mardi 24 juin 2025

Jean-Jacques Werner (1791-1849), menuisier-ébéniste-décorateur, fournisseur du Garde-meuble de la couronne

Né à Berne en Suisse vers 1791, Jean-Jacques Werner s'installe à Paris en 1812 au 107 de la rue Saint-Dominique avant de transférer sa boutique rue Vaneau en 1837, puis rue de Grenelle-Saint-Germain en 1839 et enfin rue Saint-Dominique-Saint-Germain de 1844 à 1849.
Il se marie en 1812 avec Marie-Louise Chassan, brodeuse, dont il aura un fils prénommé Jean-Louis, né en 1813.

Il produisit des meubles en bois français indigène tel que le frêne, l'if, l'orme, le mûrier et le cornouiller.
Il est récompensé par une médaille d'argent aux expositions des produits de l'industrie française en 1819, 1823, 1827 et 1834. En 1820 il obtint le titre de fournisseur du Garde-Meuble de la Couronne.

commode-secrétaire acquise par Charles X en 1827
place au grand Trianon en 1837

Une de ses étiquettes indique vers 1839 :
J.J. WERNER / DECORATEUR ET FABRICANT DE MEUBLES, / rue Grenelle St Germain 126 / A PARIS / BREVETE DES COURS DE FRANCE ET ETRANGÈRES, / Brevet d'invention, et Médailles de perfectionnement pour les bois indigènes / Fait des envois dans les départements et à l'étranger (à juste prix).

Secrétaire "aux faisceaux" attribué à Werner 
en suite avec la commode à vantaux 
conservée au musée des Arts décoratifs à Paris

Il reçut quelques commandes royales et eut une importante clientèle privée dont la duchesse de Berry au château de Rosny, la princesse d'Eckmulh, le prince Eugène de Beauharnais ou le roi de Bavière dont il fut breveté fournisseur et décorateur de sa maison.
Il meurt veuf le 6 février 1849.

Œuvres en collections publiques :

- commode-secrétaire, exposée au Salon de l'Industrie en 1819, acquise par Charles X en 1827, placée dans la chambre de la Reine Marie-Amélie au grand Trianon en 1837, in situ
- lit en loupe d’orme orné de bronzes dorés (attribué), acquis en 1833, placé dans l'appartement de Madame Adélaïde, sœur du roi Louis-Philippe, au Grand Trianon en 1837, in situ
- Paire de chaise apportée à Versailles en 1840, Grand Trianon
- Secrétaire en armoire en loupe de frêne et bronzes dorés, présenté à l'Exposition des produits de l'Industrie de 1823, Paris, Musée des Arts décoratifs
- commode à vantaux en loupe d'amboine et bronze doré, vers 1820, Paris, musée des Arts décoratifs (dépôt du musée de l'armée)
- Petite table à ouvrage, vers 1839, Paris, musée du Louvre
- Ensemble de 12 fauteuils, 12 chaises à barrettes, 6 chaises à dossiers pleins et 8 banquettes, Dijon, Grand théâtre, 1828
- console rectangulaire en console (en acajou ?), époque empire, Paris, collection du Mobilier National
- guéridon rond tripode en loupe, époque restauration, Paris, collection du Mobilier national
- paire de chaise en bois verni, époque restauration, Paris, collection du Mobilier national
- table à écrire en acajou, époque restauration, vers 1839, Chantilly, Musée Condé,
- commode à 5 tiroirs en acajou, époque restauration, vers 1820, Chantilly, musée Condé.

Bibliographie : Denis Ledoux-Lebard, le mobilier français du XIXe siècle, editions de l'amateur, 2000

lundi 23 juin 2025

Alexandre Maigret, actif de 1775 à 1826, tapissier du garde-meuble

Alexandre Maigret, tapissier du garde-meuble impérial et royal, fut actif de 1775 à 1826.
Né vers 1750 (?), il apparaît comme marchand-tapissier et ébéniste dès les années 1775-1780.
Peut-être avait-il un lien de parenté avec le menuisier-ébéniste Louis-Charles Maigret, reçu à la maîtrise le 3 octobre 1787, et dont M. de Salverte a relevé l’estampille sur un meuble Louis XVI.
Il est alors établi au 20 rue Vivienne ou il vend des meubles d’ébénisterie, mais aussi des miroirs et des objets en bronze de son confrère Feuchère. Il travaillait également avec le bronzier Thomire.
Bien que cité comme ébéniste, il faisait probablement sous-traiter cette production, en particulier auprès de l'ébéniste Bouillon.
Pour les sièges, il se fournit entre-autres auprès de Pierre-Antoine Bellangé ou Pierre-Gaston Brion.

Pendant la révolution, il se porta acquéreur de tapis de Savonnerie et de tapisseries lors des ventes des collections royales, pièces qu'il tentera de revendre au garde-meuble sous l'empire et la restauration.

En 1805, il est devient l'un des fournisseurs du Garde-Meuble impérial.
En 1813, il obtient le brevet de tapissier du garde-meuble, titre qu'il conservera jusqu'en 1817.
Il livrera de nombreux meubles d’ébénisterie et de menuiserie ainsi que des tentures pour les palais impériaux dont Les Tuileries, Saint-Cloud, Meudon, Versailles et les Trianons, Fontainebleau, Compiègne, Strasbourg, Laeken...
Il fournit notamment plusieurs métiers à broder pour l’impératrice Marie-Louise.

Métier à Broder de l'impératrice Marie-Louise
Livré au Grand Trianon par Maigret

Sous la Restauration, les commandes se firent rares. Il livra quelques meubles pour la duchesse de Berry au château de Rosny.
Il cède son activité à son fils Alexandre-François en 1826. Il vendit une partie de son stock, meubles d’ébénisterie et 18 tapis de la Savonnerie aux armes de France, au garde meuble royal avant de prendre sa retraite.

secrétaire en cabinet d'époque Empire
vendu par Maigret au garde-meuble en 1826

Certaines de ses œuvres sont aujourd'hui conservées à Versailles, Fontainebleau, au Mobilier National, au Sénat.

quelques œuvres conservées à Versailles :

- ensemble de sièges livré pour le petit salon attenant à l'appartement de l'Empereur sur l'orangerie au palais de Saint-Cloud, menuiserie attribuée à Bellangé, 1808
- métier à tisser livré pour le boudoir de l'Impératrice Marie-Louise au Grand Trianon, 1810
- Psyché livrée pour l’appartement du roi de Rome aux Tuileries, Maigret et Thomire, 1811,
placé dans la chambre de Marie-Amélie au grand Trianon en 1834.
- ensemble de siège livré pour le premier salon du grand appartement du palais de Meudon, 1811
- ensemble de siège livré pour la chambre à coucher du grand appartement du palais de Meudon, 1811 (déposé à Fontainebleau)
- console livrée pour la chambre à coucher du grand appartement du palais de Meudon, 1811
- secrétaire en cabinet vendu au Garde-Meuble de la Couronne en 1826,
envoyé au Grand Trianon en 1837 pour l'appartement des princesses.
- secrétaire en armoire vendu au garde-meuble de la couronne en 1826,
envoyé aux Tuileries en 1830 puis Trianon en 1838.

Bibliographie:
Denis Ledoux-Lebard, Le mobilier français du XIXe siècle, Editions de l'amateur, 2000
Mathieu Da Vinha et Raphaël Masson (dir.), Versailles, Paris : Bouquins, 2015.

lundi 16 juin 2025

Jean Avisse (1723-après 1796), maitre menuisier en sièges

Né en 1723 et mort après 1796, Jean Avisse est probablement cousin avec le menuisier en siège Michel Avisse.
Il fut reçu maître menuisier le 10 novembre 1745. Il fit enregistrer ses lettres de maîtrise au Châtelet de Paris le 18 avril 1747. 
Il s'installa rue de Cléry, secondé par son épouse Marie-Anne Gourdin, issue elle aussi d'une important famille de menuisiers.

Il acquiert sa notoriété grâce à la qualité de son travail. Il exécuta de beaux sièges richement sculptés dans les styles Louis XV et Louis XVI.
Les archives livrent quelques-uns des sculpteurs sur bois ayant travaillé sur ses sièges les plus luxueux parmi lesquels Jean-François Baillard, Pierre Rousseau, Claude Vinache ou Nicolas Heurtaut.

Si des livraisons au garde-meuble de la Couronne restent à confirmer, Jean Avisse eut une importante clientèle privée au travers de marchands-tapissiers dont la duchesse de La Tremoille, la marquise de Chabannes, la comtesse de Fontenay et le chevalier de Lamotte, lieutenant de louveterie au département d'Auvergne.

Malgré les nombreuses commandes, il déposa son bilan à deux reprises, en 1769 et 1776 mais reprit chaque fois son activité au 124 rue de Cléry et ce jusqu'en sa mort en 1796.

Quelques oeuvres en collections publiques :

- Tabouret Louis XV, estampille Jean Avisse (Don du docteur Marcel Durand), château de Versailles, non exposé
- Paire de bergère Louis XV, estampillées Avisse (donation duchesse de windsor), chateau de Versailles - non exposées, non illustrées
- Voyeuse à genoux utilisée en chaise prie-Dieu, Louis XVI, provenant de Saint-Cloud au 19e siècle,  château de Versailles, non exposée, non illustrée.
- Suite de 5 fauteuils Louis XV (don docteur Marcel Durand), château de Versailles, non exposés, non illustrés.
- Fauteuil de bureau canné Louis XV, Versailles, musée Lambinet
- Fauteuil à la reine - Musée des Arts Décoratifs - Paris

- Lit de repos Louis XV - Musée Nissim de Camondo

- Canapé et deux fauteuil à la reine Louis XV - Paul-Getty Museum - Malibu
- Paire de bergères - Musée des Arts Décoratifs - Lyon
Le mobilier national conserve deux chaises sobrement moulurées de ce menuisier.



Sources et Bibliographie
Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle - Pierre Kjellberg - Les Editions de l'Amateur - 2008
Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire – 1934

samedi 31 mai 2025

Georges Kintz, maitre ébéniste

L'ébéniste Georges Kintz fut reçu à la maîtrise le 18 décembre 1776. Il deviendra député de sa corporation.
Il s'installa rue du Faubourg Saint-Antoine avant de déménager rue Daval où il restera jusqu'en 1803.
Il fut marié à Anne-Jacqueline Squenons ou Squenort (morte en 1822) dont il eut au moins deux filles :
- Anne-Marie, marié en 1797 avec François Ract, tapissier,
- Jeanne-Jacqueline, mariée en 1799 avec Pierre-Joseph Detournay, tailleur.

Il a produit des meubles très sobres ornés de simples moulures de style Louis XVI, aux finitions soignées, en placage, principalement d'acajou ou en bois de rose. Il utilisa rarement des ornementations de bronze.
Son estampille se retrouve sur des bureaux plat, à gradin ou à cylindre, des secrétaires, tables de jeu, chiffonniers, armoires, console-dessertes ainsi qu'une rare table de musicien duettiste.

Il a parfois travaillé avec d'autres confrères, comme Reizell ou Schmidt, sur des meubles portant double estampille, ainsi qu'avec un confrère homonyme Jacob Kintz.

Œuvres en musées ou institutions :
- Paire d'armoires à 2 vantaux et à 4 étagères intérieures en placage d'acajou flammé, pieds tournés, angles en colonne engagée cannelée rudentée, pilastres à l'arrière, dessus de marbre blanc à balustrade de cuivre doré, attribué à,
Anc. coll. Léon Riesener ; famille Riesener. Legs de Madame Raymond Escholier, 1969 - Versailles, musée national (non illustré, non exposé)
- Table à plateau circulaire reposant sur trois pieds - Musée Ephrussi - Saint-Jean-Cap-Ferrat
- Table trictrac en bois de placage - Les arts décoratifs de Lyon
- Commode en acajou - Paris, Mobilier National

Bibliographie :
Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle - Pierre Kjellberg - Les Editions de l'Amateur - 2008
Le Mobilier français du XIXe siècle - Denise Ledoux-Lebard - id - 2000
Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire - 1934
Les artistes décorateurs du bois en France aux XVIIe et XVIII siècle - Henri Vial, ‎Adrien Marcel, ‎André Girodie - 1912

lundi 5 mai 2025

Antoine Thiout ou Thioust dit l'ainé (1692-1767), Horloger ordinaire du Duc d’Orléans

Né en juillet 1692 à Jonvelle près de Vesoul en Haute-Saône, Antoine Thiout était le fils du serrurier Pierre Thiout.
Ce dernier installé depuis 1686 s’occupait de toutes sortes de fabrications et de réparations.
Son fils Antoine se forma aux principes de base des mécanismes de la grosse horlogerie dans l’atelier paternel ou il acquiert des connaissances pratiques qui lui donnèrent le gout de la petite mécanique de précision liée à l’horlogerie.

Vers 1700, il se rend à Paris où il fera son apprentissage qui durera jusque 1715.
Aux alentours de 1718, il commence son ascension professionnelle et approfondit ses recherches sur l’horlogerie.
Il fit alors partie de l'entourage de Henry Sully, horloger anglais protégé du duc d’Orléans et fondateur de la manufacture d'horlogerie de Versailles.


Régulateur de parquet vers 1730
Mouvement signé Thiout l'ainé Paris

Antoine Thiout est reçu maître horloger le 18 février 1724 probablement par privilège de l’Hôpital de la Trinité.
Il est ensuite Garde-Visiteur de la corporation des horlogers de 1742 à 1745 puis Horloger de la Reine Douairière d’Espagne et enfin Horloger Ordinaire du Duc d’Orléans en 1751 ou 1752.
A ce poste, il fournissait montres et pendules à la famille des Orléans et était également chargé de leurs remontages et entretiens dans leurs différentes demeures ou logements à la cour.


Régulateur de parquet vers 1740-1745
Mouvement de Thiout l'ainé Paris
caisse restaurée par Conrad Mauter vers 1780

Il s'établit d'abord dans l'Enclos de la Trinité, puis Rue du Four et enfin Quai Pelletier.
Pour se distinguer de ses fils également horlogers ou peut-être de son frère [?] Nicolas Thiout, reçu maître horloger en 1733, Antoine signait souvent ses œuvres "Thiout l'aîné".
De son premier mariage avec Nicole Madeleine Le Baigue ou Lebégue (morte en 1751), fille de François, horloger, il eut deux fils, Charles reçu maître horloger en 1746 comme fils de maître, Nicolas reçu maître en 1755 idem, et une fille Marie Madeleine, épouse de l'horloger Thomas François Delagarde.
Il épousa en secondes noces Marie-Claude Benoist (morte le 22 septembre 1767).


Cartel en bronze doré vers 1750
cadran signé Thiout l'Ainé à Paris
Deutsches Uhrenmuseum. Furtwangen

Il acquiert sa réputation grâce à deux inventions, en 1724 et en 1726, concernant des pendules à équation et à indications astronomiques et des horloges marines.
En 1737, il présentait ses innovations sur trois montres et une pendule à équation.
Vers 1740, il crée deux machines à tailler les fusées et un tour à fileter, instruments essentiels dans la fabrication des pièces mécaniques de précision destinées à la petite horlogerie.
En mars 1741, il publie le « Traité de l’Horlogerie Mécanique et Pratique », ouvrage approuvé par l'Academie royale des Sciences.
En 1742, il est élu juré de sa communauté.
Quelques années plus tard, Diderot le sollicitera pour participer à la rédaction, avec d’autres spécialistes, à l’article « L’Art de l’Horlogerie » de l’Encyclopédie.

Il a travaillé pour divers marchands-merciers tels que Noel Gérard et François Damault et a utilisé des caisses d'ébénisterie ou de bronze doré de Gaspard Coulon, Antoine Foullet et Jean-Joseph de Saint-Germain.
Thiout produisait une trentaine de montres par an, la dernière portant le numéro 1320.

Sa clientèle compta de nombreuses personnalités telles que Crozat de Thiers, de la Noë, Angrand de Fonpertuis, les comtesses de Sandwich, de Listernois, les marquis de Ruffec, de Béringhem, de Crussol, de Montpellier, d'Argenson, de Souvré, les ducs d'Aumont, de Boutteville, d'Olonne, la duchesse de Ruffec, les princes de Grimberghen et de Conti...

Antoine Thiout, Horloger ordinaire de Monseigneur le duc d'Orléans, ancien garde de sa communauté et bourgeois de Paris, meurt dans sa demeure du quai Pelletier à Paris le 10 juin 1767 à l’âge de 75 ans. Il fut inhumé en l'église Saint-Gervais.

mardi 29 avril 2025

Jean-François-Antoine Boulanger, maître sculpteur sur bois

Cet artisan du bois fut reçu le 17 octobre 1759 comme membre de l'Académie de Saint-Luc, habitant alors rue Saint-Sauveur.

Cette académie était celle des maîtres peintres et sculpteurs de Paris ou était assuré leur formation et reçu leur maîtrise après présentation d'un chef-d'oeuvre.
En 1776, les élèves de Saint-Luc seront réunis à ceux de l'Académie royale de peinture.
En 1777, toutes les communautés de métier ayant été supprimées, elle disparaît.

En 1767, il épouse Monique Bellin, fille du directeur des postes d'Amboise, dont il eut une fille Monique Louise Marguerite baptisée en 1772.
A cette époque, il travaillait pour le duc de Choiseul au château de Chanteloup, et à l'ancien hôtel d'Armenonville, rue platière à Paris, devenu hôtel des postes.
En 1778, il perd son épouse Monique Bellin. Il habitait alors rue de Bondy.
En 1786, il était installé rue du faubourg Saint-Martin.

Ses talents de sculpteur furent utilisés par l'administration royale.

En 1763-1764, il travailla à la nouvelle salle d'Opéra des Tuileries.
Après l’incendie de la salle du Palais Royal, l’Académie de musique se déplaça provisoirement au Palais des Tuileries dans la salle des Machines construite sous Louis XIV.
Pour l'occasion, les architectes Germain Soufflot et Ange Jacques Gabriel la réaménagèrent pour pouvoir recevoir jusqu’à 1500 spectateurs.

En 1772, on le retrouve travaillant aux décors de l'Ecole militaire de Paris, l'orgue de la chapelle en particulier, aux côtés de son collègue Honoré Guibert, également menuisier ornemaniste royal.
En 1774, Boulanger soumissionna sans succès pour la décoration de l'aile neuve du château de Versailles.
En 1775, il livra un cadre sculpté pour un portrait de la reine Marie-Antoinette.

Cadre probablement exécuté par Boulanger (bordure) et Duret (figures d'enfants, tigre, biche),
livré en 1775 pour le portrait de Marie-Antoinette en Diane par le chevalier de Lorge,
tableau refusé par la reine (disparu)
Versailles, musée

Il réalisa ensuite des cadres pour des portraits de Madame la comtesse de Provence et de la Comtesse d'Artois.
Il est encore cité dans un acte de notoriété en janvier 1789, date à laquelle on perd sa trace.

Au début de sa carrière, notre homme fit également oeuvre de dessinateur d'ornement relevant du style rococo, ses dessins furent en partie gravés.

mercredi 16 avril 2025

Olivier ou Ollivier, tabletier du roi

Au 18e siècle, le tabletier-peignier appartenait à une corporation indépendante de celle des menuisiers-ébénistes.
Il fabriquait des tabliers ou plateaux pour jouer aux échecs, aux dames, au tric-trac, et les pièces ou jetons nécessaires pour y jouer ainsi que des billes et boules de billard, des crucifix en buis et ivoire ce qui leur valut également le nom de "tailleurs d'images d'ivoire" ainsi que de nombreux objets usinés sur tour comme les bâtons ou cannes de marche, les montures de cannes, lunettes et lorgnettes, les tabatières et boites à savonnettes...
Ils étaient autoriser à utiliser l'ivoire et les bois durs comme le buis, l’ébène, le noyer, le merisier ou l'olivier...

Sous le nom générique de Olivier ou Ollivier, on trouve une famille d'artisans parisiens qui se succédèrent comme tabletiers du Roi pendant plus d’un siècle, de 1678 à 1785.
Attachés au service du Garde-meuble et des Menus-Plaisirs, ils livrèrent à la Cour des billards, des trou-madame, des tables à jouer, parfois en laque et en bois des Iles.

En 1678, le sieur Ollivier, tabletier, livrait à Versailles diverses fournitures, et à Saint-Germain-en Laye un trou-madame et plusieurs billards.

On retrouve trace de livraison à Versailles en 1725, ou le tabletier Olivier livre pour l'infante d'Espagne, fiancée du roi, 6 petites queues de billard en bois des Indes à masse d'ivoire, un bistoquet, 12 petites billes d'ivoire et la régle du jeu sur un tableau encadré de bois peint. Cet ensemble accompagnait le billard livré par le sieur Chardin (père du célèbre peintre).

Plus tard au château de Choisy sous Louis XV, le sieur Olivier, tabletier livrait " deux garnitures pour le jeu de brelan, composées chacune de 5 boîtes d'ivoire de différentes couleurs, une autre pour le jeu de quadrille..."
Ils travaillèrent également pour les marchands mercier comme Hébert, qui livra aussi la cour sous Louis XV.

L'un d'entre-eux, Étienne Olivier, exerçait rue des Arcis vers le milieu du règne de Louis XV.
Il a signé de l’inscription Olivier sculpsit un coffret en marqueterie que possède le musée de Cluny et qui renferme «l’estalon des mesures à l’huile» commandé en 1742 par la communauté des maîtres chandeliers-huiliers de Paris.

Parmi les tabletiers de ce nom, on retrouve :
entre 1666 et 1737, Barthélémy Ollivier, marchand et maître peignier tabletier, originaire de Picardie, époux de Antoinette Largillier puis de Suzanne Hadancourt et Suzanne Thiboust
entre 1697 et 1706, Julien Ollivier, maitre tabletier, créancier du conseiller au parlement Auguste de Harlay,
entre 1699 et 1732, Jean Olivier, maître peignier-tabletier, juré de sa communauté, installé rue des Arcis,
entre 1702 et 1731, Louis Ollivier, marchand et maître peignier tabletier à paris, époux de Marie Thérèse Lescombat,
en 1719, Louis Olivier, marchand peignier tabletier, père de François, compagnon tabletier, marié avec Marie-Jeanne Barbier,
entre 1731 et 1765, Julien Etienne Olivier, maître et marchand peignier tabletier,
entre 1758 et 1761, Louis-Alexandre Olivier, maître tabletier,  rue aux ours à Paris, époux de Catherine Viel,
en 1772, Jean-Louis Olivier, maître tabletier décédé, époux de Marguerite Jacqueline Paris et père de Marguerite Jacqueline leur fille mineure.

L'Almanach du Commerce mentionne encore deux ébénistes du même nom, prénommés respectivement Pierre-François et Jean-François, qui résidaient, à l’époque du Directoire (1799), dans le voisinage l’un de l’autre, rue du Faubourg Saint-Antoine, nos 225 et 250.
Le premier se retira des affaires en 1807. Le second mourut en 1816.

Sources :
Les ébénistes du XVIIIe siècle, Salverte.
Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers - Diderot & D'Alembert
Le mobilier francais du XIXe siècle, Ledoux-Lebard
Minutier central des notaires, Archives nationales
Versailles au temps de Louis XV, Alfred Marie, ‎Jeanne Marie

mercredi 9 avril 2025

[Benoit] Georget (vers 1739-vers 1819), serrurier royal ?

Ce serrurier réputé sous le règne de Louis XVI pourrait être Benoit Georget, fils de François Georget, serrurier parisien, et de Marie-Jeanne Giroux.
Il eut un frère, prénommé François Sébastien, également serrurier, mort en 1783, époux de Jeanne Masson.
Il fit sa réputation de la fin de l'ancien régime jusque sous la Restauration des Bourbons.

Le Mercure français en décembre 1777 indique que " Le sieur Georget, serrurier, rue des précheurs, a inventé de nouvelles serrures, faites pour garantir de toutes craintes des rossignols & autres tentatives des voleurs : elles ont été honorés de l'approbation de sa Majesté, de celle du magistrat de la police, et de l'académie d'architecture."

En 1778, la Gazette de France relate qu'il est honoré des suffrages de l'Académie des sciences pour ses inventions de sûreté.
Selon Havard dans son Dictionnaire de la décoration, ses inventions furent " très bien accueillie de S.M. Louis XVI, auquel l'artiste à eu l'honneur de présenter ses serrures et verrous de sûretés. Il a eu l’honneur d'en livrer et d'en poser chez les ministres et les magistrats le plus distingués de Paris. L’Académie des sciences a donné à l'auteur de cette découverte une approbations qui lui a fait beaucoup d'honneur".

Il passe en vente une serrure aux emblèmes royaux datée de 1779.
Pourrait-elle être l'une de celle présentée au roi et avoir fait partie de ses collections ?

[Benoit] Georget, serrurier de Louis XVI ? Serrur12

[Benoit] Georget, serrurier de Louis XVI ? Serrur11

[Benoit] Georget, serrurier de Louis XVI ? Serrur10

Serrure de maîtrise aux armes du roi Louis XVI.
Couronne et bouton, en bronze doré, entrée à secret.
Dessin de l’entrée de la serrure RdF, pour ROI de FRANCE.
Gravé à l’intérieur de la serrure FAIT PAR GEORGET SERRURIER DE PARIS RUE DES PRESCHEUR EN 1779.
France, époque du XVIIIe siècle. 15,5 x 8,7 cm
vente le Mercredi 16 Avril 2025, Paris, Fraysse & Associés

En 1783, installé rue des Gravilliers, il exposait certaines de ses serrures perfectionnées au Salon de la correspondance.
Entre 1789 et 1808, il est cité aux 50 et 79, rue Saint-Denis.
En 1806, Il reçoit une mention honorable au salon de l'industrie.
En 1810, installé au 7 rue du Harlay, près le Palais de Justice, on parle encore de lui pour ses serrures à doubles clés et à cache-entrée. Il perd son épouse née Louise Léon.
Il est encore cité en 1819 pour une médaille d'argent décernée par le roi Louis XVIII, exerçant alors rue de Castiglione.
En 1820, L'observateur du cimetière du Père la Chaise de François Marie Marchant de Beaumont, indique que M. Georget, habile mécanicien, et serrurier de Louis XVI [sic] repose au père Lachaise.

Son fils lui succéda, on le retrouve au moins jusqu'en 1829, serrurier-mécanicien, au 22 rue de Castiglione ou il est dit qu'il est fils et héritier d'un célèbre serrurier-mécanicien sur les traces duquel il se fait gloire de marcher.

Les Francastel, menuisiers de la chambre et des Menus-Plaisirs du roi.

Trois membres de cette famille d'artisans parisiens se succédèrent de 1751 à 1792 comme Menuisiers de la Chambre et des Menus-Plaisirs du Roi.

Jean-Baptiste Francastel (1725-1758)
Menuisier de la chambre et des Menus-Plaisir du roi

Né en 1725, fils de Charles Francastel, entrepreneur de bâtiments rue Saint-Denis, ce menuisier fit enregistrer ses lettres de maîtrise le 26 juillet 1743.
il travaillait dans l’atelier paternel quand il épousa Claire-Élisabeth Pleney, fille de Antoine Pleney, menuisier de la Chambre du roi.
En 1751, il obtint la survivance des fonctions de son beau-père, qui lui céda son établissement rue Montmartre, près des boulevards. En exercice en 1756, Il mourut en 1758, âgé seulement de trente-trois ans laissant pour enfants : Charlotte Elizabeth, épouse de l'horloger Furet, Jean Baptiste Antoine, Jean Pierre, Charles Dominique et Jean Baptiste Nicolas.
Sa veuve le remplaça en qualité de « menuisière de la Chambre du Roi», aux gages annuels de 300 livres.
Chargée à ce titre des travaux que nécessitaient les fêtes et cérémonies de la Cour, elle fournissait aussi à l’occasion des sièges et couchettes, des meubles de commodité, des tables, buffets et armoires de chêne ou de hêtre dont 2 toilettes en beau bois de Hollande, à dessus brisé et à pieds pliants, qui lui furent commandées en 1770, pour servir durant le voyage de Marie-Antoinette lors de son arrivée en France.

Jean-Baptiste-Antoine Francastel (1749-1787) dit l’aîné
Menuisier de la chambre et des Menus-Plaisir du roi

fils des précédents, né en 1749, il eut la survivance de l’office de menuisier de la Chambre du roi le 8 août 1751, puis la retenue définitive le 29 septembre 1759.
Il devint menuisier de la Chambre et des Menus-Plaisirs en succession de sa mère en 1770, qui lui transmit son fonds par acte notarié du 20 octobre 1771.
Marié à Sophie Elizabeth Lorphevre vers 1781, il demeurait rue du Faubourg Saint-Denis, n° 29, quand il mourut en septembre 1787.
Son livre journal (août 1777-août 1787), conservé aux archives nationales, donne le détail des travaux fournis et ainsi que les lieux d'exécution (Versailles, Trianon, Marly, Fontainebleau, Choisy-le-Roi, La Muette, Saint-Cloud, magasins de Paris et de Versailles…).
Certaines circonstances sont citées comme la naissance de Madame Royale en 1778, celle de Louis XVII en 1785, ou en tant que menuisier de la Chambre et des menus plaisirs du roi, il participe en réalisant des structures provisoires en bois pour les feux d’artifice par exemple..
Il a également fourni les cercueils de Madame Sophie décédée en 1782 ainsi que ceux des filles du comte d’Artois décédées l’année suivante.
En dehors de ces ouvrages de menuiserie, il exécuta des bordures de cadres pour le roi, et des pièces d’ameublement telles que lits, écrans et fauteuils sculptés.
En 1773, il fut également attaché à la maison du comte et de la comtesse d’Artois comme menuisier de la chambre pour lesquels il exécuta deux établis de tour dont l’un à guillocher et l’autre à pointer en acajou, une chaise en bois de noyer à dossier et divers accessoires de rangement pour leurs appartements de Versailles.
Parmi ces œuvres survivantes, on peut citer la menuiserie du grand baromètre de Louis XV et Louis XVI (1772-1776) sculpté par Jean-Joseph Lemaire et doré par Simon Mazière (Musée de Versailles).

[Jean] Pierre Francastel dit le jeune ou Francastel de Crépy
Menuisier de la chambre et des Menus-Plaisir du roi

Frère du précédent, il fut reçu maître charpentier en 1778 et résida rue du Faubourg Montmartre à la Boule-Rouge avec son épouse Charlotte Margueris.
Il fut élève de l'architecte Hazon à l'académie royale d'architecture et associé sur plusieurs chantiers parisienne avec l'architecte Pierre-Adrien Paris.
Il hérita du titre de menuisier de la chambre du roi et des gages de son frère aîné à sa mort en 1787.
Il participa à l’installation de l’Assemblée des États Généraux et fournit des sièges pour les salles de la Noblesse et du Clergé.
Après la chute de la monarchie, au mois de septembre 1792, il entreprit, dans les jardins du Temple, des travaux destinés à prévenir une possible évasion de Louis XVI.
Il était encore attaché au service du Garde-meuble en 1794.

Sources : 
Les ébénistes du XVIIIEe siècle, Salverte
Versailles : histoire, dictionnaire & anthologie, Da Vinha-Masson
Almanach de la cour, Newton
Minutier central des notaire, Archives Nationales

lundi 7 avril 2025

Jacques Tramey, ébéniste


L'ébéniste Jacques Tramey travailla d'abord comme artisan libre au faubourg Saint-Antoine, quand une saisie de ses ouvrages pour contravention aux privilèges corporatifs lui fit solliciter des lettres de maîtrise qu’il obtint le 6 octobre 1781. 

Il exerça ensuite dans la Grande rue, puis rue de Charonne, jusqu’à la Révolution. En 1789, il habite rue de la Juiverie, paroisse Sainte Marguerite. 
Il meurt en 1790 qualifié de maître-ébéniste et cavalier de la Garde Nationale Parisienne laissant une veuve, Anne Marguerite Lanthone, et trois enfants mineurs Jacques, Joseph et Marie Victoire.

Son estampille J*TRAMEY a été relevée sur des commodes, consoles et jardinières de fabrication courante mais sa production estampillé reste assez rare. 

Je n'ai trouvé aucune trace de livraison au garde-meuble pour cet ébéniste. Il dut cependant livrer la couronne à la fin du règne de Louis XVI, soit comme sous-traitant de Riesener ou de son successeur Beneman après 1784, soit par achat à un marchand-mercier ou par la "Boutique de Versailles".
Une console en acajou portant la marque du garde-meuble W du château de Versailles, proche des modèles livrés par l'ébéniste Saunier a été récemment acquise pour les collections du domaine national.

Console-desserte de forme demi-lune en acajou et placage d'acajou, Epoque Louis XVI.
Marque à l'encre sur le plateau et sous la tablette d'entrejambe « .VV. ou .W. ». (non illustrée)

Le Mobilier National conserve également de cet ébéniste deux grands bureaux plats identiques sans provenance connue.



jeudi 3 avril 2025

Edme Chollot (vers 1695 - après 1774), menuisier en bâtiment

Reçu maître menuisier en bâtiment en 1723, Edme Chollot exerça rue des Gravilliers jusqu’en sa quatre-vingtième année.

En 1774, il devenait tuteur de la mineure Françoise Elisabeth Chollot, fille de Jean Edme Chollot (son fils ?), maître menuisier décédé, et de Louise Gabrielle Françoise de Montigny.

Il laissa une production composée de tables-consoles de bois doré, estampillée E.CHOLLOT, allant du style rocaille au style Louis XVI.
Il collabora occasionnellement avec le menuisier en siège Nicolas Heurtaut.

Son estampille est une rareté. En effet, les menuisiers en bâtiment qui réalisaient tous les éléments "immeubles" tels que boiseries, trumeaux, tables-consoles, armoires de lambris n'étaient pas obligés d'apposer leur estampille sur leur production.

Un exemple de sa production d'époque Transition Louis XV-Louis XVI. 










Oeuvres en collections publiques :

- Une paire de console, Église paroissiale, Saint-Viatre

- Une console d'époque Louis XVI, Cathédrale Saint-Pierre, Beauvais

Sources :
Les ébénistes du XVIIIe siècle : leurs œuvres et leurs marques, Salverte
Le mobilier français du XVIIIe siècle, Kjellberg
Famillesparisiennes.org

lundi 31 mars 2025

François Bayer, maitre ébéniste en 1764

Ébéniste-marqueteur originaire d'Allemagne, François Bayer s’installe à Paris ou il est reçu maître ébéniste le 5 décembre 1764 exerçant alors rue du faubourg Saint-Antoine.
Il migra ensuite rue Saint-Honoré puis rue de Taranne au faubourg-Saint-Germain vers 1777.
Manquant de capitaux et endetté, son activité périclita. Il fit faillite en 1780 et 1781 et dût revendre son fonds de commerce. Son atelier se situait alors rue du colombier.
Installé ensuite rue Montmartre jusque vers 1785, Bayer se consacra principalement à la restauration de meubles aidé de son épouse, Jeanne-Honorine Parent, dont il eut sept enfants.
Il est encore cité seul comme ébéniste en juin 1797 vivant au 10 rue Ponceau, date à laquelle on perd sa trace.

Sa production estampillée principalement connue entre 1764 et 1780 s’inscrit dans le style transition puis Louis XVI.
Elle se caractérise par des marqueteries raffinées d’instruments de musique et de fleurs ou géométriques dans le gout « grec ».

Ses talents lui valurent des clients de marque, tels que la comtesse de Custine ou les comtes de Brancas et de Saint-Cyr.
Il sous-traita pour des marchands comme Boudin, Delisle, Rivière, Francq, Lefèvre, Santaire, et des tapissiers tels Bigeon ou Eby. Il collabora avec d'autres ébénistes comme Denizot ou Bavant.
Dans les années 1770, il fit également partie des sous-traitants de Gilles Joubert, fournisseur officiel du garde-meuble.
L'inventaire de Joubert dressé après le décès de son épouse en 1771, fait état " d'une somme de 106 livres due à Bailler ébéniste ".
On retrouve son estampille sur des meubles livrés par Joubert et en particulier sur une commode de 1771 pour le Château de Compiègne.





















Toujours pour la couronne, il sous-traita ensuite très probablement pour Riesener, comme le laisse supposer un bonheur du jour d'époque Louis XVI ,estampillé de François Bayer, daté vers 1780, inventorié en 1787 dans le boudoir de la duchesse de Polignac au château de Fontainebleau.






















Sources :
Les artistes décorateurs du bois, Vial
Les ébénistes du XVIIIe siècle : leurs œuvres et leurs marques, Salverte
Le mobilier français du XVIIIe siècle, Kjellberg
Famillesparisiennes.org

vendredi 21 mars 2025

Charles Munier (1802-après 1863) tapissier, miroitier et fabricant de meubles

Charles-Auguste Munier est né le 25 juillet 1802. Il fut actif à Paris de 1828 à 1863. Il devint tapissier, miroitier et fabricant de meubles en succédant en 1828 à l'ébéniste Jean-François Moulin dont il reprit l'atelier au 41-43 rue Meslay puis passa rue Montmartre de 1830 à 1863.

Ses différentes marques au pochoir à l'encre furent alors :
- Ch. MUNIER, 160, rue Montmartre, Tapissier Fabricant de meubles.
- 163 rue Montmartre / Ch. Munier / Tapissier / Fabt de Meubles / Maison à Marseille.

On connait de lui quelques meubles de style Boulle d'après Cressent.

Bureau estampillé de Charles Munier
doc Christie's

Vers 1840, il obtint le titre de fournisseur de mobilier de la Couronne.
Dans les faits, il fut essentiellement tapissier pour le garde-meuble. Son atelier recouvrit ou restaura de nombreux sièges sortis d'autres ateliers de menuisiers comme Larivière, Bellangé, Jacob-Desmalter... notamment pour Versailles, le Grand et le petit Trianon, les Tuileries ou Meudon.

Il livra des sièges pour l'opéra de royal de Versailles (1838) et l'importante série de banquettes et tabourets néogothiques pour les salles des croisades (1840).

M. de Noisy - Rechercher Images?q=tbn:ANd9GcTAdPQ1M3SYxkDVdpZ-szRAniial5qC1atqWQ&s

Bibliographie : Denise Ledoux-Lebard . Le Mobilier francais du XIX siecle,  Dictionnaire des ébénistes et menuisiers.

jeudi 20 mars 2025

Antoine-Nicolas Lesage (1784-1841) Marchand-ébéniste

La maison fondée par Antoine-Nicolas Lesage (1748-1841) fut essentiellement celle d'un marchand de meubles et objets d'arts.
D'abord installé au 2 boulevard des Italiens de 1812 à 1821, il devint directeur de l'"Union des arts" au 2 rue Grange-Batelière, un magasin d'ameublement ouvert jusque 1837 puis il migra au 11 rue Chaussée d'Antin sous l'enseigne Lesage et Granvoinet.
Il fit faillite en 1839.

L'une de ses estampilles

Lesage fut l'un des plus importants marchands Parisiens sous la Restauration, vendant les productions de Rémond ou Jeanselme comme en témoigne cette description de son magasin :
"l'on trouve réuni dans ce bel établissement tout ce que la mode peut enfanter de plus gracieux et de plus recherché, soit meubles en bois indigènes et exotiques, bronzes, dorures, pendules, candélabres, etc. On y fait aussi tout ce qui concerne l'ameublement, comme sièges, draperies, couchers, rideaux, et l'on y trouve de même des étoffes pour meubles, en sorte qu'il est possible d'y faire en un seul instant emplette du plus beau mobilier. C'est, en un mot, une de ces maisons qu'on ne saurait trop recommander pour l'assortiment rare et précieux qu'offrent ces vastes magasins en produits de nos meilleures fabriques."

Table à écrire d'époque Restauration
Marquée "LESAGE rue Grange Batelière N°2 A PARIS"
Doc Osenat

Il reçut des commandes du Garde-Meuble de la Couronne pour les palais de Saint-Cloud, de Trianon, des Tuileries, de Meudon, de Louis-Philippe pour ses demeures du Palais-royal et de Neuilly ainsi que de la Duchesse de Berry pour son chateau de Rosny.

Quelques œuvres en collections publiques :

A Versailles :
- Table à ouvrage livrée aux Tuileries sous la restauration, déposé par le Mobilier National à Trianon sous-bois.
- Bureau plat acheté au marchand Lesage en 1837, placé dans le cabinet de travail de la reine Marie-Amélie au Grand Trianon.
-  guéridon, Donation sous réserve d'usufruit de la duchesse de Windsor, 1973 (non exposé)
-  guéridon, Donation sous réserve d'usufruit de la duchesse de Windsor, 1973 (non exposé)

Au Mobilier national :
- Étagère portant marque des Tuileries et de l'Elysée-Bourbon sous la restauration

mardi 18 mars 2025

Charles Adolphe Masson, ébéniste à Versailles

Peu d'information subsistent sur cet artisan du bois né vers 1809.
Il s'installa comme ébéniste à Versailles sous la monarchie de juillet au 12 avenue de Paris.

Il est cité en 1844 lors de l'exposition des produits de l'industrie française ou il reçoit une mention honorable du jury.
Il produisait des commodes, des encoignures, jardinières, bureaux, consoles et divers cadres de glaces.
Certains de ses meubles plaqués de bois de rose en marqueterie étaient enrichis de plaques de porcelaine dans le gout "Pompadour".
En septembre 1844 lors d'une exposition dans les galeries de l’hôtel de ville de Versailles, il présenta un meuble jardinière en marqueterie garni de bronze doré.

Il reste essentiellement connu pour une livraison qu'il fit en mai 1846 pour les appartements du grand Trianon.
La couronne lui commande en effet un exceptionnel ensemble composé d'une console et de deux commodes de forme régence ornées de marqueterie en ébène et cuivre dans le gout de Boulle.
En juin de la même année, il complétera l'ensemble de deux tables de chevet carrées à tablette d'entrejambe ouvrant à un tiroir et une porte en abattant (sorties en 1902).

Cet ensemble était initialement placé sous Louis-Philippe dans la grande chambre du nouvel appartement des souverains au Grand Trianon. Il passera ensuite au Trianon-sous-Bois et à la chapelle pour la console. Très abîmés, les meubles ne sont pas remis en place lors des réfections et remeublements de 1966.

Les commodes seront restaurées en 1996 par le Service de restauration des musées de France puis la console en 1998 par l'atelier de menuiserie-ébénisterie du château de Versailles et finalement replacées dans la chambre à coucher de la Reine des Belges.

Biblographie :
P. Arizzoli-Clémentel et J.-P. Samoyault, Le Mobilier de Versailles, Chefs-d'oeuvre du XIXe siècle, Dijon, Faton, 2009, cat.171, p. 438-441, repr.

mardi 11 mars 2025

Antoine Galliard, Gaillard ou Gailliard, menuisier ébéniste

Reçu maître le 19 septembre 1781, cet artisan du bois exerça rue Saint-Nicolas au faubourg Saint-Antoine jusque vers 1787 puis au 18 rue de Charenton. Il y vivait avec sa femme Marguerite-Reine Vaconet et sa fille Madeleine.

Son estampille

Antoine Gailliard, vu la date tardive de son admission à la maîtrise, n'a d'abord fabriqué que des sièges et des bois de lits de style Louis XVI.
Il a livré des sièges pour le château de la Roche-Guyon au duc Louis-Alexandre de La Rochefoucauld-d’Enville.
Sa production est alors de belle qualité, de forme classique, ornée de sculptures d'acanthes et de rosaces.


Bergère en gondole d'époque Louis XVI
Estampillée A.GAILLIARD

A la révolution, il semble avoir profité de l'abolition des corporations pour produire quelques meubles d'ébénisterie tels que commode ou bureau à cylindre.
Passé la tourmente, il travailla pour le garde-meuble impérial. Ce dernier lui commanda en 1811 plusieurs mobiliers de salon et de salle à manger pour le service des grands-officier de la couronne.
Il travailla également avec des tapissiers et marchands de meubles comme Trinzius, Bonnet, Balassée ou Jacquemart.
La chute des commandes à la fin de l'empire l’amena à la faillite en 1815.

Quelques œuvres en collections publiques :

Les collections du château de Versailles conserve de lui une suite de 4 chaises d'époque Louis XVI couvertes de velours d'Utrech dont l'historique n'est pas connu (non illustrées, non exposées).

Le Mobilier National a déposé au Trianon-sous-bois deux chaises d'époque Louis XVI lors du remeublement souhaité par le général de Gaulle en 1968.



Le MN possède également de lui des chaises, fauteuils et canapés d'époque Louis XVI ou empire - certains présentant des marques des Tuileries, de Saint-Cloud ou de Compiègne au 19e siècle.


Chaise en acajou estampillée A.GAILLIARD
portant la marque des Tuileries sous la Restauration
Collections du Mobilier National

Enfin deux chaises louis XVI en cabriolet sont conservées à la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais.



Bibliographie :
Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - 1934
Le Mobilier Français du XVIIIème siècle - Pierre Kjellberg - 2008
Le Mobilier Français du XIXe siècle - Denis Ledoux-Lebard - 2000

dimanche 9 mars 2025

Jérôme, Jesrome ou Hiesrome Martinot (1671-1724 ou 1725), valet de chambre horloger ordinaire du roi

Rare cartel en marqueterie Boulle d'époque Régence
plaque émaillée sous le cadran signé : Jérome/Martinot/Paris
mouvement d'horlogerie signé : Jérome Martinot Paris

Né en 1671, Jérôme Martinot fut Valet de Chambre Horloger du Roi (1691-1725) et Horloger de la tour du Palais à Paris (1691-1725).
Il était membre de la prolifique dynastie des horlogers Martinot.
Il eut une soeur, prénommé Catherine, mariée au diamantaire Nicolas Marion ou Marcou.

Il entra au service de la cour en survivance de son père Jean Martinot, déjà valet de chambre-horloger ordinaire du roi et Gouverneur du Grand Horloge du Palais.

Il exerça par quartier aux côtés de ses cousins Henri, Claude et Jacques Martinot et de Augustin-François Bidault.
A ce poste il gageait 395 livres, dînait à la table des valets de chambre et était des premières entrées de la chambre et du cabinet du roi dont il remontait la montre et toutes les pendules des appartements matin et soir.

Il se fit une spécialité des sphères mouvantes dont il réalisa 5 exemplaires.
Le 28 février 1701, il en présentait une au roi de sa composition aidé de l'ingénieur et fabricant d'instrument de mathématique Thomas Haye.
Dans sa Description des Chateaux et Parcs de Versailles de 1715, Jean-Aimar Piganiol de La Force la signale dans le billard du roi* ainsi décrite :
"c'est une sphère armillaire, qui par le mouvement de ses cercles imite celui des cieux, principalement du premier mobile, du soleil et de la lune ; & ... représente la situation apparente du ciel... il y à du gout jusque dans les ornements qui en composent le pied. Les quatre Éléments y sont représentés par quatre figures humaines**... Pour rendre cette sphère plus complète, on a mis sur l'estrade au pied de la machine une boussole pour l'orienter. Elle a environ six pouces de diamètre, & est orné d'un portrait du roi en forme de soleil, avec cette devise inscrite sur un ruban qui voltige autour des cheveux de sa majesté : Siffucit orbi."
(* En 1701, elle est dite placée dans le salon de la petite galerie. ** la terre & l'eau sont des figures de femmes, l'air & le feu des hommes.)

Il livra également une sphère à l'observatoire de Paris. Le seul exemplaire survivant de cette production est conservé à la BNF à Paris.


De son mariage avec Marie-Elisabeth Bedeau, il eut un fils Jean Martinot (1698-1780) qui aura la survivance de ses charges en 1719 et l'exercice au décès de son père.
Curieusement, bien que décédé en 1724 ou 1725, il est encore cité dans l'état de la France en 1727 avec son fils Jean en survivance pour le dernier quartier de l'année (septembre, octobre, novembre, décembre). Il touchait alors 600 livres de pension.


lundi 24 février 2025

François Potain père et fils, menuisier au service des bâtiments et du garde-meuble du roi


Francois Ier Potain le père & Francois II Potain le fils (1688-vers 1770)

François Ier Potain père exerça son activité de menuisier à Paris dans le quartier de Bonne-Nouvelle. Son atelier se situait rue Poissonnière.
Les comptes des bâtiments du roi mentionnent François Ier Potain comme menuisier fournisseur de la Couronne, il s'intitulait " Menuisier du roi ".
Le Garde-meuble lui commanda des tables à écrire et à jouer, des armoires, des buffets et des sièges « sculptés de quelques ornemens ».
En 1714, il livra douze châssis de paravents à la manufacture des Gobelins.
En 1715, Il exécuta au Château de Versailles différents travaux.
Il fournit pour l'appartement de madame Desmarets à Versailles six doubles châssis d'hiver.

A partir de 1728 François Ier Potain et son fils François II Potain, exécuterons des meubles pour la couronne, sous la direction de Antoine-Robert Gaudreaus devenu fournisseur officiel du Garde-meuble Royal à partir de 1726.

François II Potain, entra au service du Garde-meuble vers 1728, probablement par l'intermédiaire de Gaudreaus, Il est dit maître-menuisier-juré du roi.
Il demeurait rue Poissonnière et publia en 1717 un Détails des ouvrages de menuiserie pour les bâtimens, où l'on trouve les différens prix de chaque espèce d'ouvrage, avec les tarifs nécessaires pour le calcul de leur toisé.
Il exécuta deux bas d'armoires pour la chambre du roi à Compiègne, livra des tables à écrire en noyer à Marly en 1729 et en 1733 une table en bois de chêne. Il fit également des cadres pour les tableaux de Louis XV.
Le fils de François II Potain, Nicolas Marie (1723-1790) devint architecte du roi et Grand prix de Rome. Il fut le proche collaborateur d'Ange-Jacques Gabriel au service des Bâtiments du roi.

vendredi 31 janvier 2025

Michel Stollenwerck ou Stollewerck (vers 1700 - 1768), maître horloger



Cet horloger est né vers 1700 dans le duché de Juliers en Allemagne et mort à Paris en juillet 1768.
Présent dans la capitale vers 1730, il établit d'abord son atelier comme ouvrier libre dans l'enceinte de l'abbaye Saint-Germain des Prés vers 1739 puis s'installe rue de la Comédie Française en 1747 après obtention de sa maîtrise de maître horloger le 14 avril 1746.
Il migrera rue Guenegaud en 1753 et enfin rue de Harlay près de la place Dauphine en 1757.

De son premier mariage avec Marie-Elisabeth Bodard, il eut au moins huit enfants dont : 
- Pierre-Hubert (vers 1740-après 1805), horloger, 
- Pierre Martin (décédé après 1805), horloger installé aux États-Unis après 1769,
- Catherine-Élisabeth (1739-après 1810), mariée à Charles-Dominique Pesiere, avocat au Parlement de Paris,
- Françoise-Angélique (décédée après 1804), mariée à Louis-Alexandre de Villiers puis à Alexandre-Pierre d'Antibes,
- Marie-Anne (décédée après 1808),
- Jean-François (né en 1753).
En 1764, il épousa en secondes noces Marie-Anne Courcelles (décédée après 1777).

Pendule en bronze doré conservée au Mobilier National
cadran signé Stollewerck, à Paris
Caisse attribuée à Jean-Claude Chambellan Duplessis

Stollenwerck eut un talent exceptionnel pour la mécanique et se spécialisa dans les horloges musicales et à carillons, à planisphères et astronomiques. 
Les chroniqueurs contemporains le considèrent comme l’un des meilleurs horlogers parisiens : 
" Le sieur Stollenweck, horloger […] joint une grande théorie à une parfaite exécution & sa main est toujours guidé par un calcul antécédent " (L’Avant-Coureur du 16 février 1761). 
En 1776, le Père Marie-Dominique-Joseph Engramelle notait que " Les carillons de Stollenwerck qui ont été transportés en Chine, au Grand Mogol, en Turquie et chez les Hurons, ont enchanté les souverains de ces vastes pays " et " ont joui de la plus haute réputation".
Les rédacteurs de l'Encyclopédie ont d'ailleurs choisi une horloge de Stollenwerck pour illustrer l'article sur Carillon.

Les mouvements de Stollenwerck sont contenus dans des caisses réalisées par les meilleurs ébénistes et bronziers de son temps dont Jean-Pierre Latz, Robert Omond, François-Réné Morlay, Edme Roy, Jean-Joseph de Saint-Germain. Ses pendules ont parfois été dorées par Ignace Pierre Gobert.
Il collabora avec d'autres horlogers comme Jean Moisy, Jean-François Dominicé, Etienne Le Noir fils, Pierre Daillé et les émailleurs Joseph Coteau et Louis-André Thil.
Sa production connue se compose de pendules aux modèles riches et originaux allant du style Louis XV-Rocaille au style néoclassique "à la grecque" en vogue à partir de 1750. Il y est soit l'auteur du mouvement, soit le fournisseur de la boite à musique ou du carillon.

Pendule à musique à jeux de carillons d'époque Louis XV,
Caisse en bronze doré signée St Germain, 
cadran et mouvement signés Stollewerck, à Paris

Il vendait lui-même la plupart de ses productions, une situation assez inhabituelle à son époque où la clientèle privée préféraient acheter auprès des marchands-merciers plutôt que directement auprès des artisans.
Stollenwerck a ainsi fourni des horloges aux têtes couronnées d'Europe dont le roi Stanislas Leszczynski, Frédéric II de Prusse et Auguste III de Saxe ou encore la noblesse française comme les ducs de Brissac et de Mortemart, les.marquis de Ferrière, de Brunoy, de Massiac, de Pange et de Courtanvaux, les barons de Thiers et de Bezenval...

Pendule de cartonnier d"époque Louis XV, vers 1760-1765
mouvement à cercle tournant signée Stollewerck A Paris

Sources : 
European Clocks in the J. Paul Getty Museum, Gillian Wilson, David Harris Cohen, Jean Nérée Ronfort, Jean-Dominique Augard, Peter Friess,

mercredi 29 janvier 2025

Ciceri ou Cicery, faiseur de baromètre de la famille royale


Ce fabricant d'instruments de mesure a signé ses œuvres à plusieurs reprises et de diverses manières, dont entre autres :

- "Cicery, Faiseur de Baromètre de la Reine et de Famille Royalle, Rue et faub.g St Antoine, Chez Mr Gervais à la Tête Noire"
- "Cicery faiseur de baromètres pour la famille royalle demre grande rue du Faubg St Antoine chez Mr Gervais à la Tête Noire à Paris."
- "Construit par Cicery faiseur de baromètres de Madame la Dauphine et de Madame la contesse de Provence en 1772, demeurant à Paris, Grande Rue du Faubourg Saint-Antoine à la Tête Noire. "

Baromètre - thermomètre en bois sculpté doré, 
cadran portant les inscriptions
"Cicery, Faiseur de Baromètre de la Reine et de Famille Royalle / Rue et faub.g St Antoine / Chez Mr Gervais à la Tête Noire"
Époque Louis XVI, H. : 101 cm ; L. : 55 cm

Une note du roi Louis XVI parmi ses dépenses particulières de mai 1780 signale qu'il achète à ce "Cicecy, 8 thermomètres ou baromètres, pour 408 livres", un ensemble dispersé entre les appartements intérieurs de ses différentes demeures.
J'ai retrouvé mention d'un thermomètre à 2 tuyaux selon M. de Réaumur dans le cabinet intérieur du roi à Versailles en 1787, un autre est signalé dans la pièce de la vaisselle d'or voisine et encore un dernier dans son appartement à Marly en 1788.
En 1791-1792, les inventaires royaux citent également un baromètre construit par Cicery en 1773.

La plupart de ses instruments sont présentés dans des montures de bois doré et sculpté d'époque Louis XVI d'une qualité d'exécution variable. Il dut s’approvisionner auprès de différents menuisiers-sculpteurs sur bois dont certains s’inspirent de modèles de caisses d'horlogerie du bronzier Osmond.

Baromêtre-Thermomètre en bois sculpté et doré 
Le cadran signé de CICERY faiseur de baromètre pour la Reine 
il porte le numéro 323 à l'encre
Epoque Louis XVI, H. : 92 cm, L. : 40 cm

Malheureusement, je n'ai pas pu identifier plus surement ce fournisseur royal ...

Parmi les autres personnes de ce nom exerçant à Paris au 18e siècle, nous retrouvons en 1776, un dénommé Cicery parmi les participants à l'expérience de Lavoisier sur l'observation comparée de la mesure du froid. Il avait fourni un thermomètre à l'esprit de vin de sa construction, installé à l'Observatoire.

J'ai également trouvé trace du passage en vente d'un baromètre daté de 1768 (?) supporté par une cariatide en bronze patiné reposant sur un socle en marbre blanc, signé d'un "Charles Ciceri et Compagnie au Mont d'Or, rue St. Honoré, à Paris".
D'autres mentions imprimées de 1781 et 1782 parle encore de cet établissement à la même adresse comme magasin de pièces de physique et d'optique vendant également curieusement des estampes et des partitions de musique.

Un artisan de ce nom est également cité comme opticien installé rue du Faubourg Saint-Martin en 1778, puis dans les galeries de bois au Palais-Royal entre 1792 et 1803.
Ce dernier est probablement à confondre avec l'opticien d'origine milanaise Charles François Alexandre Ciceri (mort en 1804), marié en 1773 avec Marie Felix Covents dont il eut le peintre-décorateur de théâtre Pierre Luc Charles Ciceri (1782-1868).

Les recherches sont à poursuivre...

Sources : 
Journal de Paris, 1781
Histoire de l'Académie royale des sciences, 1782
Journal de Littérature, des sciences et des arts, 1782
Journal de la cour et de la ville, 1792
Art and Auctions, 1961 
Le château de Versailles, Pierre Verlet, Fayard
Les bronzes doré français du XVIIIe siècle, Pierre Verlet, Picard
Le château de Marly sous le règne de Louis XVI, Séphane Castellucio, RMN, 1996
Sciences & curiosités à la cour de Versailles, RMN, 2010

lundi 27 janvier 2025

Gervais-Nicolas Frichet (?-1837), menuisier-ébéniste impérial


Note biographique :

Cet ébéniste parisien s'installe en 1798 rue des petites-écuries, puis au 42 rue du faubourg saint Denis ou il exerce jusque vers 1815.

Il apparaît en 1806 dans les comptes du garde-meuble impérial pour la livraison de tables de jeu de quadrille, d'une commode, de fauteuils et toilette d'homme formant secrétaire.
En 1807, il livre divers meubles pour les appartements de fonctions de Fontainebleau.
La même année, il livre aux Tuileries 6 chaises au chiffre de Joséphine qui furent recouvertes de tapisseries exécutées par l'impératrice.
Il poursuivit ses livraisons impériales jusque vers 1813 et assura également la restauration de meubles anciens dans les palais.

Notre homme fut marié à Marie-Béatrix Gauthier dont il eut :
- Pierre Gervais (mort en 1848), ébéniste, marié à Clémence Plaine
- Marie Cécile, marié à Nicolas Derobe, ébéniste à Saint-Cloud
- Marie Joséphine.

L'oncle de sa femme était valet de chambre de Charles X et sa belle-mère chargé de l'entretien des meubles des Tuileries.
Il obtint le 15 septembre 1815 une place d'aide-garde-meuble au Palais des Tuileries puis de chef ébéniste.

Il décède à Saint-Cloud le 23 septembre 1837.
Son fils Pierre Gervais lui succéda comme chef ébéniste aux Tuileries.

Par le hasard des collections, le musée de Versailles conserve une rare oeuvre de cet ébéniste :


Cette console en acajou sculpté à dessus de porphyre fut livrée en 1811 par l'ébéniste Gervais-Nicolas Frichet dans le cadre de la grande commande de soutien aux ébénistes parisiens en difficulté ordonnée par l'Empereur.
Elle est envoyée au palais de l'Elysée en 1813 et placée dans le cabinet de travail de l'Impératrice au premier étage avant de passer en 1817 dans le premier salon des petits appartements au rez-de-chaussée, et avant 1820 dans le cabinet de travail du duc de Berry puis dans le salon de chêne des petits appartements du rez-de-chaussée en 1855.
Sortie de l'Elysée en 1865, elle est envoyée au musée de Versailles en 1882 parmi un lot de seize consoles et trois meubles pour le salon du Sacre et les salles des Gouaches.

Sources : 
Le mobilier Français du XIXe siècle, Denis Ledoux-Lebard.
Site du château de Versailles

lundi 20 janvier 2025

Christophe Charmeton ou Charmetton (?-1708), Sculpteur des bâtiments du roi


Ce sculpteur sur bois, né à Lyon, était le fils de Claude Charmeton, maître peintre, et de Lucrèce Chassain. 
Il était le frère de Georges Charmeton, peintre ordinaire du roi, membre de l’académie royale de peinture et de sculpture, mort en 1674.
Il s’installe à Paris ou il fit un première mariage en 1676 avec Elisabeth Rondeau (morte avant 1679).
Il se remaria, en 1682, avec Marie Thierry, fille de Daniel Thierry, bourgeois de Paris.
Il en eut sept enfants dont Christophe, baptisé en 1685, une fille Claude, baptisée en 1686, Nicolas Joseph, baptisé en 1695, Marguerite (morte en 1692), Suzanne (morte en 1695).
Il réalise des travaux de sculpture pour Versailles, Trianon, la Ménagerie, Marly, ainsi que pour les Orléans au Palais-Royal, en particulier les deux balustrades pour les chambres des appartements de Madame et de Monsieur.
ll réalise également des décors pour des églises d’Ile-de-France (autels).
Il meurt le 18 février 1708. Il habitait alors rue Hautefeuille et fut enterré dans le cimetière de Saint-André-des-Arcs.

Œuvres versaillaises :

- 1683 : Six pieds de tables pour la galerie de Versailles et deux pieds de table en chêne pour les Menus Plaisirs.
- 1685 : Deux bordures pour un tableau du Dominiquin, placé dans les appariements du Dauphin, à Versailles.
- 1685 : Sculptures et moulures en bois, ayant servi de modèles aux bronzes du grand bureau du cabinet des curiosités du roi, à Versailles.
- 1685 : Cadres en bois sculpté pour les petits tableaux du cabinet du roi, à Versailles
- 1687-1689 : Ouvrages de sculpture en bois, exécutés pour les appartements de Trianon.
- 1689 : Cadre pour un dessin représentant le Portement de croix, d’après Mignard, dessin exécuté par le Dauphin en vue de l'offrir au roi.
- 1690 : Consoles en bois sculpté pour le cabinet des Termes, et culs de lampe du cabinet voisin.
- 1690 : 60 torchères de bois doré et sculpté pour les grands appartements du roi et de la reine à Versailles sur un dessin et un modèle de Christophe Charmeton.
- 1692 : Sculptures en bois pour la salle de la chapelle, à Trianon. En collaboration de Briquet.
- 1698- 1701 : Ouvrages de sculpture en bois, exécutés dans les appartements de la Ménagerie de Versailles

L’école des beaux-arts de Paris conservé une série de dessins de meubles et boiseries très proches de réalisations pour Versailles dont certains ornés de fleurs de lys et autres emblèmes royaux.
Elles sont données à Georges Charmeton (mort en 1674), mais compte tenu de leurs styles et de leurs mises en rapport possible avec des livraisons royales, il faut peut-être les attribuer à Christophe Charmeton qui a aussi donné les dessins d’œuvres réalisées pour Versailles.

Dessins de consoles données à Georges Charmeton (ensba)
Attribuable à Christophe Charmeton
(dessin de tables pour Versailles vers 1683 ?)


charmeton - Christophe Charmeton / Charmetton Sculpteur bâtiments du roi 021-022-1545

charmeton - Christophe Charmeton / Charmetton Sculpteur bâtiments du roi 021-023-1546

on notera au passage une certaines proximité avec les tables royales gravées par Lepautre


Dessins de torchères données à Georges Charmeton (ensba)
Attribuable à Christophe Charmeton
(Dessins de torchères pour Versailles vers 1690 ?)




Sources :
Les artistes décorateurs du bois - Henri Vial
Dictionnaire des sculpteurs de l’école française sous le règne de louis XIV - Stanislas Lami
Sous le plafond de l’antichambre des Nobles de la Reine - Christian Baulez - Versalia. Revue de la Société des Amis de Versailles.

jeudi 16 janvier 2025

Harmensen, marchand, ébéniste des menus-plaisirs



parfois désigné comme ébéniste dans les annuaires de l’époque, sous les noms francisés de Harmesson ou Hermessant, notre homme était un marchand d’origine Scandinave, établi à Paris rue Poissonnière, puis rue Beauregard, dans les dernières années du règne de Louis XVI.

J’ignore pour l'heure si il avait un lien de parenté avec la famille de négociant de Bordeaux, les Harmensen, qui représentaient officiellement le roi de Suède dans ce port puis furent nommé consuls de Suède en France de père en fils et anoblis sous le règne de Louis XV.

En 1785, il fournit pour le service du Roi diverses pièces en acajou pour 2 244 livres, parmi lesquelles un grand bureau à pupitre accompagné d’un cartonnier de onze pieds de long.

Concernant le cartonnier, il s'agit probablement de la bibliothèque basse en trois parties actuellement exposée dans l'appartement privé de Louis-Philippe au Grand-Trianon.
Ce meuble recomposé était à l'origine un serre-papier contenant trente-cinq cartons en maroquin rouge à dentelle d'or, livré en 1785 à l'hôtel des Menus-Plaisirs, rue Bergère à Paris, pour le cabinet de travail de l'intendant des Menus-Plaisirs Papillon de la Ferté.



Il est envoyé en 1795 au palais du Directoire exécutif au Luxembourg.
En 1807, il passe dans le cabinet des secrétaires de Napoléon aux Tuileries puis dans le cabinet de la salle de bains de l'Empereur, entre 1809 et 1816.
Il est remanié en bas de bibliothèque en 1818 (peut-être par Félix Rémond ?).
En 1826, il est toujours inventorié aux Tuileries dans le cabinet de toilette du roi avant de retourner au Garde-Meuble en 1832.
En 1837, il est envoyé au Grand Trianon, pour la chambre à coucher-cabinet de travail du roi Louis-Philippe ou il est cité jusque en 1855.
Il est restauré en 2013, puis replacé dans le cabinet de travail de Louis-Philippe au Grand Trianon.

Sources : 
Les ébénistes du XVIIIe siècle : leurs œuvres et leurs marques, Comte François de Salverte
Site des collections du chateau de Versailles