jeudi 12 décembre 2024

Pierre-Philippe Thomire (1751-1843) Bronzier de la Couronne

Note biographique :

A la fois sculpteur, ciseleur et fondeur, Pierre-Philippe Thomire sera la grande figure des métiers du bronze à la fin du règne de Louis XVI puis sous l’Empire et la Restauration.
Il sera l'un des grands représentants du style néo-classique dans les arts décoratifs de son époque.

La dynastie des Thomire commence avec le fondeur Luc-Philippe (mort en 1783) et son frère Nicolas (mort après 1774), tourneur en cuivre rue de la Pelleterie.
Ce dernier aura un fils, Louis Thomire (1757-1838), ciseleur-sculpteur en bronze à la manufacture de Sèvres.

Luc Philippe Thomire aura lui pour fils Pierre Philippe qui nous intéresse, né à Paris le 6 décembre 1751.

Une formation de sculpteur puis de bronzier

Ce dernier étudie d'abord la sculpture à l’Académie de Saint-Luc à partir de 1765 sous la direction d'Augustin Pajou et de Jean-Antoine Houdon.
Vers 1770, il devient élève dans l'atelier du bronzier Pierre Gouthière (1732-1813).
Il sera reçu maitre bronzier en juillet 1772.
En 1775, il travaille avec Jean-Louis Prieur (1732-1795), à qui l'administration royale a commandé les ornements en bronze du carrosse du sacre de Louis XVI.
Installé à son compte dès 1776 rue Saint-Martin, il sera après la faillite de Gouthière, au milieu des années 1780, le ciseleur le plus réputé de la capitale.
Collaborant avec les meilleurs sculpteurs (Houdon, Boizot) ou ébénistes (Benneman), il succède le 17 juillet 1783 à Jean-Claude Thomas Duplessis (1730-1783), comme bronzier de la Manufacture de Sèvres.
Il participe à d'importantes commandes royales sous la direction de Jean Hauré (1739-après 1796) et devient fournisseur régulier pour le garde-meuble de la Couronne.

Thomire, fournisseur du garde-meuble de la Couronne

Parmi ses principales livraisons pour la cour, on peut citer :
en 1785, le candélabre de l'independance américaine pour Versailles,
en 1786, les chenets aux spinx du salon des nobles de la reine à Versailles et ceux aux lions pour le salon de la Paix,
en 1787, les bronzes dorés des vases de Mars et Minerve pour la salle du conseil à Versailes, du serre-bijoux de Schwerdfeger, offert par la ville de Paris à Marie-Antoinette et ceux du serre-bijoux de la comtesse de Provence, les bras de lumière pour le salon des jeux de la reine à Saint-Cloud et ceux pour le salon des jeux de la reine à Compiègne,
en 1788, les bras de lumières pour la chambre de Louis XVI au château de Saint-Cloud et les bronzes de la pendule aux vestales de la reine...

Il passe tant bien que mal la période difficile de la révolution ou il continue de vendre ses productions au marchand-mercier Martin-Eloy Lignereux tenant boutique à Paris pour Daguerre expatrié à Londres.

Thomire, fournisseur de leurs Majestés impériales et royales

L'Empire sera l'autre grande période faste de la Maison Thomire. Le 12 novembre 1804, Lignereux vend à Thomire son fonds de commerce parisien, avec son stock d'ébénisterie et d'objets d'art.
Thomire s'associe alors avec ses deux gendres, André Antoine Beauvisage (1767-après 1846), époux de sa fille Jeanne Rosalie (1776-?) et Louis-Auguste Carbonnelle (1774-1864), époux de sa fille Antoinette (1779-1863), ainsi qu'avec Antoine François Duterme (?-?), ancien employé de Lignereux, sous le nom de " Thomire, Duterme & Cie ".
La nouvelle société installe sa boutique rue Taitbout et conserve son atelier du 7 rue Boucherat dans le quartier du Marais.
En 1806, il est le premier bronzier à participer à l'Exposition des Produits de l'Industrie, ou il reçoit une médaille d'or.
Idem en 1809, ou il obtient le brevet de fournisseur de leurs Majestés impériales et royales.
Il réalisera alors les bronzes du vase du mariage de Napoléon Ier et Marie-Louise d'Autriche, de la colonne d'Austerlitz en l'honneur de la campagne de 1805 (Musée de Versailles)
Il livrera entre autres les berceaux et bercelonnette du roi de Rome (Musées de Fontainebleau et Vienne).

Thomire et Cie, la fin d'une dynastie

En 1815, l'association avec Duterme prend fin, et l'entreprise prend le nom de " Thomire & cie ".
Pierre Philippe Thomire se retire en 1823 à 72 ans mais continue à travailler comme sculpteur et exposera régulièrement au Salon jusqu'en 1834.
Louis-Philippe Ier le distinguera en lui remettant la croix de la Légion d'honneur le 14 juillet 1834.
Pierre-Philippe Thomire meurt à Paris le 9 juin 1843 à l'age de 92 ans.

Ses gendres et petits-enfants, perpetueront l'entreprise "Thomire & Cie" jusqu'à sa faillite en 1852.
Ses 3 petits enfants seront la dernière génération à la tête de l’entreprise, savoir Alphonse Louis Allard, époux d’Émilie Beauvisage, Gustave Fortuné Louis Allard et Hippolyte Antoine [Beauvisage-]Thomire.

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