mardi 11 mars 2025

Antoine Galliard, Gaillard ou Gailliard, menuisier ébéniste

Reçu maître le 19 septembre 1781, cet artisan du bois exerça rue Saint-Nicolas au faubourg Saint-Antoine jusque vers 1787 puis au 18 rue de Charenton. Il y vivait avec sa femme Marguerite-Reine Vaconet et sa fille Madeleine.

Son estampille

Antoine Gailliard, vu la date tardive de son admission à la maîtrise, n'a d'abord fabriqué que des sièges et des bois de lits de style Louis XVI.
Il a livré des sièges pour le château de la Roche-Guyon au duc Louis-Alexandre de La Rochefoucauld-d’Enville.
Sa production est alors de belle qualité, de forme classique, ornée de sculptures d'acanthes et de rosaces.


Bergère en gondole d'époque Louis XVI
Estampillée A.GAILLIARD

A la révolution, il semble avoir profité de l'abolition des corporations pour produire quelques meubles d'ébénisterie tels que commode ou bureau à cylindre.
Passé la tourmente, il travailla pour le garde-meuble impérial. Ce dernier lui commanda en 1811 plusieurs mobiliers de salon et de salle à manger pour le service des grands-officier de la couronne.
Il travailla également avec des tapissiers et marchands de meubles comme Trinzius, Bonnet, Balassée ou Jacquemart.
La chute des commandes à la fin de l'empire l’amena à la faillite en 1815.

Quelques œuvres en collections publiques :

Les collections du château de Versailles conserve de lui une suite de 4 chaises d'époque Louis XVI couvertes de velours d'Utrech dont l'historique n'est pas connu (non illustrées, non exposées).

Le Mobilier National a déposé au Trianon-sous-bois deux chaises d'époque Louis XVI lors du remeublement souhaité par le général de Gaulle en 1968.



Le MN possède également de lui des chaises, fauteuils et canapés d'époque Louis XVI ou empire - certains présentant des marques des Tuileries, de Saint-Cloud ou de Compiègne au 19e siècle.


Chaise en acajou estampillée A.GAILLIARD
portant la marque des Tuileries sous la Restauration
Collections du Mobilier National

Enfin deux chaises louis XVI en cabriolet sont conservées à la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais.



Bibliographie :
Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - 1934
Le Mobilier Français du XVIIIème siècle - Pierre Kjellberg - 2008
Le Mobilier Français du XIXe siècle - Denis Ledoux-Lebard - 2000

dimanche 9 mars 2025

Jérôme, Jesrome ou Hiesrome Martinot (1671-1724 ou 1725), valet de chambre horloger ordinaire du roi

Rare cartel en marqueterie Boulle d'époque Régence
plaque émaillée sous le cadran signé : Jérome/Martinot/Paris
mouvement d'horlogerie signé : Jérome Martinot Paris

Né en 1671, Jérôme Martinot fut Valet de Chambre Horloger du Roi (1691-1725) et Horloger de la tour du Palais à Paris (1691-1725).
Il était membre de la prolifique dynastie des horlogers Martinot.
Il eut une soeur, prénommé Catherine, mariée au diamantaire Nicolas Marion ou Marcou.

Il entra au service de la cour en survivance de son père Jean Martinot, déjà valet de chambre-horloger ordinaire du roi et Gouverneur du Grand Horloge du Palais.

Il exerça par quartier aux côtés de ses cousins Henri, Claude et Jacques Martinot et de Augustin-François Bidault.
A ce poste il gageait 395 livres, dînait à la table des valets de chambre et était des premières entrées de la chambre et du cabinet du roi dont il remontait la montre et toutes les pendules des appartements matin et soir.

Il se fit une spécialité des sphères mouvantes dont il réalisa 5 exemplaires.
Le 28 février 1701, il en présentait une au roi de sa composition aidé de l'ingénieur et fabricant d'instrument de mathématique Thomas Haye.
Dans sa Description des Chateaux et Parcs de Versailles de 1715, Jean-Aimar Piganiol de La Force la signale dans le billard du roi* ainsi décrite :
"c'est une sphère armillaire, qui par le mouvement de ses cercles imite celui des cieux, principalement du premier mobile, du soleil et de la lune ; & ... représente la situation apparente du ciel... il y à du gout jusque dans les ornements qui en composent le pied. Les quatre Éléments y sont représentés par quatre figures humaines**... Pour rendre cette sphère plus complète, on a mis sur l'estrade au pied de la machine une boussole pour l'orienter. Elle a environ six pouces de diamètre, & est orné d'un portrait du roi en forme de soleil, avec cette devise inscrite sur un ruban qui voltige autour des cheveux de sa majesté : Siffucit orbi."
(* En 1701, elle est dite placée dans le salon de la petite galerie. ** la terre & l'eau sont des figures de femmes, l'air & le feu des hommes.)

Il livra également une sphère à l'observatoire de Paris. Le seul exemplaire survivant de cette production est conservé à la BNF à Paris.


De son mariage avec Marie-Elisabeth Bedeau, il eut un fils Jean Martinot (1698-1780) qui aura la survivance de ses charges en 1719 et l'exercice au décès de son père.
Curieusement, bien que décédé en 1724 ou 1725, il est encore cité dans l'état de la France en 1727 avec son fils Jean en survivance pour le dernier quartier de l'année (septembre, octobre, novembre, décembre). Il touchait alors 600 livres de pension.