cléry et ce jusqu'en sa mort en 1796.

Quelques oeuvres en collections publiques :

- Tabouret Louis XV, estampille Jean Avisse (Don du docteur Marcel Durand), château de Versailles, non exposé
- Paire de bergère Louis XV, estampillées Avisse (donation duchesse de windsor), chateau de Versailles - non exposées, non illustrées
- Voyeuse à genoux utilisée en chaise prie-Dieu, Louis XVI, provenant de Saint-Cloud au 19e siècle,  château de Versailles, non exposée, non illustrée.
- Suite de 5 fauteuils Louis XV (don docteur Marcel Durand), château de Versailles, non exposés, non illustrés.
- Fauteuil de bureau canné Louis XV, Versailles, musée Lambinet
- Fauteuil à la reine - Musée des Arts Décoratifs - Paris

- Lit de repos Louis XV - Musée Nissim de Camondo

- Canapé et deux fauteuil à la reine Louis XV - Paul-Getty Museum - Malibu
- Paire de bergères - Musée des Arts Décoratifs - Lyon
Le mobilier national conserve deux chaises sobrement moulurées de ce menuisier.



Sources et Bibliographie
Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle - Pierre Kjellberg - Les Editions de l'Amateur - 2008
Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire – 1934

samedi 31 mai 2025

Georges Kintz, maitre ébéniste

L'ébéniste Georges Kintz fut reçu à la maîtrise le 18 décembre 1776. Il deviendra député de sa corporation.
Il s'installa rue du Faubourg Saint-Antoine avant de déménager rue Daval où il restera jusqu'en 1803.
Il fut marié à Anne-Jacqueline Squenons ou Squenort (morte en 1822) dont il eut au moins deux filles :
- Anne-Marie, marié en 1797 avec François Ract, tapissier,
- Jeanne-Jacqueline, mariée en 1799 avec Pierre-Joseph Detournay, tailleur.

Il a produit des meubles très sobres ornés de simples moulures de style Louis XVI, aux finitions soignées, en placage, principalement d'acajou ou en bois de rose. Il utilisa rarement des ornementations de bronze.
Son estampille se retrouve sur des bureaux plat, à gradin ou à cylindre, des secrétaires, tables de jeu, chiffonniers, armoires, console-dessertes ainsi qu'une rare table de musicien duettiste.

Il a parfois travaillé avec d'autres confrères, comme Reizell ou Schmidt, sur des meubles portant double estampille, ainsi qu'avec un confrère homonyme Jacob Kintz.

Œuvres en musées ou institutions :
- Paire d'armoires à 2 vantaux et à 4 étagères intérieures en placage d'acajou flammé, pieds tournés, angles en colonne engagée cannelée rudentée, pilastres à l'arrière, dessus de marbre blanc à balustrade de cuivre doré, attribué à,
Anc. coll. Léon Riesener ; famille Riesener. Legs de Madame Raymond Escholier, 1969 - Versailles, musée national (non illustré, non exposé)
- Table à plateau circulaire reposant sur trois pieds - Musée Ephrussi - Saint-Jean-Cap-Ferrat
- Table trictrac en bois de placage - Les arts décoratifs de Lyon
- Commode en acajou - Paris, Mobilier National

Bibliographie :
Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle - Pierre Kjellberg - Les Editions de l'Amateur - 2008
Le Mobilier français du XIXe siècle - Denise Ledoux-Lebard - id - 2000
Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire - 1934
Les artistes décorateurs du bois en France aux XVIIe et XVIII siècle - Henri Vial, ‎Adrien Marcel, ‎André Girodie - 1912

lundi 5 mai 2025

Antoine Thiout ou Thioust dit l'ainé (1692-1767), Horloger ordinaire du Duc d’Orléans

Né en juillet 1692 à Jonvelle près de Vesoul en Haute-Saône, Antoine Thiout était le fils du serrurier Pierre Thiout.
Ce dernier installé depuis 1686 s’occupait de toutes sortes de fabrications et de réparations.
Son fils Antoine se forma aux principes de base des mécanismes de la grosse horlogerie dans l’atelier paternel ou il acquiert des connaissances pratiques qui lui donnèrent le gout de la petite mécanique de précision liée à l’horlogerie.

Vers 1700, il se rend à Paris où il fera son apprentissage qui durera jusque 1715.
Aux alentours de 1718, il commence son ascension professionnelle et approfondit ses recherches sur l’horlogerie.
Il fit alors partie de l'entourage de Henry Sully, horloger anglais protégé du duc d’Orléans et fondateur de la manufacture d'horlogerie de Versailles.


Régulateur de parquet vers 1730
Mouvement signé Thiout l'ainé Paris

Antoine Thiout est reçu maître horloger le 18 février 1724 probablement par privilège de l’Hôpital de la Trinité.
Il est ensuite Garde-Visiteur de la corporation des horlogers de 1742 à 1745 puis Horloger de la Reine Douairière d’Espagne et enfin Horloger Ordinaire du Duc d’Orléans en 1751 ou 1752.
A ce poste, il fournissait montres et pendules à la famille des Orléans et était également chargé de leurs remontages et entretiens dans leurs différentes demeures ou logements à la cour.


Régulateur de parquet vers 1740-1745
Mouvement de Thiout l'ainé Paris
caisse restaurée par Conrad Mauter vers 1780

Il s'établit d'abord dans l'Enclos de la Trinité, puis Rue du Four et enfin Quai Pelletier.
Pour se distinguer de ses fils également horlogers ou peut-être de son frère [?] Nicolas Thiout, reçu maître horloger en 1733, Antoine signait souvent ses œuvres "Thiout l'aîné".
De son premier mariage avec Nicole Madeleine Le Baigue ou Lebégue (morte en 1751), fille de François, horloger, il eut deux fils, Charles reçu maître horloger en 1746 comme fils de maître, Nicolas reçu maître en 1755 idem, et une fille Marie Madeleine, épouse de l'horloger Thomas François Delagarde.
Il épousa en secondes noces Marie-Claude Benoist (morte le 22 septembre 1767).


Cartel en bronze doré vers 1750
cadran signé Thiout l'Ainé à Paris
Deutsches Uhrenmuseum. Furtwangen

Il acquiert sa réputation grâce à deux inventions, en 1724 et en 1726, concernant des pendules à équation et à indications astronomiques et des horloges marines.
En 1737, il présentait ses innovations sur trois montres et une pendule à équation.
Vers 1740, il crée deux machines à tailler les fusées et un tour à fileter, instruments essentiels dans la fabrication des pièces mécaniques de précision destinées à la petite horlogerie.
En mars 1741, il publie le « Traité de l’Horlogerie Mécanique et Pratique », ouvrage approuvé par l'Academie royale des Sciences.
En 1742, il est élu juré de sa communauté.
Quelques années plus tard, Diderot le sollicitera pour participer à la rédaction, avec d’autres spécialistes, à l’article « L’Art de l’Horlogerie » de l’Encyclopédie.

Il a travaillé pour divers marchands-merciers tels que Noel Gérard et François Damault et a utilisé des caisses d'ébénisterie ou de bronze doré de Gaspard Coulon, Antoine Foullet et Jean-Joseph de Saint-Germain.
Thiout produisait une trentaine de montres par an, la dernière portant le numéro 1320.

Sa clientèle compta de nombreuses personnalités telles que Crozat de Thiers, de la Noë, Angrand de Fonpertuis, les comtesses de Sandwich, de Listernois, les marquis de Ruffec, de Béringhem, de Crussol, de Montpellier, d'Argenson, de Souvré, les ducs d'Aumont, de Boutteville, d'Olonne, la duchesse de Ruffec, les princes de Grimberghen et de Conti...

Antoine Thiout, Horloger ordinaire de Monseigneur le duc d'Orléans, ancien garde de sa communauté et bourgeois de Paris, meurt dans sa demeure du quai Pelletier à Paris le 10 juin 1767 à l’âge de 75 ans. Il fut inhumé en l'église Saint-Gervais.

mardi 29 avril 2025

Jean-François-Antoine Boulanger, maître sculpteur sur bois

Cet artisan du bois fut reçu le 17 octobre 1759 comme membre de l'Académie de Saint-Luc, habitant alors rue Saint-Sauveur.

Cette académie était celle des maîtres peintres et sculpteurs de Paris ou était assuré leur formation et reçu leur maîtrise après présentation d'un chef-d'oeuvre.
En 1776, les élèves de Saint-Luc seront réunis à ceux de l'Académie royale de peinture.
En 1777, toutes les communautés de métier ayant été supprimées, elle disparaît.

En 1767, il épouse Monique Bellin, fille du directeur des postes d'Amboise, dont il eut une fille Monique Louise Marguerite baptisée en 1772.
A cette époque, il travaillait pour le duc de Choiseul au château de Chanteloup, et à l'ancien hôtel d'Armenonville, rue platière à Paris, devenu hôtel des postes.
En 1778, il perd son épouse Monique Bellin. Il habitait alors rue de Bondy.
En 1786, il était installé rue du faubourg Saint-Martin.

Ses talents de sculpteur furent utilisés par l'administration royale.

En 1763-1764, il travailla à la nouvelle salle d'Opéra des Tuileries.
Après l’incendie de la salle du Palais Royal, l’Académie de musique se déplaça provisoirement au Palais des Tuileries dans la salle des Machines construite sous Louis XIV.
Pour l'occasion, les architectes Germain Soufflot et Ange Jacques Gabriel la réaménagèrent pour pouvoir recevoir jusqu’à 1500 spectateurs.

En 1772, on le retrouve travaillant aux décors de l'Ecole militaire de Paris, l'orgue de la chapelle en particulier, aux côtés de son collègue Honoré Guibert, également menuisier ornemaniste royal.
En 1774, Boulanger soumissionna sans succès pour la décoration de l'aile neuve du château de Versailles.
En 1775, il livra un cadre sculpté pour un portrait de la reine Marie-Antoinette.

Cadre probablement exécuté par Boulanger (bordure) et Duret (figures d'enfants, tigre, biche),
livré en 1775 pour le portrait de Marie-Antoinette en Diane par le chevalier de Lorge,
tableau refusé par la reine (disparu)
Versailles, musée

Il réalisa ensuite des cadres pour des portraits de Madame la comtesse de Provence et de la Comtesse d'Artois.
Il est encore cité dans un acte de notoriété en janvier 1789, date à laquelle on perd sa trace.

Au début de sa carrière, notre homme fit également oeuvre de dessinateur d'ornement relevant du style rococo, ses dessins furent en partie gravés.

mercredi 16 avril 2025

Olivier ou Ollivier, tabletier du roi

Au 18e siècle, le tabletier-peignier appartenait à une corporation indépendante de celle des menuisiers-ébénistes.
Il fabriquait des tabliers ou plateaux pour jouer aux échecs, aux dames, au tric-trac, et les pièces ou jetons nécessaires pour y jouer ainsi que des billes et boules de billard, des crucifix en buis et ivoire ce qui leur valut également le nom de "tailleurs d'images d'ivoire" ainsi que de nombreux objets usinés sur tour comme les bâtons ou cannes de marche, les montures de cannes, lunettes et lorgnettes, les tabatières et boites à savonnettes...
Ils étaient autoriser à utiliser l'ivoire et les bois durs comme le buis, l’ébène, le noyer, le merisier ou l'olivier...

Sous le nom générique de Olivier ou Ollivier, on trouve une famille d'artisans parisiens qui se succédèrent comme tabletiers du Roi pendant plus d’un siècle, de 1678 à 1785.
Attachés au service du Garde-meuble et des Menus-Plaisirs, ils livrèrent à la Cour des billards, des trou-madame, des tables à jouer, parfois en laque et en bois des Iles.

En 1678, le sieur Ollivier, tabletier, livrait à Versailles diverses fournitures, et à Saint-Germain-en Laye un trou-madame et plusieurs billards.

On retrouve trace de livraison à Versailles en 1725, ou le tabletier Olivier livre pour l'infante d'Espagne, fiancée du roi, 6 petites queues de billard en bois des Indes à masse d'ivoire, un bistoquet, 12 petites billes d'ivoire et la régle du jeu sur un tableau encadré de bois peint. Cet ensemble accompagnait le billard livré par le sieur Chardin (père du célèbre peintre).

Plus tard au château de Choisy sous Louis XV, le sieur Olivier, tabletier livrait " deux garnitures pour le jeu de brelan, composées chacune de 5 boîtes d'ivoire de différentes couleurs, une autre pour le jeu de quadrille..."
Ils travaillèrent également pour les marchands mercier comme Hébert, qui livra aussi la cour sous Louis XV.

L'un d'entre-eux, Étienne Olivier, exerçait rue des Arcis vers le milieu du règne de Louis XV.
Il a signé de l’inscription Olivier sculpsit un coffret en marqueterie que possède le musée de Cluny et qui renferme «l’estalon des mesures à l’huile» commandé en 1742 par la communauté des maîtres chandeliers-huiliers de Paris.

Parmi les tabletiers de ce nom, on retrouve :
entre 1666 et 1737, Barthélémy Ollivier, marchand et maître peignier tabletier, originaire de Picardie, époux de Antoinette Largillier puis de Suzanne Hadancourt et Suzanne Thiboust
entre 1697 et 1706, Julien Ollivier, maitre tabletier, créancier du conseiller au parlement Auguste de Harlay,
entre 1699 et 1732, Jean Olivier, maître peignier-tabletier, juré de sa communauté, installé rue des Arcis,
entre 1702 et 1731, Louis Ollivier, marchand et maître peignier tabletier à paris, époux de Marie Thérèse Lescombat,
en 1719, Louis Olivier, marchand peignier tabletier, père de François, compagnon tabletier, marié avec Marie-Jeanne Barbier,
entre 1731 et 1765, Julien Etienne Olivier, maître et marchand peignier tabletier,
entre 1758 et 1761, Louis-Alexandre Olivier, maître tabletier,  rue aux ours à Paris, époux de Catherine Viel,
en 1772, Jean-Louis Olivier, maître tabletier décédé, époux de Marguerite Jacqueline Paris et père de Marguerite Jacqueline leur fille mineure.

L'Almanach du Commerce mentionne encore deux ébénistes du même nom, prénommés respectivement Pierre-François et Jean-François, qui résidaient, à l’époque du Directoire (1799), dans le voisinage l’un de l’autre, rue du Faubourg Saint-Antoine, nos 225 et 250.
Le premier se retira des affaires en 1807. Le second mourut en 1816.

Sources :
Les ébénistes du XVIIIe siècle, Salverte.
Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers - Diderot & D'Alembert
Le mobilier francais du XIXe siècle, Ledoux-Lebard
Minutier central des notaires, Archives nationales
Versailles au temps de Louis XV, Alfred Marie, ‎Jeanne Marie