samedi 29 novembre 2025

Becourt ou Brécourt, bronzier actif sous Louis XVI

On sait peu de chose du bronzier Becourt ou Brecourt, mais des documents d'archives le mentionnent à plusieurs reprises avec des ventes à la cour de France à l'époque de Louis XVI.
Pierre Verlet ne le cite cependant pas dans son ouvrage sur les bronziers du 18e siècle. 
Une partie de sa production est connue au travers de dessins de modèles reproduit dans le recueil aujourd'hui conservé à la bibliothèque Doucet, à Paris (VI E Rés.).
J'y lis le nom comme Becourt et non Brecourt sous lequel on le retrouve souvent.

Je tente un petit corpus illustré à partir de ce recueil avec des modèles en bronze réalisés d'après ces dessins :



Cartel [aux sirènes ?] correspondant au n° 113 avec la mention Becourt





Pendule aux dauphins, modèle de Brecourt vers 1775, correspondant au n° 100 avec la mention Becourt.
Ce modèle inspirera la manufacture de Sèvres pour une pendule en porcelaine livrée à Louis XVI à Versailles.


autre modèle de caisse en bronze se rapprochant du modèle n° 103 donné à Bécourt.. 
Le mouvement est signé de l'horloger Roque  qui fut un fournisseur de la cour mais aucun modèle proche n’apparaît dans les inventaires royaux :


Pendule borne à vase vers 1770
auteur : 36 cm., Longueur : 28 cm. Profondeur : 13 cm.
Signé sur le cadran "Roque / A Paris".

Bibliographie : Ottomeyer/Pröschel, VergoBdete Bronzen, München1986, p.28, 197, 226, 228

Jean François Delacour, maitre ébéniste en 1768

Jean François Delacour fut reçu maître ébéniste à Paris le 24 février 1768. On sait  cependant peu de chose de sa production, il est mentionné rue du faubourg Saint Antoine jusque vers 1783.

son estampille :

On trouve cette estampille sur une petite table Louis XVI en placage de Bois satiné et frise d'entrelacs et draperies en bronze portant la marque de Bellevue et le n° 122.3, probablement d'un ensemble de 3 meubles livrée en même temps.

Cette rare oeuvre royale estampillée en vente chez Sotheby's 



Elle fil partie de la collection de Jean Nicolaÿ (1890-1959), auteur du livre “L’art et la manière des ébénistes du XVIIIe siècle” en 1985..

Bilbiographie : 
J. Nicolay, L’art et la manière des ébénistes français au XVIIIe siècle, Paris, 1976, p.56 fig. A (illustré).
P. Kelljberg, Le Mobilier français du 18e siècle. Dictionnaire des ébénistes et des menuisiers, 1998, p.228 (table citée)

jeudi 13 novembre 2025

Gabriel Courieult, maître horloger et la pendule lyre Beau-bleu de Sèvres

Installé à Paris, Gabriel Courieult fut reçu maître horloger le 30 septembre 1767. Il mourut vers 1786.
Il demeurait rue de Grenelle-Saint-Honoré, paroisse Saint-Eustache.
Il compta parmi sa clientèle le duc de Saint Aignan , la marquise de Croissy ou le président de Miromesnil.
Sa veuve Geneviève Barrau qui poursuivit son activité jusqu'à la révolution eut également Louis Philippe Joseph, duc d’Orléans, comme client au Palais-Royal vers 1791.
Sa production signée reste rare. A côté de quelques montres, il produisit des mouvements de pendules à cercles tournants dont certains associés à des caisses en bronze doré spectaculaires comme celle à l'allégorie du Temps vers 1780 vendu par Sotheby's.



Il réalisa également ce type de mouvement pour un célèbre modèle à Vase et serpent vers 1770 dont un exemplaire porte la marque du bronzier fondeur Jean Baptiste Gaulier ou Gautier qui pourrait donc être le créateur de ce modèle qui plut à Mme du Barry et à la reine Marie-Antoinette :



La pendule-Lyre en "beau-bleu" de Sèvres, spécialité de Courieult :



Selon les comptes de la manufacture de Sèvres, seulement sept pendules-lyres de ce type, c'est-à-dire "beau bleu" ont été produites.
Gabriel Courieult acheta deux caisses de pendule-lyre en porcelaine en 1785, sa veuve Geneviève Barrau deux autres en 1786, puis trois autres en 1787 et 1788.
Deux de ces exemplaires "beau bleu" furent acheté par Louis XVI dont l'un est décrit en 1787 dans le Salon des Jeux du Roi au château de Versailles.
Un des exemplaires connus [ill. supra] dont le cadran est enrichi d'émaux de Joseph Coteau a été déposé par le Louvre au château de Versailles.
A sa suite, plusieurs de ses confrères, dont l'horloger Kinable, utilisèrent également ce modèle lyre en porcelaine avec d'autres variantes de couleurs.

Vert céladon en porcelaine de Locré,
mouvement de Kinable


Rose dit "Pompadour" en porcelaine de Sèvres,
Mouvement de Kinable

mardi 11 novembre 2025

Thomas Merlin, orfèvre ordinaire de Louis XIV

Originaire de Lorraine, Thomas Merlin (v.1620-1698) fit partie des orfèvres choisis par Colbert pour mettre en œuvre le projet de renouvellement artistique décidé par le roi Louis XIV.
Influencés par le travail du peintre Charles Lebrun (1619-1690), ces orfèvres - Claude Ballin, Thomas Merlin, Pierre Germain et Nicolas Delaunay - seront réunis aux Galeries du Louvre.
En 1642, il demeurait rue Saint Germain l'Auxerrois. Il épousera Jeanne Thiery dont il aura un fils prénommé Pierre.
En 1660, il logeait au Louvre dans l'ancien atelier du sculpteur Jacques Sarrazin.
On trouve dans l’Inventaire du mobilier de la Couronne, dans le Journal du Garde-Meuble de la Couronne et dans les Comptes des bâtiments du Roi des commandes passées et des acomptes versés à Thomas Merlin dès 1665.
Il réalise entre autres pour la couronne des bassins, des brancard ou des vases.
En juillet 1666, il livrait à la couronne deux vases d'argent ornés sur la panse des allégories de l’Éloquence ou de l'Architecture dans un médaillon.
En 1669, il livrait partie d’une série de douze flambeaux d’argent représentant les douze mois, d'après un dessin de Lebrun, réalisés avec ses confrères Jean de Viocourt, René Cousinet et Jacques Dutel et dont une paire ornait la table du salon d'Apollon.



En juillet 1682, il livrait quatre grandes corbeilles d’argent de 57 centimètres de diamètre ciselées à jour, qui étaient vraisemblablement garnies de fleurs puisque pourvues de bassins pique-fleurs amovibles.
2 corbeilles furent placées sur les tables consoles du salon de Mars.
Les deux autres corbeilles identiques de cette livraison garnissaient les deux tables d’entre-fenêtre des salons de Mercure et d’Apollon.
Il participa également à la fonte de la série des flambeaux aux Travaux d'Hercule aux coté de ses confrères Jacques Dutel, orfèvre aux Gobelins et des orfèvres parisiens Jean de Viaucourt et René Cousinet.
4 furent placés dans le salon de Mars et les huit autres de la série étaient alignés sur la balustrade du salon de Mercure.



En août 1685, il livrait les trois derniers guéridons d'argent du salon d'Apollon avec la veuve Germain et Nicolas Delaunay.
Cette série avait été initié en 1668 (4) puis complétée en 1684 (3).



Avec ses confrères Ladoyreau et Cousinet , il livrera un ensemble de 16 tabourets en argent destinés à meubler la Galerie des Glaces en 1688.
A cette date, Thomas Merlin demeurait toujours aux Galeries du Louvre.
Il apparaît dans la célèbre tapisserie de la visite du roi aux Gobelins portant un plat ovale, tapisserie dont le carton est conservé à Versailles.



Cette orfèvrerie demeure extrêmement rare car le Roi ordonna, en décembre 1689, la fonte du mobilier d’argent pour financer les dépenses de la guerre de la Ligue d’Augsbourg.

lundi 27 octobre 2025

Charles André Caron (1698-1775) Horloger du roi

Bio express : 

1698 : naissance le 26 avril de Charles-André Caron, fils de Daniel Caron, maître horloger à Meaux, marchand bourgeois de Lizy-sur-Ourcq, et de Marie Fortin. Sa famille est protestante.
Avant 1721 : il s’engagea brièvement dans le régiment de dragons de Rochepierre sous le nom de Caron d’Ailly.
1722 : installé et formé à Paris, il abjure le protestantisme pour pouvoir être reçu maître-horloger. Il ouvrira sa boutique rue Saint-Denis à Paris.
Il épouse Marie-Louise Pichon (1702-1758). Il en aura 10 enfants dont la plupart mourront en bas-âge.
1732 : le 22 janvier, naissance de son fils Pierre-Augustin Caron, futur Beaumarchais.
1744 : l'horloger Jean-Antoine Lépine entre en formation dans son atelier. Il deviendra son associé et son gendre en épousant sa fille Madeleine-Françoise Caron en 1756.
Charles André Caron apparaît alors parmi les maîtres horlogers fournissant le roi dont une pendule livrée à Mme Adélaïde en 1757, dans une caisse de bronze attribuée à Osmond, conservée à Versailles (dépot du Mobilier National).



1750 : ne supportant plus ni ses incartades ni son insolence, il chasse son fils du domicile familial.
Vers 1760 : il crée la première montre-squelette.
1761 : le 24 novembre, Charles Caron renonce à son commerce d'horloger.
L'année suivante son gendre Lepine devient horloger du roi.
1763 : en janvier, son fils Beaumarchais achète une maison au 26 de la rue de Condé à Paris ou il loge son père et ses 2 soeurs cadettes.
1766 : en janvier, André-Charles Caron se remarie avec Jeanne Guichou, veuve Pierre Henry.
1775 : fraîchement remarié à Suzanne Léopolde Jeantot le 18 avril, Charles-André Caron décède le 23 octobre.

vendredi 17 octobre 2025

Gilles-Paul Cauvet, sculpteur de Monsieur, frère du roi



Frontispice de son ouvrage de 1777
avec le portrait du comte de Provence et une dédicace gravés

Gilles-Paul Cauvet, né en 1731 à Aix-en-Provence et mort le 15 novembre 1788 à Paris, fut un important sculpteur sur bois et ornemaniste français.
Il demeurait à Paris, rue de Sèvres , près la rue du Petit-Bac.
Il fut marié à Marguerite-Geneviève de Ligny, veuve en premières noces de Jean Liottier, maître sculpteur.
Le couple eut deux enfants survivants, Marie-Pauline et Edme-Charles.

Il fut reçu membre en 1762 de l'Académie de Saint-Luc, guilde parisienne des peintres décorateurs et sculpteurs en bâtiments. Il en devint directeur en 1766.
Il dessina des ornements, décors de boiseries et meubles, essentiellement de style Louis XVI.
Il publiera, en 1777, son livre de dessins gravés pour des intérieurs et des meubles qui influencera de nombreux sculpteurs sur bois.

Vers 1775, il fut nommé sculpteur ordinaire des bâtiments de Monsieur, le comte de Provence, frère de Louis XVI, futur Louis XVIII.
Il participa à la décoration du Palais-Royal, du palais du Luxembourg, du Palais du Temple, de l'opéra royal de Versailles.
collaborant souvent avec les architectes Jean-François Chalgrin, Alexandre-Théodore Brogniart et Etienne-Louis Boullée, il décora de nombreux hôtels parisiens dont les hôtels de Noailles, de Mailly-Nesles, de Mazarin, du Nivernais, Kinsky...



mardi 7 octobre 2025

Nicolas Thomas (? - après 1806), Horloger du roi

Nicolas Thomas est reçu maître-horloger le 20 septembre 1778.
Il fut nommé la même année Horloger du Roi, fournissant donc peut-être des montres ou pendules à Louis XVI.
Il épousa Thérèse-Emilie Millot, la fille de l’horloger pensionné du roi Pierre Millot.
Vers 1781-1783, il se trouve établi rue du Bac, vers 1787-1789 il est dans la rue de l’Echelle ; en 1806 il est rue de Grétry.
Il marquait ses cadrans de "Thomas à Paris".

A la même époque, deux autres artisans portant le même nom obtinrent également la maîtrise horlogère :
- Philippe Thomas, le 5 fevrier 1779
- François Thomas, le 6 mai 1780.
J'ignore pour l'heure si ils ont liens de parenté ou simple homonymie.

Le musée Getty conserve un exceptionnel cartel, dont le créateur du modèle est malheureusement inconnu, portant un cadran signé de cet horloger.



Le mobilier National conserve de lui une pendule portique de la fin du règne de Louis XVI.



Il a réalisé le mouvement d’une pendule avec boîte de François Rémond, d'après un modèle de Louis-Simon Boizot représentant l’Etude et la Philosophie et dont le cadran est de Dubuisson, celui d'une pendule empire avec caisse du bronzier Pierre-Victor Ledure ainsi que celui d’une pendule empire avec boîte de Claude Galle, représentant la chute de Phaéton.


Marché de l'art

Par l’intermédiaire de Galle, Thomas connut dans la première décennie du XIXe siècle une certaine notoriété.
Certaines de ses réalisations sont mentionnées chez le maréchal Michel Ney, prince de la Moskowa, le maréchal Louis-Alexandre Berthier prince de Wagram, ainsi que dans l’inventaire après décès de la femme de Louis-Amable-Auguste-Ursule-Achille de Sparre.

Sources :
Pierre Kjellberg, Encyclopédie de la Pendule Française du Moyen Age au XXe Siècle, 1997
Pierre Verlet, Les bronzes dorés français du 18e siècle