mardi 7 octobre 2025

Nicolas Thomas (? - après 1806), Horloger du roi

Nicolas Thomas est reçu maître-horloger le 20 septembre 1778.
Il fut nommé la même année Horloger du Roi, fournissant donc peut-être des montres ou pendules à Louis XVI.
Il épousa Thérèse-Emilie Millot, la fille de l’horloger pensionné du roi Pierre Millot.
Vers 1781-1783, il se trouve établi rue du Bac, vers 1787-1789 il est dans la rue de l’Echelle ; en 1806 il est rue de Grétry.
Il marquait ses cadrans de "Thomas à Paris".

A la même époque, deux autres artisans portant le même nom obtinrent également la maîtrise horlogère :
- Philippe Thomas, le 5 fevrier 1779
- François Thomas, le 6 mai 1780.
J'ignore pour l'heure si ils ont liens de parenté ou simple homonymie.

Le musée Getty conserve un exceptionnel cartel, dont le créateur du modèle est malheureusement inconnu, portant un cadran signé de cet horloger.



Le mobilier National conserve de lui une pendule portique de la fin du règne de Louis XVI.



Il a réalisé le mouvement d’une pendule avec boîte de François Rémond, d'après un modèle de Louis-Simon Boizot représentant l’Etude et la Philosophie et dont le cadran est de Dubuisson, celui d'une pendule empire avec caisse du bronzier Pierre-Victor Ledure ainsi que celui d’une pendule empire avec boîte de Claude Galle, représentant la chute de Phaéton.


Marché de l'art

Par l’intermédiaire de Galle, Thomas connut dans la première décennie du XIXe siècle une certaine notoriété.
Certaines de ses réalisations sont mentionnées chez le maréchal Michel Ney, prince de la Moskowa, le maréchal Louis-Alexandre Berthier prince de Wagram, ainsi que dans l’inventaire après décès de la femme de Louis-Amable-Auguste-Ursule-Achille de Sparre.

Sources :
Pierre Kjellberg, Encyclopédie de la Pendule Française du Moyen Age au XXe Siècle, 1997
Pierre Verlet, Les bronzes dorés français du 18e siècle

dimanche 28 septembre 2025

Pierre Millot, horloger pensionné du roi

Pierre Millot serait né vers 1719.
En 1742, il travaillait à Paris comme compagnon puis il fut reçu maître horloger le 1er août 1754 par décret du 25 juin de la même année.
Il s'installa rue Saint-Dominique près la rue du Bac, paroisse de Saint-Sulpice à Paris.
En 1754, il épousa Thérèse Émilie Lefebre, dont il eut Jean-Pierre-Nicolas (maître-horloger en 1785) et Thérèse-Émilie, qui épousera Nicolas Thomas (mort après 1806), nommé horloger du Roi en 1778.
En 1777, il donnait en bail à Jean-Baptiste Duluc, maître horloger au service du comte d'Artois, demeurant rue Taranne, paroisse Saint-Sulpice, sa boutique sise rue du Bac, au coin de la rue Saint-Dominique, moyennant 900 livres par an
Sa réussite lui valut une belle aisance financière, au point qu'il devint propriétaire d'une maison de campagne à Issy où il se rendait l'été.
Il continua à travailler jusqu'à sa retraite à Sens en 1785 ou il œuvra à la création d'une nouvelle horloge pour la ville.
Il vivait encore en 1794. En octobre de cette année (28 vendémiaire, an III), le citoyen Pierre Millot, ancien horloger, à Paris, demandait la continuation de sa pension de 300 livres accordée par Louis XV en 1763 pour l'invention et l’exécution d'une pendule placée au château de la Muette - une demande qui lui fut refusée.

Pour la production de ces pendules, il a collaboré avec le sculpteur René Michel dit Michel-Ange Slodtz (1705-1764) à la conception de différents modèles de caisses d'horlogerie.
Il a été fourni par le fondeur-ciseleur Robert Osmond (1711-1789, maître en 1746).

En 1762, Pierre Millot avait présenté deux de ses nouvelles horloges à demi-secondes à l'Académie des Sciences dont une astronomique.
La même année, il fournissait au Menus-Plaisirs pour 4000 livres la pendule du grand salon du château de la Muette.
Cette pendule astronomique, qui indiquait tous les mouvements célestes, diurnes & nocturnes, avait été présentée au Roi.
Cette livraison lui valut son titre d'horloger du roi et une pension royale de 300 livres.

En 1772, il créa une autre horloge innovante à calendrier, sonnant les demi-secondes aux heures et aux demi-heures, avec indications de l'année, du mois, des jours de la semaine et du lever et du coucher du soleil à Paris. Selon Tardy, ce calendrier comportait 9999 ans.

Jean Dominique Augarde, Historien d'Art, émet l'hypothèse que Millot serait aussi l'auteur « des pendules à équations, l'une solaire et l'autre lunaire, décorées de bronze ciselé et doré en bronze doré relatifs au soleil et à la lune, avec des attributs d'Apollon et Diane… » livrées en 1762 par Gilles Joubert dans la petite chambre de Louis XV à Versailles et dont les caisses d’ébénisterie subsistent dans les collections royales anglaises.
L'inventaire de 1791 les décrits comme "Une pendule à seconde dans la boëte de marqueterie richement orné de bronze doré portée sur quatre pieds à griffes de lion et terminée par un vase à bouton de flamme de 7 pieds 2 pouces de haut. Une autre pendule à boussole; le cadran à 24 heures mêmes ornements et terminé par un vase à étoile".
La deuxième horloge aux attributs de Diane était une horloge planétaire selon le système de Ptolémée.

Pierre Millot bénéficia également du patronage de nombreuses autres personnalités de son époque dont M. Dejean, le marquis de Beringhem, le duc et de la duchesse de Chevreuse, le duc d'Aumont, dont la vente en 1782 comprenait une pendule de Millot, logée dans un boîtier plaqué orné de bronze doré, vendue 584 livres.


Exceptionnelle pendule astronomique signé de Millot
caisse en bronze doré attribué à Robert Osmond
Epoque Louis XV vers 1760

Sources :
Archives nationales, minutier central des notaires.
Journal des débats et décrets - 1794
Dictionnaire des Horlogers français, Tardy [Henri - Gustave Lengellé]
Les bronzes dorés français du 18e siècle, Pierre Verlet.
Les Ouvriers du Temps, Jean-Dominique Augarde

samedi 27 septembre 2025

François Vion, maitre bronzier-fondeur

François Vion est l’un des plus importants bronziers-fondeurs parisiens de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il est reçu maître fondeur le 17 février 1764.
En 1765, il est domicilié rue de la Savonnerie, Paroisse Saint-Jacques-la-Boucherie.
L'almanach de 1782 le localise rue Quicampoix, adresse ou il est installé depuis au moins 1777.
Il fut marié à Prudence Bouclin ou Buclin décédée le 9 août 1799.
Il décède à Paris en 1807 ou 1818.


Pendule Les Trois Grâces vers 1769
Ancienne collection de Madame du Barry
Modéle de François Vion, 
bronze de Germain et mouvement de Lepaute à Paris

Confrère et concurrent des Osmond et de Jean-Joseph de Saint-Germain, il se spécialisa dans la création de caisses de pendules dont plusieurs modèles portent sa signature.
Il produisit également quelques éléments décoratifs en bronze doré, tels que des socles pour statuettes ou des montures de vases.
Sa production s'inscrit dans le style transition dit à la grecque puis Louis XVI et jusqu'au directoire ou consulat.


Pendule à L'Autel à l’amour & à Mars
dite aussi L’amour triomphant de la guerre ou La Guerre & la Paix
Cadran et mouvement signé Gilles l’ainé à Paris
Modèle de François Vion, époque Louis XV, vers 1765

Vion livra ses modèles, dont certains sont signés, à de très nombreux horlogers parisiens dont Gilles l'aîné, Lepaute, Berthout, Charles Le Roy, Lépine, Furet...
Ces caisses de pendules se retrouvèrent ainsi dans les plus grandes collections de son époque dont le garde-meuble royal (Louis XVI, Marie-Antoinette), le comte d'Artois, Mme du Barry, le prince de Condé...


Pendule dite à la gloire des Princes
dont Louis XVI eut un exemplaire à Versailles
Modèle de François Vion vers 1770
Mouvement de Charles le Roy

Il travailla également en 1777 pour l'abbaye royale de Saint-Denis ou il fut chargé de la confection de la chasse [ou reliquaire] de Saint-Denis de Corinthe.

Pendule dite La pleureuse, La douleur ou à l'oiseau mort.
d'après un modèle de François Vion.
des exemplaires sont identifiables dans les collections royales
Le Cadran signé Lepaute, Horloger du Roy
Epoque Louis XVI. 

Bibliographie :
H. L. Tardy, Dictionnaire des horlogers français, 1974
Hans Ottomeyer et Peter Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, 1986
Pierre Verlet, les bronzes dorés français du 18e siècle, 1987.
Pierre Kjellberg, La pendule Française, 1997

vendredi 19 septembre 2025

Jacques Aury ou Hory, horloger ordinaire du roi à Paris

Note biographique :

Très certainement issu d’une dynastie d’artisans parisiens actifs dès le début du XVIIe siècle, Jacques Aury ou Hory est né le 25 janvier 1634.
Il était le fils de Augustin, maître graveur ordinaire du Roi, et de Barbe Michon.
Il eut une sœur prénommé Marie, née vers 1617, un frère mis en apprentissage en 1642 chez Grégoire Huret, maître graveur & dessinateur ordinaire de la Maison du Roi, et un autre frère, Augustin, mis en apprentissage chez le marchand mercier joaillier Jean Combes en 1643.
En 1648, son père le mit à son tour en apprentissage chez Denis Champion, maître horloger, demeurant rue de la Vieille-Draperie, paroisse Sainte-Croix en la Cité.
Il est signalé dès 1658 à Saint-Germain-des-Prés où il est nommé juré le 16 juillet 1674.
Entre 1673 et 1690, il porta le titre d'Horloger ordinaire du Roi.
Après la réforme du métier des horlogers, il est reçu maître à Paris le 6 juin 1675.
Il habita à la Cour Saint-Eloi (1676) et ensuite dans la rue de la Vieille Draperie (1684).
Il fut garde-visiteur de sa corporation en 1682-1684 et en 1688-1690.
Jacques Hory était marié avec Geneviève Guzon ou Jeson et mourut avant le 22 décembre 1700, date de la clôture de l'inventaire de ses biens.
A cette époque, le couple occupait une maison à l'enseigne de La Pomme d'Or, sise Quai des Morfondus.
Son fils Jean-André Hory lui succédera et sera garde-visiteur en 1722 et mourra après 1748.

pendule dite « tête de poupée » en marqueterie « Boulle »
première partie et bronze ciselé et doré
Paris, époque Louis XIV,  vers 1685
Signé « Jacques Hory A Paris » sur la platine arrière du mouvement
(c) Galerie La Pendulerie, Paris

Sources :
Minutier central des notaires, Archives Nationales
Tardy, Dictionnaire des horlogers français, Paris, 1971
Verlet, les bronzes dorés français du 18e siècle, 1987
Le maître horloger Louis Ourry (1643-1699), Erik Wauters, 2022

jeudi 18 septembre 2025

Michel Lamy, horloger de Monseigneur le dauphin

Né en 1721, Michel Lamy est cité comme horloger demeurant au vieux Louvre, paroisse saint-germain-l'auxerrois en mars 1757.
Il reçut sa maîtrise à Paris le 3 septembre 1767.
Il débuta sa carrière en signant Lamy au Louvre ou à Paris et si l'on s'en tient à certaines de ses signatures, il fut nommé horloger de monseigneur le dauphin.
En 1771, il contractait une rente perpétuelle de la compagnie des Indes.
En 1772, il demeurait rue Froid-Manteau, paroisse Saint-Germain-l'Auxerrois.
Il décédera à Paris le 21 février 1807 au 22, rue Saint-Thomas-du-Louvre.

Il ne semble pas pouvoir être confondu avec Nicolas Lamy-Gouge installé à Versailles qui fut également horloger du roi sous Louis XVI.

Sa production horlogère se retrouve sur des caisses d’ébénisterie ou de bronze doré allant du style Louis XV-rocaille puis transition et Louis XVI.
Parmi ses fournisseurs, il travailla avec l'ébéniste Duhamel.
Le Louvre possède une montre en or émaillée de cet horloger.

Un beau et rare cartel datable vers 1770-1775 portant sa signature passe en vente :


Cartel d'alcôve à sonnerie à la demande en bronze ciselé et doré, 
à décor de grecques, cannelures et guirlandes de feuilles de laurier, 
l’amortissement au globe terrestre drapé,
le cadran circulaire émaillé blanc à chiffres arabes et romains en noir 
signé "Lamy Hger De Mr Le Dauphin",
le mouvement signé "Lamy A Paris".
Epoque Louis XVI.
Haut. : 44 cm - Larg. : 22 cm - Prof. : 10 cm
(c)  Guillaume LE FLOC'H SVV

sources et bibliographie :
Minutier central des notaires, Archives Nationales
Tardy, Dictionnaire des Horlogers français, 1972.
Verlet, les bronzes dorés français du 18e siècle, 1987.
Les montres et horloges de table du Musée du Louvre, Catherine Cardinal, 2000

mercredi 10 septembre 2025

Julien-Pierre-François Goudel, fabricant de laque

Julien-Pierre-François Goudel fut connu de 1834 à 1844.
Avec son épouse Alphonsine Descamps, fabricante de laque, épousée en 1827, cet ancien commis marchand, originaire de Rennes, devint artisan à la tête de Goudel et Cie.
A l'enseigne "Aux deux Chinois", leur atelier connut plusieurs adresses : 27 rue Meslay (1834), 28 rue des Vinaigriers (1836-1838), 28 rue des messageries (1839), 124 rue du faubourg saint-martin (1841) et enfin passage du désir (1844).

Goudel et Cie se spécialisa dans la production de meubles et petits objets laqués dans le gout chinois, indien, anglais et français.
Inspiré du mobilier en papier mâche qui s'était développé en Angleterre, ce style de laqué fut mis à la mode en France à partir des années 1830.
Goudel et Cie fabriqua également des petits meubles de style médiéval, renaissance ou mauresque.


GME 3028

Cette maison fournit, le 21 juin 1839, pour le nouveau salon de famille du Grand Trianon, trois guéridons à pivot pour 120 francs.
Ils restèrent dans ce grand salon avant d'être repris par le Mobilier national le 13 mars 1900.
Deux reviennent à leur place originelle en 1965 (GME 3027 et GME 7170). 
Le troisième (GME 3028) sera finalement déposé en 2018.


GME 3027

Pour le château de Saint-Cloud, Goudel livra 6 fauteuils et 6 chaises en laque de chine, filets et palmettes d'or en 1838.
En 1839, il livrait au même endroit 2 guéridon en laqué, et y réparait deux cabinets de laque.
Il restaura également des commodes de laque et des bonheur du jour du garde-meuble ainsi qu'un ancien clavecin en laque au château de Pau.



GME 7170

Louis Philippe acheta également deux autres tables tripode à l'Exposition universelle de 1839 à Paris, l'une à Goudel, l'autre au laqueur Osmont, décrite comme étant de genre anglais décorée de fleurs, destinée à l'usage de sa belle-fille, la duchesse d'Orléans.


guéridon à plateau dans le gout anglais attribué à Goudel et Cie
plateau d'après un dessin pour papier mâché de Jennens and Bettridge
(Marché de l'art)

Sources et bibliographie :
Archives de la maison du roi sous Louis-Philippe
Denise Ledoux-Lebard, Le Mobilier français du XIXe siècle, Editions de l'amateur.
Denise Ledoux-Lebard, Le Grand Trianon : meubles et objets d'art, Editions de Nobele.
Catalogue d'exposition : Un âge d'or des arts décoratifs, 1814-1848. RMN
Site du château de Versailles
Bentley & Ardgowam antiques

Charles Jacques Tournay, maitre bronzier fondeur ciseleur doreur

Né avant 1739 et mort après 1791, cet artisan du métal était le fils de Pierre Tournay, bourgeois et maître charron à Paris, et de Catherine Vivien.
Il eut une sœur prénommée Geneviève Catherine (vers 1728-après 1761).
En 1764, il épousait Marie Geneviève Delagarde, maîtresse couturière et fille d'un maître chandelier.
Il fut reçu maître bronzier fondeur le 31 janvier 1765.
En 1770, il est cité comme maître ciseleur rue du Four paroisse Saint-Sulpice. Il est alors créancier du menuisier Claude Fontaine.
En 1771, il est témoin comme ami au mariage du sieur Gilard, ciseleur.
Entre 1786 et 1788, il apparaît dans les mémoires de Jean Hauré pour le garde-meuble comme fondeur ou ciseleur.
Il livra à la cour des appliques de sa production et œuvra également à la ciselure de bronzes destinés à des meubles royaux pour Fontainebleau ou Compiègne.
Il fut également en relation avec Ferdinand Berthoud, horloger-mécanicien du roi.
Il fit faillite le 28 mars 1789 mais est encore cité en 1791 comme doreur. A cette date, il fut poursuivi pour loyer impayé.

un modèle royal attribué à Charles Jacques Tournay

Une acquisition récente du château de Versailles donne un piste d'identification de l'un de ses modèles de luminaire en bronze.



Cette paire fait partie d'une série de 4 acquises par le château de Versailles en octobre 2022 lors de la vente de la collection de Ann et Gordon Getty par Christie's New York, grâce au legs de madame Jeanne Heymann.

La conservation du château a identifié ce modèle comme ayant été livré en 1787 par Jean Hauré pour la chambre du duc d'Harcourt, gouverneur du Dauphin, dans son appartement au rez-de-chaussée du château de Versailles.

Elle attribue la paternité du modèle de ces bras au bronzier Charles-Jacques Tournay dans les années 1775-1780.
On sait que Tournay émargea pour le service du garde-meuble sous la direction de Hauré entre 1786 et 1788 tant comme fondeur que ciseleur.
Les mémoires très précis de Hauré permettent d'identifier petit à petit une partie des bronzes d'ameublements (flambeau, appliques, chenets et ornements de meubles) fait exprés pour la couronne ainsi que les achats de modèles déjà à la mode.

Ce modèle exista également avec trois bras de lumières comme le montre un exemplaire passant en vente :


PAIRE DE BRAS DE LUMIÈRES
Epoque Louis XVI, France, vers 1770/80.
Bronze doré. H 60,5 cm.

Provenance : Collection Arlette et Antony Embden, France.
vente, 8031 Zürich - Suisse, 18/09/2025 : 13h30, proposé par Koller Auctions

Sources :
Minutier central des notaires, archives Nationales
Les bronzes doré français du 18e siècle, Pierre Verlet, ed. Picard.
Site du chateau de Versailles

mercredi 3 septembre 2025

Jean-Charles Ellaume, Maître ébéniste reçu le 6 novembre 1754

Note biographique :

Né en 1714 (?), Jean-Charles Ellaume dit parfois Allaume ou Elleaume fut un ébéniste parisien reçu maître le 6 novembre 1754.
Il avait peut-être un lien de parenté avec Jean-Baptiste Allaume, menuisier rue Traversière, cité en 1752 parmi les créanciers du marchand-mercier Sallière.
Son atelier se trouva également jusqu’en 1775 rue Traversière dans le quartier du faubourg Saint-Antoine, à Paris.

Entre 1755 et 1756, il prit trois apprentis en formation :
- Pierre Toffier, fils d'un compagnon charpentier,
- François-Joseph Cannelière, fils d'un loueur de carrosses,
- Antoine Verjus, fils d'un major.

En 1767, Jean-Charles Allaume, maître menuisier ébéniste et Catherine Claude Morel (son épouse), renouvelaient pour 9 ans le Bail d'une maison rue Traversière, moyennant 650 livres de loyer annuel par Jean Turlin, marchand épicier grande rue du faubourg Saint-Antoine.
Ils renouvelèrent ce même bail pour 750 livres en 1776 au profit Denise-Reine Grandin, épouse séparée de biens de Jean Turlin.

Sa production se compose de très nombreuses commodes et bureaux plats sobres de style Louis XV, Transition et Louis XVI.
Il pratique le plus souvent le placage en frisage de bois de rose ou de violette encadrés de palissandre ou d'amarante.
Il sous-traita également pour ses confrères ébénistes, tels Léonard Boudin, Jean-Baptiste Fromageau ou Jean-Baptiste Tuart. Cette production sous-traité est de plus grande qualité.
Par ce biais, certains de ces meubles ont pu entrer dans les collections du Garde-meuble de la Couronne.

Quelques œuvres en collections publiques :

- Commode Tombeau Louis XV, Musée Lambinet, Versailles.


- Commode tombeau, Louis XV, vers 1760, Lyon, musée des hospices civils


- bureau plat Louis XV, Mobilier National


Bibliographie et sources :
Archives Nationales, Minutier central des notaires
Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle - Pierre Kjellberg - Les Editions de l'Amateur
Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire

lundi 11 août 2025

Wallet et Huber ou la sculpture en carton-pierre à Versailles

Petite note biographique sur ces deux artistes-artisans sculpteurs qui furent actifs sur le chantier du musée d'histoire de Versailles sous Louis-Philippe, mais pas que !!!

Sculpteurs-décorateurs spécialisés dans le carton-pierre, ils sont connus à partir de 1823.
Louis Etienne Wallet et César Joseph Eusèbe Huber, qualifiés de "Sculpteur du roi", étaient les successeurs de MM. Hirsch et Mezière, au 3 rue Porte-Foin à Paris.
En 1837, ils transfèrent leur entreprise au 20 rue Bergère ou il exercèrent jusqu'au début du règne de Napoléon III.
En 1844, leurs ateliers occupaient pendant toute l'année 120 ouvriers, 10 sculpteurs et 5 menuisiers.
Leur fonds de commerce se composait de creux ou moules en plâtres reproduisant des ornements, reliefs, rondes-bosses et sculptures de toutes les époques.
Ils participèrent aux Expositions des produits de l'industrie française entre 1823 et 1844 ou ils remportèrent plusieurs médailles d'argent et de bronze.

La technique du carton pierre

Cette technique est héritière des décors de théâtre, de fête ou de château d'ancien régime ou l'on utilisait alors du carton moulé. Celui-ci remplaçait la sculpture sur bois à l’exécution longue et onéreuse.
Ce matériaux périssable ne résistant pas aux intempéries, on finit par lui ajouter de la poudre de pierre.
Ce carton-pierre, malléable, solide, économique et léger, se développera à partir de 1806 dans les ateliers du sieur Méziere.
Les recettes varient mais gardent en commun le mélange de poudre de pierre ou de craie, de papier mâché, de colle animale et de lanières de cuir ou d'armature de métal.
La pâte obtenue est mise en forme dans des moules de cuivre ou de plâtre.
Passée des décors de spectacles aux habitations, cette technique permit de fabriquer des ornements en série vendus sur catalogue à prix modique.
Néanmoins, le carton-pierre sera assez rapidement remplacé par le staff inventé en 1856.

Wallet et Huber au service de la couronne

Leur carrière au service des maisons royales commença donc sous la restauration.
À l’exposition de 1823, Wallet et Huber présentérent entre-autres un « Christ d’un très-bon style ».
En 1825, ils travaillaient aux décors du sacre de Charles X à Reims.
En 1827, ils exposèrent une statue plus grande que nature de Henri IV en carton-pierre imitant le bronze dans la salle d'assemblée au Louvre.
En 1828, il éditèrent un recueil gravé, catalogue de leurs ornements, réédité en 1850.

Le plus fort de leur carrière se situe sous le règne de Louis-Philippe et en particulier sur le chantier du musée d'histoire de Versailles.
Car en dehors des socles en faux marbre pour les torchères de la galerie des glaces, ils apparaissent dans la fabrication de nombreux décors même si ceux-ci généralement peu précis sont difficiles à identifier surement.
Tout au plus les imaginent-on, au travers des comptes des bâtiments de la Couronne, travaillant dans l'aile du midi à la galerie des Batailles, la salle du sacre ou celle de 1792, aux décors entièrement crées sous Louis-Philippe ou ils fallait aller vite et à moindre coût.
Les sommes qui leur furent versées sur ce chantier entre 1833 et 1844 furent néanmoins conséquentes.

A côté de ce grand oeuvre de Versailles, ils sont également cités sur d'autres demeures royales dont Compiègne (1836), Randan pour Mme Adélaide (1840), Fontainebleau (1842, 1843,1845) pour des travaux de décoration à l'escalier de la Reine, l'ensemble du 1er étage et la porte de Saint-Louis.
En 1845, ils travaillaient au rétablissement de la sculpture du fronton au-dessus de l'entrée de la chapelle du palais de Saint-Cloud.
Ils apparaîtront encore vers 1852-1853 sur le chantier du théâtre impérial du château de Fontainebleau.

Hors des chantier royaux, ils œuvrèrent aux décors de l’hôtel de ville de Paris et de l’hôtel de Bourvallais (actuel ministère de la justice).

mardi 29 juillet 2025

Jean-Pierre Louis, menuisier impérial et royal

Jean-Pierre Louis, maître menuisier actif entre 1787 et 1832, était le fils de Charles-Borromée Louis (mort en 1807) et de Anne Defer. Son père avait été reçu maître menuisier en bâtiment le 2 juillet 1757.
Jean-Pierre Louis reçu sa maîtrise de menuisier en sièges à Paris le 5 septembre 1787.
Il fit peut-être deux mariages, le premier en 1794 avec Marie-Anne Beguin et un second en 1810 avec Marie-Victoire-Jeanne-Françoise Martin.

A la réception de sa maîtrise, il prit la succession de son père, rue du Jour.
Après la Révolution, il transféra sa boutique au 21 de la rue Saint-Nicolas.
Son activité fut importante sous l'Empire ou il livra à l’Administration de nombreux sièges pour les ministres et les grands- officiers de la Couronne.
Sous la Restauration, il échoua en 1824 à obtenir un brevet de fournisseur officiel du garde-meuble mais continua néanmoins de fournir la couronne. Il livra le conseil d'état et les Tuileries.
Sous Louis-Philippe, il reçut des commandes pour Compiègne, Saint-Cloud, le Grand Trianon et les Tuileries.
il fut également employé par le duc de Bourbon et collabora avec Jacob Desmalter pour le duc de Richelieu, ministre des affaires étrangères.
Il cesse ses livraisons au garde-meuble après 1832.
Les collections nationales conservent encore de nombreux sièges de sa fabrication : Mobilier National, Versailles, Fontainebleau, Chantilly.

Sources :
Minutier central des notaires, Archives nationales
Denis Ledoux-Lebard, Le Mobilier Français du XIXeme Siecle 1759-1889. Dictionnaire des ébenistes et des menuisiers.

François-Claude & Louis-Charles-François Menant, menuisier en siège de père en fils


François-Claude Menant, baptisé le 2 février 1757, paroisse Sainte Marguerite à Paris, était le fils de Claude André Menant et de Marie Renée Huchet.
Il fit deux mariages, le premier en 1781 avec Marie Antoinette Gravey et le second en 1787 avec Marie Antoinette Geneviève Riceur.

Il fut reçu maître menuisier à Paris le 19 septembre 1786 et s'installa rue de Charenton.
Sa clientèle reste inconnue mais il travailla pour le marchand-tapissier Devonges.
Il prit part à la révolution. Le 17 août 1792, il était juré au Tribunal révolutionnaire de Paris.
Engagé volontaire, il mourut des suites de blessures lors de la guerre dans le nord de la France en septembre 1793.

son estampille

Il a laissé des sièges et bois de lit de bonne facture de style Louis XVI dont certains sont conservés au Mobilier National ou au Musée des Arts décoratifs à Paris. Le musée de Versailles a en dépôt un fauteuil de bureau canné en noyer de ce menuisier.
Pour certains de ses sièges les plus richement sculptés, il semble avoir travaillé avec le sculpteur ornemaniste Nicolas Poirion.



Paire de fauteuils estampillé FC MENANT et N.PRN pour Poirion
doc. Christie's

Sa veuve, puis son fils Louis Charles François Menant, reprirent l'atelier.
Ce dernier fit faillite en 1811 mais reçut une commande de secours du garde-meuble impérial comprenant chaises, fauteuils, canapés et tabourets d'acajou. Le Mobilier National semble encore conserver une partie de cette commande.
Il exercera jusque vers 1814 mais devenu aveugle, il entra à l’hôpital des quinze-vingt avec son épouse Antoinette-Sophie Pigalle.
Son atelier perdura, cité jusque vers 1826 au Boulevard Saint-Antoine. Il vivait encore en 1832.
Versailles conserve 3 fauteuils de veille de ce menuisier. 

Sources :
Pierre Kjellberg. Le Mobilier français du XVIIIe siècle : Dictionnaire des ébénistes et des menuisiers.
Denise Ledoux-Lebard. Le Mobilier Français du XIXxeme Siecle 1759-1889. Dictionnaire des ébenistes et des menuisiers.

mardi 24 juin 2025

Jean-Jacques Werner (1791-1849), menuisier-ébéniste-décorateur, fournisseur du Garde-meuble de la couronne

Né à Berne en Suisse vers 1791, Jean-Jacques Werner s'installe à Paris en 1812 au 107 de la rue Saint-Dominique avant de transférer sa boutique rue Vaneau en 1837, puis rue de Grenelle-Saint-Germain en 1839 et enfin rue Saint-Dominique-Saint-Germain de 1844 à 1849.
Il se marie en 1812 avec Marie-Louise Chassan, brodeuse, dont il aura un fils prénommé Jean-Louis, né en 1813.

Il produisit des meubles en bois français indigène tel que le frêne, l'if, l'orme, le mûrier et le cornouiller.
Il est récompensé par une médaille d'argent aux expositions des produits de l'industrie française en 1819, 1823, 1827 et 1834. En 1820 il obtint le titre de fournisseur du Garde-Meuble de la Couronne.

commode-secrétaire acquise par Charles X en 1827
place au grand Trianon en 1837

Une de ses étiquettes indique vers 1839 :
J.J. WERNER / DECORATEUR ET FABRICANT DE MEUBLES, / rue Grenelle St Germain 126 / A PARIS / BREVETE DES COURS DE FRANCE ET ETRANGÈRES, / Brevet d'invention, et Médailles de perfectionnement pour les bois indigènes / Fait des envois dans les départements et à l'étranger (à juste prix).

Secrétaire "aux faisceaux" attribué à Werner 
en suite avec la commode à vantaux 
conservée au musée des Arts décoratifs à Paris

Il reçut quelques commandes royales et eut une importante clientèle privée dont la duchesse de Berry au château de Rosny, la princesse d'Eckmulh, le prince Eugène de Beauharnais ou le roi de Bavière dont il fut breveté fournisseur et décorateur de sa maison.
Il meurt veuf le 6 février 1849.

Œuvres en collections publiques :

- commode-secrétaire, exposée au Salon de l'Industrie en 1819, acquise par Charles X en 1827, placée dans la chambre de la Reine Marie-Amélie au grand Trianon en 1837, in situ
- lit en loupe d’orme orné de bronzes dorés (attribué), acquis en 1833, placé dans l'appartement de Madame Adélaïde, sœur du roi Louis-Philippe, au Grand Trianon en 1837, in situ
- Paire de chaise apportée à Versailles en 1840, Grand Trianon
- Secrétaire en armoire en loupe de frêne et bronzes dorés, présenté à l'Exposition des produits de l'Industrie de 1823, Paris, Musée des Arts décoratifs
- commode à vantaux en loupe d'amboine et bronze doré, vers 1820, Paris, musée des Arts décoratifs (dépôt du musée de l'armée)
- Petite table à ouvrage, vers 1839, Paris, musée du Louvre
- Ensemble de 12 fauteuils, 12 chaises à barrettes, 6 chaises à dossiers pleins et 8 banquettes, Dijon, Grand théâtre, 1828
- console rectangulaire en console (en acajou ?), époque empire, Paris, collection du Mobilier National
- guéridon rond tripode en loupe, époque restauration, Paris, collection du Mobilier national
- paire de chaise en bois verni, époque restauration, Paris, collection du Mobilier national
- table à écrire en acajou, époque restauration, vers 1839, Chantilly, Musée Condé,
- commode à 5 tiroirs en acajou, époque restauration, vers 1820, Chantilly, musée Condé.

Bibliographie : Denis Ledoux-Lebard, le mobilier français du XIXe siècle, editions de l'amateur, 2000

lundi 23 juin 2025

Alexandre Maigret, actif de 1775 à 1826, tapissier du garde-meuble

Alexandre Maigret, tapissier du garde-meuble impérial et royal, fut actif de 1775 à 1826.
Né vers 1750 (?), il apparaît comme marchand-tapissier et ébéniste dès les années 1775-1780.
Peut-être avait-il un lien de parenté avec le menuisier-ébéniste Louis-Charles Maigret, reçu à la maîtrise le 3 octobre 1787, et dont M. de Salverte a relevé l’estampille sur un meuble Louis XVI.
Il est alors établi au 20 rue Vivienne ou il vend des meubles d’ébénisterie, mais aussi des miroirs et des objets en bronze de son confrère Feuchère. Il travaillait également avec le bronzier Thomire.
Bien que cité comme ébéniste, il faisait probablement sous-traiter cette production, en particulier auprès de l'ébéniste Bouillon.
Pour les sièges, il se fournit entre-autres auprès de Pierre-Antoine Bellangé ou Pierre-Gaston Brion.

Pendant la révolution, il se porta acquéreur de tapis de Savonnerie et de tapisseries lors des ventes des collections royales, pièces qu'il tentera de revendre au garde-meuble sous l'empire et la restauration.

En 1805, il est devient l'un des fournisseurs du Garde-Meuble impérial.
En 1813, il obtient le brevet de tapissier du garde-meuble, titre qu'il conservera jusqu'en 1817.
Il livrera de nombreux meubles d’ébénisterie et de menuiserie ainsi que des tentures pour les palais impériaux dont Les Tuileries, Saint-Cloud, Meudon, Versailles et les Trianons, Fontainebleau, Compiègne, Strasbourg, Laeken...
Il fournit notamment plusieurs métiers à broder pour l’impératrice Marie-Louise.

Métier à Broder de l'impératrice Marie-Louise
Livré au Grand Trianon par Maigret

Sous la Restauration, les commandes se firent rares. Il livra quelques meubles pour la duchesse de Berry au château de Rosny.
Il cède son activité à son fils Alexandre-François en 1826. Il vendit une partie de son stock, meubles d’ébénisterie et 18 tapis de la Savonnerie aux armes de France, au garde meuble royal avant de prendre sa retraite.

secrétaire en cabinet d'époque Empire
vendu par Maigret au garde-meuble en 1826

Certaines de ses œuvres sont aujourd'hui conservées à Versailles, Fontainebleau, au Mobilier National, au Sénat.

quelques œuvres conservées à Versailles :

- ensemble de sièges livré pour le petit salon attenant à l'appartement de l'Empereur sur l'orangerie au palais de Saint-Cloud, menuiserie attribuée à Bellangé, 1808
- métier à tisser livré pour le boudoir de l'Impératrice Marie-Louise au Grand Trianon, 1810
- Psyché livrée pour l’appartement du roi de Rome aux Tuileries, Maigret et Thomire, 1811,
placé dans la chambre de Marie-Amélie au grand Trianon en 1834.
- ensemble de siège livré pour le premier salon du grand appartement du palais de Meudon, 1811
- ensemble de siège livré pour la chambre à coucher du grand appartement du palais de Meudon, 1811 (déposé à Fontainebleau)
- console livrée pour la chambre à coucher du grand appartement du palais de Meudon, 1811
- secrétaire en cabinet vendu au Garde-Meuble de la Couronne en 1826,
envoyé au Grand Trianon en 1837 pour l'appartement des princesses.
- secrétaire en armoire vendu au garde-meuble de la couronne en 1826,
envoyé aux Tuileries en 1830 puis Trianon en 1838.

Bibliographie:
Denis Ledoux-Lebard, Le mobilier français du XIXe siècle, Editions de l'amateur, 2000
Mathieu Da Vinha et Raphaël Masson (dir.), Versailles, Paris : Bouquins, 2015.

lundi 16 juin 2025

Jean Avisse (1723-après 1796), maitre menuisier en sièges

Né en 1723 et mort après 1796, Jean Avisse est probablement cousin avec le menuisier en siège Michel Avisse.
Il fut reçu maître menuisier le 10 novembre 1745. Il fit enregistrer ses lettres de maîtrise au Châtelet de Paris le 18 avril 1747. 
Il s'installa rue de Cléry, secondé par son épouse Marie-Anne Gourdin, issue elle aussi d'une important famille de menuisiers.

Il acquiert sa notoriété grâce à la qualité de son travail. Il exécuta de beaux sièges richement sculptés dans les styles Louis XV et Louis XVI.
Les archives livrent quelques-uns des sculpteurs sur bois ayant travaillé sur ses sièges les plus luxueux parmi lesquels Jean-François Baillard, Pierre Rousseau, Claude Vinache ou Nicolas Heurtaut.

Si des livraisons au garde-meuble de la Couronne restent à confirmer, Jean Avisse eut une importante clientèle privée au travers de marchands-tapissiers dont la duchesse de La Tremoille, la marquise de Chabannes, la comtesse de Fontenay et le chevalier de Lamotte, lieutenant de louveterie au département d'Auvergne.

Malgré les nombreuses commandes, il déposa son bilan à deux reprises, en 1769 et 1776 mais reprit chaque fois son activité au 124 rue de Cléry et ce jusqu'en sa mort en 1796.

Quelques oeuvres en collections publiques :

- Tabouret Louis XV, estampille Jean Avisse (Don du docteur Marcel Durand), château de Versailles, non exposé
- Paire de bergère Louis XV, estampillées Avisse (donation duchesse de windsor), chateau de Versailles - non exposées, non illustrées
- Voyeuse à genoux utilisée en chaise prie-Dieu, Louis XVI, provenant de Saint-Cloud au 19e siècle,  château de Versailles, non exposée, non illustrée.
- Suite de 5 fauteuils Louis XV (don docteur Marcel Durand), château de Versailles, non exposés, non illustrés.
- Fauteuil de bureau canné Louis XV, Versailles, musée Lambinet
- Fauteuil à la reine - Musée des Arts Décoratifs - Paris

- Lit de repos Louis XV - Musée Nissim de Camondo

- Canapé et deux fauteuil à la reine Louis XV - Paul-Getty Museum - Malibu
- Paire de bergères - Musée des Arts Décoratifs - Lyon
Le mobilier national conserve deux chaises sobrement moulurées de ce menuisier.



Sources et Bibliographie
Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle - Pierre Kjellberg - Les Editions de l'Amateur - 2008
Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire – 1934

samedi 31 mai 2025

Georges Kintz, maitre ébéniste

L'ébéniste Georges Kintz fut reçu à la maîtrise le 18 décembre 1776. Il deviendra député de sa corporation.
Il s'installa rue du Faubourg Saint-Antoine avant de déménager rue Daval où il restera jusqu'en 1803.
Il fut marié à Anne-Jacqueline Squenons ou Squenort (morte en 1822) dont il eut au moins deux filles :
- Anne-Marie, marié en 1797 avec François Ract, tapissier,
- Jeanne-Jacqueline, mariée en 1799 avec Pierre-Joseph Detournay, tailleur.

Il a produit des meubles très sobres ornés de simples moulures de style Louis XVI, aux finitions soignées, en placage, principalement d'acajou ou en bois de rose. Il utilisa rarement des ornementations de bronze.
Son estampille se retrouve sur des bureaux plat, à gradin ou à cylindre, des secrétaires, tables de jeu, chiffonniers, armoires, console-dessertes ainsi qu'une rare table de musicien duettiste.

Il a parfois travaillé avec d'autres confrères, comme Reizell ou Schmidt, sur des meubles portant double estampille, ainsi qu'avec un confrère homonyme Jacob Kintz.

Œuvres en musées ou institutions :
- Paire d'armoires à 2 vantaux et à 4 étagères intérieures en placage d'acajou flammé, pieds tournés, angles en colonne engagée cannelée rudentée, pilastres à l'arrière, dessus de marbre blanc à balustrade de cuivre doré, attribué à,
Anc. coll. Léon Riesener ; famille Riesener. Legs de Madame Raymond Escholier, 1969 - Versailles, musée national (non illustré, non exposé)
- Table à plateau circulaire reposant sur trois pieds - Musée Ephrussi - Saint-Jean-Cap-Ferrat
- Table trictrac en bois de placage - Les arts décoratifs de Lyon
- Commode en acajou - Paris, Mobilier National

Bibliographie :
Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle - Pierre Kjellberg - Les Editions de l'Amateur - 2008
Le Mobilier français du XIXe siècle - Denise Ledoux-Lebard - id - 2000
Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire - 1934
Les artistes décorateurs du bois en France aux XVIIe et XVIII siècle - Henri Vial, ‎Adrien Marcel, ‎André Girodie - 1912

lundi 5 mai 2025

Antoine Thiout ou Thioust dit l'ainé (1692-1767), Horloger ordinaire du Duc d’Orléans

Né en juillet 1692 à Jonvelle près de Vesoul en Haute-Saône, Antoine Thiout était le fils du serrurier Pierre Thiout.
Ce dernier installé depuis 1686 s’occupait de toutes sortes de fabrications et de réparations.
Son fils Antoine se forma aux principes de base des mécanismes de la grosse horlogerie dans l’atelier paternel ou il acquiert des connaissances pratiques qui lui donnèrent le gout de la petite mécanique de précision liée à l’horlogerie.

Vers 1700, il se rend à Paris où il fera son apprentissage qui durera jusque 1715.
Aux alentours de 1718, il commence son ascension professionnelle et approfondit ses recherches sur l’horlogerie.
Il fit alors partie de l'entourage de Henry Sully, horloger anglais protégé du duc d’Orléans et fondateur de la manufacture d'horlogerie de Versailles.


Régulateur de parquet vers 1730
Mouvement signé Thiout l'ainé Paris

Antoine Thiout est reçu maître horloger le 18 février 1724 probablement par privilège de l’Hôpital de la Trinité.
Il est ensuite Garde-Visiteur de la corporation des horlogers de 1742 à 1745 puis Horloger de la Reine Douairière d’Espagne et enfin Horloger Ordinaire du Duc d’Orléans en 1751 ou 1752.
A ce poste, il fournissait montres et pendules à la famille des Orléans et était également chargé de leurs remontages et entretiens dans leurs différentes demeures ou logements à la cour.


Régulateur de parquet vers 1740-1745
Mouvement de Thiout l'ainé Paris
caisse restaurée par Conrad Mauter vers 1780

Il s'établit d'abord dans l'Enclos de la Trinité, puis Rue du Four et enfin Quai Pelletier.
Pour se distinguer de ses fils également horlogers ou peut-être de son frère [?] Nicolas Thiout, reçu maître horloger en 1733, Antoine signait souvent ses œuvres "Thiout l'aîné".
De son premier mariage avec Nicole Madeleine Le Baigue ou Lebégue (morte en 1751), fille de François, horloger, il eut deux fils, Charles reçu maître horloger en 1746 comme fils de maître, Nicolas reçu maître en 1755 idem, et une fille Marie Madeleine, épouse de l'horloger Thomas François Delagarde.
Il épousa en secondes noces Marie-Claude Benoist (morte le 22 septembre 1767).


Cartel en bronze doré vers 1750
cadran signé Thiout l'Ainé à Paris
Deutsches Uhrenmuseum. Furtwangen

Il acquiert sa réputation grâce à deux inventions, en 1724 et en 1726, concernant des pendules à équation et à indications astronomiques et des horloges marines.
En 1737, il présentait ses innovations sur trois montres et une pendule à équation.
Vers 1740, il crée deux machines à tailler les fusées et un tour à fileter, instruments essentiels dans la fabrication des pièces mécaniques de précision destinées à la petite horlogerie.
En mars 1741, il publie le « Traité de l’Horlogerie Mécanique et Pratique », ouvrage approuvé par l'Academie royale des Sciences.
En 1742, il est élu juré de sa communauté.
Quelques années plus tard, Diderot le sollicitera pour participer à la rédaction, avec d’autres spécialistes, à l’article « L’Art de l’Horlogerie » de l’Encyclopédie.

Il a travaillé pour divers marchands-merciers tels que Noel Gérard et François Damault et a utilisé des caisses d'ébénisterie ou de bronze doré de Gaspard Coulon, Antoine Foullet et Jean-Joseph de Saint-Germain.
Thiout produisait une trentaine de montres par an, la dernière portant le numéro 1320.

Sa clientèle compta de nombreuses personnalités telles que Crozat de Thiers, de la Noë, Angrand de Fonpertuis, les comtesses de Sandwich, de Listernois, les marquis de Ruffec, de Béringhem, de Crussol, de Montpellier, d'Argenson, de Souvré, les ducs d'Aumont, de Boutteville, d'Olonne, la duchesse de Ruffec, les princes de Grimberghen et de Conti...

Antoine Thiout, Horloger ordinaire de Monseigneur le duc d'Orléans, ancien garde de sa communauté et bourgeois de Paris, meurt dans sa demeure du quai Pelletier à Paris le 10 juin 1767 à l’âge de 75 ans. Il fut inhumé en l'église Saint-Gervais.

mardi 29 avril 2025

Jean-François-Antoine Boulanger, maître sculpteur sur bois

Cet artisan du bois fut reçu le 17 octobre 1759 comme membre de l'Académie de Saint-Luc, habitant alors rue Saint-Sauveur.

Cette académie était celle des maîtres peintres et sculpteurs de Paris ou était assuré leur formation et reçu leur maîtrise après présentation d'un chef-d'oeuvre.
En 1776, les élèves de Saint-Luc seront réunis à ceux de l'Académie royale de peinture.
En 1777, toutes les communautés de métier ayant été supprimées, elle disparaît.

En 1767, il épouse Monique Bellin, fille du directeur des postes d'Amboise, dont il eut une fille Monique Louise Marguerite baptisée en 1772.
A cette époque, il travaillait pour le duc de Choiseul au château de Chanteloup, et à l'ancien hôtel d'Armenonville, rue platière à Paris, devenu hôtel des postes.
En 1778, il perd son épouse Monique Bellin. Il habitait alors rue de Bondy.
En 1786, il était installé rue du faubourg Saint-Martin.

Ses talents de sculpteur furent utilisés par l'administration royale.

En 1763-1764, il travailla à la nouvelle salle d'Opéra des Tuileries.
Après l’incendie de la salle du Palais Royal, l’Académie de musique se déplaça provisoirement au Palais des Tuileries dans la salle des Machines construite sous Louis XIV.
Pour l'occasion, les architectes Germain Soufflot et Ange Jacques Gabriel la réaménagèrent pour pouvoir recevoir jusqu’à 1500 spectateurs.

En 1772, on le retrouve travaillant aux décors de l'Ecole militaire de Paris, l'orgue de la chapelle en particulier, aux côtés de son collègue Honoré Guibert, également menuisier ornemaniste royal.
En 1774, Boulanger soumissionna sans succès pour la décoration de l'aile neuve du château de Versailles.
En 1775, il livra un cadre sculpté pour un portrait de la reine Marie-Antoinette.

Cadre probablement exécuté par Boulanger (bordure) et Duret (figures d'enfants, tigre, biche),
livré en 1775 pour le portrait de Marie-Antoinette en Diane par le chevalier de Lorge,
tableau refusé par la reine (disparu)
Versailles, musée

Il réalisa ensuite des cadres pour des portraits de Madame la comtesse de Provence et de la Comtesse d'Artois.
Il est encore cité dans un acte de notoriété en janvier 1789, date à laquelle on perd sa trace.

Au début de sa carrière, notre homme fit également oeuvre de dessinateur d'ornement relevant du style rococo, ses dessins furent en partie gravés.

mercredi 16 avril 2025

Olivier ou Ollivier, tabletier du roi

Au 18e siècle, le tabletier-peignier appartenait à une corporation indépendante de celle des menuisiers-ébénistes.
Il fabriquait des tabliers ou plateaux pour jouer aux échecs, aux dames, au tric-trac, et les pièces ou jetons nécessaires pour y jouer ainsi que des billes et boules de billard, des crucifix en buis et ivoire ce qui leur valut également le nom de "tailleurs d'images d'ivoire" ainsi que de nombreux objets usinés sur tour comme les bâtons ou cannes de marche, les montures de cannes, lunettes et lorgnettes, les tabatières et boites à savonnettes...
Ils étaient autoriser à utiliser l'ivoire et les bois durs comme le buis, l’ébène, le noyer, le merisier ou l'olivier...

Sous le nom générique de Olivier ou Ollivier, on trouve une famille d'artisans parisiens qui se succédèrent comme tabletiers du Roi pendant plus d’un siècle, de 1678 à 1785.
Attachés au service du Garde-meuble et des Menus-Plaisirs, ils livrèrent à la Cour des billards, des trou-madame, des tables à jouer, parfois en laque et en bois des Iles.

En 1678, le sieur Ollivier, tabletier, livrait à Versailles diverses fournitures, et à Saint-Germain-en Laye un trou-madame et plusieurs billards.

On retrouve trace de livraison à Versailles en 1725, ou le tabletier Olivier livre pour l'infante d'Espagne, fiancée du roi, 6 petites queues de billard en bois des Indes à masse d'ivoire, un bistoquet, 12 petites billes d'ivoire et la régle du jeu sur un tableau encadré de bois peint. Cet ensemble accompagnait le billard livré par le sieur Chardin (père du célèbre peintre).

Plus tard au château de Choisy sous Louis XV, le sieur Olivier, tabletier livrait " deux garnitures pour le jeu de brelan, composées chacune de 5 boîtes d'ivoire de différentes couleurs, une autre pour le jeu de quadrille..."
Ils travaillèrent également pour les marchands mercier comme Hébert, qui livra aussi la cour sous Louis XV.

L'un d'entre-eux, Étienne Olivier, exerçait rue des Arcis vers le milieu du règne de Louis XV.
Il a signé de l’inscription Olivier sculpsit un coffret en marqueterie que possède le musée de Cluny et qui renferme «l’estalon des mesures à l’huile» commandé en 1742 par la communauté des maîtres chandeliers-huiliers de Paris.

Parmi les tabletiers de ce nom, on retrouve :
entre 1666 et 1737, Barthélémy Ollivier, marchand et maître peignier tabletier, originaire de Picardie, époux de Antoinette Largillier puis de Suzanne Hadancourt et Suzanne Thiboust
entre 1697 et 1706, Julien Ollivier, maitre tabletier, créancier du conseiller au parlement Auguste de Harlay,
entre 1699 et 1732, Jean Olivier, maître peignier-tabletier, juré de sa communauté, installé rue des Arcis,
entre 1702 et 1731, Louis Ollivier, marchand et maître peignier tabletier à paris, époux de Marie Thérèse Lescombat,
en 1719, Louis Olivier, marchand peignier tabletier, père de François, compagnon tabletier, marié avec Marie-Jeanne Barbier,
entre 1731 et 1765, Julien Etienne Olivier, maître et marchand peignier tabletier,
entre 1758 et 1761, Louis-Alexandre Olivier, maître tabletier,  rue aux ours à Paris, époux de Catherine Viel,
en 1772, Jean-Louis Olivier, maître tabletier décédé, époux de Marguerite Jacqueline Paris et père de Marguerite Jacqueline leur fille mineure.

L'Almanach du Commerce mentionne encore deux ébénistes du même nom, prénommés respectivement Pierre-François et Jean-François, qui résidaient, à l’époque du Directoire (1799), dans le voisinage l’un de l’autre, rue du Faubourg Saint-Antoine, nos 225 et 250.
Le premier se retira des affaires en 1807. Le second mourut en 1816.

Sources :
Les ébénistes du XVIIIe siècle, Salverte.
Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers - Diderot & D'Alembert
Le mobilier francais du XIXe siècle, Ledoux-Lebard
Minutier central des notaires, Archives nationales
Versailles au temps de Louis XV, Alfred Marie, ‎Jeanne Marie

mercredi 9 avril 2025

[Benoit] Georget (vers 1739-vers 1819), serrurier royal ?

Ce serrurier réputé sous le règne de Louis XVI pourrait être Benoit Georget, fils de François Georget, serrurier parisien, et de Marie-Jeanne Giroux.
Il eut un frère, prénommé François Sébastien, également serrurier, mort en 1783, époux de Jeanne Masson.
Il fit sa réputation de la fin de l'ancien régime jusque sous la Restauration des Bourbons.

Le Mercure français en décembre 1777 indique que " Le sieur Georget, serrurier, rue des précheurs, a inventé de nouvelles serrures, faites pour garantir de toutes craintes des rossignols & autres tentatives des voleurs : elles ont été honorés de l'approbation de sa Majesté, de celle du magistrat de la police, et de l'académie d'architecture."

En 1778, la Gazette de France relate qu'il est honoré des suffrages de l'Académie des sciences pour ses inventions de sûreté.
Selon Havard dans son Dictionnaire de la décoration, ses inventions furent " très bien accueillie de S.M. Louis XVI, auquel l'artiste à eu l'honneur de présenter ses serrures et verrous de sûretés. Il a eu l’honneur d'en livrer et d'en poser chez les ministres et les magistrats le plus distingués de Paris. L’Académie des sciences a donné à l'auteur de cette découverte une approbations qui lui a fait beaucoup d'honneur".

Il passe en vente une serrure aux emblèmes royaux datée de 1779.
Pourrait-elle être l'une de celle présentée au roi et avoir fait partie de ses collections ?

[Benoit] Georget, serrurier de Louis XVI ? Serrur12

[Benoit] Georget, serrurier de Louis XVI ? Serrur11

[Benoit] Georget, serrurier de Louis XVI ? Serrur10

Serrure de maîtrise aux armes du roi Louis XVI.
Couronne et bouton, en bronze doré, entrée à secret.
Dessin de l’entrée de la serrure RdF, pour ROI de FRANCE.
Gravé à l’intérieur de la serrure FAIT PAR GEORGET SERRURIER DE PARIS RUE DES PRESCHEUR EN 1779.
France, époque du XVIIIe siècle. 15,5 x 8,7 cm
vente le Mercredi 16 Avril 2025, Paris, Fraysse & Associés

En 1783, installé rue des Gravilliers, il exposait certaines de ses serrures perfectionnées au Salon de la correspondance.
Entre 1789 et 1808, il est cité aux 50 et 79, rue Saint-Denis.
En 1806, Il reçoit une mention honorable au salon de l'industrie.
En 1810, installé au 7 rue du Harlay, près le Palais de Justice, on parle encore de lui pour ses serrures à doubles clés et à cache-entrée. Il perd son épouse née Louise Léon.
Il est encore cité en 1819 pour une médaille d'argent décernée par le roi Louis XVIII, exerçant alors rue de Castiglione.
En 1820, L'observateur du cimetière du Père la Chaise de François Marie Marchant de Beaumont, indique que M. Georget, habile mécanicien, et serrurier de Louis XVI [sic] repose au père Lachaise.

Son fils lui succéda, on le retrouve au moins jusqu'en 1829, serrurier-mécanicien, au 22 rue de Castiglione ou il est dit qu'il est fils et héritier d'un célèbre serrurier-mécanicien sur les traces duquel il se fait gloire de marcher.

Les Francastel, menuisiers de la chambre et des Menus-Plaisirs du roi.

Trois membres de cette famille d'artisans parisiens se succédèrent de 1751 à 1792 comme Menuisiers de la Chambre et des Menus-Plaisirs du Roi.

Jean-Baptiste Francastel (1725-1758)
Menuisier de la chambre et des Menus-Plaisir du roi

Né en 1725, fils de Charles Francastel, entrepreneur de bâtiments rue Saint-Denis, ce menuisier fit enregistrer ses lettres de maîtrise le 26 juillet 1743.
il travaillait dans l’atelier paternel quand il épousa Claire-Élisabeth Pleney, fille de Antoine Pleney, menuisier de la Chambre du roi.
En 1751, il obtint la survivance des fonctions de son beau-père, qui lui céda son établissement rue Montmartre, près des boulevards. En exercice en 1756, Il mourut en 1758, âgé seulement de trente-trois ans laissant pour enfants : Charlotte Elizabeth, épouse de l'horloger Furet, Jean Baptiste Antoine, Jean Pierre, Charles Dominique et Jean Baptiste Nicolas.
Sa veuve le remplaça en qualité de « menuisière de la Chambre du Roi», aux gages annuels de 300 livres.
Chargée à ce titre des travaux que nécessitaient les fêtes et cérémonies de la Cour, elle fournissait aussi à l’occasion des sièges et couchettes, des meubles de commodité, des tables, buffets et armoires de chêne ou de hêtre dont 2 toilettes en beau bois de Hollande, à dessus brisé et à pieds pliants, qui lui furent commandées en 1770, pour servir durant le voyage de Marie-Antoinette lors de son arrivée en France.

Jean-Baptiste-Antoine Francastel (1749-1787) dit l’aîné
Menuisier de la chambre et des Menus-Plaisir du roi

fils des précédents, né en 1749, il eut la survivance de l’office de menuisier de la Chambre du roi le 8 août 1751, puis la retenue définitive le 29 septembre 1759.
Il devint menuisier de la Chambre et des Menus-Plaisirs en succession de sa mère en 1770, qui lui transmit son fonds par acte notarié du 20 octobre 1771.
Marié à Sophie Elizabeth Lorphevre vers 1781, il demeurait rue du Faubourg Saint-Denis, n° 29, quand il mourut en septembre 1787.
Son livre journal (août 1777-août 1787), conservé aux archives nationales, donne le détail des travaux fournis et ainsi que les lieux d'exécution (Versailles, Trianon, Marly, Fontainebleau, Choisy-le-Roi, La Muette, Saint-Cloud, magasins de Paris et de Versailles…).
Certaines circonstances sont citées comme la naissance de Madame Royale en 1778, celle de Louis XVII en 1785, ou en tant que menuisier de la Chambre et des menus plaisirs du roi, il participe en réalisant des structures provisoires en bois pour les feux d’artifice par exemple..
Il a également fourni les cercueils de Madame Sophie décédée en 1782 ainsi que ceux des filles du comte d’Artois décédées l’année suivante.
En dehors de ces ouvrages de menuiserie, il exécuta des bordures de cadres pour le roi, et des pièces d’ameublement telles que lits, écrans et fauteuils sculptés.
En 1773, il fut également attaché à la maison du comte et de la comtesse d’Artois comme menuisier de la chambre pour lesquels il exécuta deux établis de tour dont l’un à guillocher et l’autre à pointer en acajou, une chaise en bois de noyer à dossier et divers accessoires de rangement pour leurs appartements de Versailles.
Parmi ces œuvres survivantes, on peut citer la menuiserie du grand baromètre de Louis XV et Louis XVI (1772-1776) sculpté par Jean-Joseph Lemaire et doré par Simon Mazière (Musée de Versailles).

[Jean] Pierre Francastel dit le jeune ou Francastel de Crépy
Menuisier de la chambre et des Menus-Plaisir du roi

Frère du précédent, il fut reçu maître charpentier en 1778 et résida rue du Faubourg Montmartre à la Boule-Rouge avec son épouse Charlotte Margueris.
Il fut élève de l'architecte Hazon à l'académie royale d'architecture et associé sur plusieurs chantiers parisienne avec l'architecte Pierre-Adrien Paris.
Il hérita du titre de menuisier de la chambre du roi et des gages de son frère aîné à sa mort en 1787.
Il participa à l’installation de l’Assemblée des États Généraux et fournit des sièges pour les salles de la Noblesse et du Clergé.
Après la chute de la monarchie, au mois de septembre 1792, il entreprit, dans les jardins du Temple, des travaux destinés à prévenir une possible évasion de Louis XVI.
Il était encore attaché au service du Garde-meuble en 1794.

Sources : 
Les ébénistes du XVIIIEe siècle, Salverte
Versailles : histoire, dictionnaire & anthologie, Da Vinha-Masson
Almanach de la cour, Newton
Minutier central des notaire, Archives Nationales

lundi 7 avril 2025

Jacques Tramey, ébéniste


L'ébéniste Jacques Tramey travailla d'abord comme artisan libre au faubourg Saint-Antoine, quand une saisie de ses ouvrages pour contravention aux privilèges corporatifs lui fit solliciter des lettres de maîtrise qu’il obtint le 6 octobre 1781. 

Il exerça ensuite dans la Grande rue, puis rue de Charonne, jusqu’à la Révolution. En 1789, il habite rue de la Juiverie, paroisse Sainte Marguerite. 
Il meurt en 1790 qualifié de maître-ébéniste et cavalier de la Garde Nationale Parisienne laissant une veuve, Anne Marguerite Lanthone, et trois enfants mineurs Jacques, Joseph et Marie Victoire.

Son estampille J*TRAMEY a été relevée sur des commodes, consoles et jardinières de fabrication courante mais sa production estampillé reste assez rare. 

Je n'ai trouvé aucune trace de livraison au garde-meuble pour cet ébéniste. Il dut cependant livrer la couronne à la fin du règne de Louis XVI, soit comme sous-traitant de Riesener ou de son successeur Beneman après 1784, soit par achat à un marchand-mercier ou par la "Boutique de Versailles".
Une console en acajou portant la marque du garde-meuble W du château de Versailles, proche des modèles livrés par l'ébéniste Saunier a été récemment acquise pour les collections du domaine national.

Console-desserte de forme demi-lune en acajou et placage d'acajou, Epoque Louis XVI.
Marque à l'encre sur le plateau et sous la tablette d'entrejambe « .VV. ou .W. ». (non illustrée)

Le Mobilier National conserve également de cet ébéniste deux grands bureaux plats identiques sans provenance connue.



jeudi 3 avril 2025

Edme Chollot (vers 1695 - après 1774), menuisier en bâtiment

Reçu maître menuisier en bâtiment en 1723, Edme Chollot exerça rue des Gravilliers jusqu’en sa quatre-vingtième année.

En 1774, il devenait tuteur de la mineure Françoise Elisabeth Chollot, fille de Jean Edme Chollot (son fils ?), maître menuisier décédé, et de Louise Gabrielle Françoise de Montigny.

Il laissa une production composée de tables-consoles de bois doré, estampillée E.CHOLLOT, allant du style rocaille au style Louis XVI.
Il collabora occasionnellement avec le menuisier en siège Nicolas Heurtaut.

Son estampille est une rareté. En effet, les menuisiers en bâtiment qui réalisaient tous les éléments "immeubles" tels que boiseries, trumeaux, tables-consoles, armoires de lambris n'étaient pas obligés d'apposer leur estampille sur leur production.

Un exemple de sa production d'époque Transition Louis XV-Louis XVI. 










Oeuvres en collections publiques :

- Une paire de console, Église paroissiale, Saint-Viatre

- Une console d'époque Louis XVI, Cathédrale Saint-Pierre, Beauvais

Sources :
Les ébénistes du XVIIIe siècle : leurs œuvres et leurs marques, Salverte
Le mobilier français du XVIIIe siècle, Kjellberg
Famillesparisiennes.org

lundi 31 mars 2025

François Bayer, maitre ébéniste en 1764

Ébéniste-marqueteur originaire d'Allemagne, François Bayer s’installe à Paris ou il est reçu maître ébéniste le 5 décembre 1764 exerçant alors rue du faubourg Saint-Antoine.
Il migra ensuite rue Saint-Honoré puis rue de Taranne au faubourg-Saint-Germain vers 1777.
Manquant de capitaux et endetté, son activité périclita. Il fit faillite en 1780 et 1781 et dût revendre son fonds de commerce. Son atelier se situait alors rue du colombier.
Installé ensuite rue Montmartre jusque vers 1785, Bayer se consacra principalement à la restauration de meubles aidé de son épouse, Jeanne-Honorine Parent, dont il eut sept enfants.
Il est encore cité seul comme ébéniste en juin 1797 vivant au 10 rue Ponceau, date à laquelle on perd sa trace.

Sa production estampillée principalement connue entre 1764 et 1780 s’inscrit dans le style transition puis Louis XVI.
Elle se caractérise par des marqueteries raffinées d’instruments de musique et de fleurs ou géométriques dans le gout « grec ».

Ses talents lui valurent des clients de marque, tels que la comtesse de Custine ou les comtes de Brancas et de Saint-Cyr.
Il sous-traita pour des marchands comme Boudin, Delisle, Rivière, Francq, Lefèvre, Santaire, et des tapissiers tels Bigeon ou Eby. Il collabora avec d'autres ébénistes comme Denizot ou Bavant.
Dans les années 1770, il fit également partie des sous-traitants de Gilles Joubert, fournisseur officiel du garde-meuble.
L'inventaire de Joubert dressé après le décès de son épouse en 1771, fait état " d'une somme de 106 livres due à Bailler ébéniste ".
On retrouve son estampille sur des meubles livrés par Joubert et en particulier sur une commode de 1771 pour le Château de Compiègne.





















Toujours pour la couronne, il sous-traita ensuite très probablement pour Riesener, comme le laisse supposer un bonheur du jour d'époque Louis XVI ,estampillé de François Bayer, daté vers 1780, inventorié en 1787 dans le boudoir de la duchesse de Polignac au château de Fontainebleau.






















Sources :
Les artistes décorateurs du bois, Vial
Les ébénistes du XVIIIe siècle : leurs œuvres et leurs marques, Salverte
Le mobilier français du XVIIIe siècle, Kjellberg
Famillesparisiennes.org

vendredi 21 mars 2025

Charles Munier (1802-après 1863) tapissier, miroitier et fabricant de meubles

Charles-Auguste Munier est né le 25 juillet 1802. Il fut actif à Paris de 1828 à 1863. Il devint tapissier, miroitier et fabricant de meubles en succédant en 1828 à l'ébéniste Jean-François Moulin dont il reprit l'atelier au 41-43 rue Meslay puis passa rue Montmartre de 1830 à 1863.

Ses différentes marques au pochoir à l'encre furent alors :
- Ch. MUNIER, 160, rue Montmartre, Tapissier Fabricant de meubles.
- 163 rue Montmartre / Ch. Munier / Tapissier / Fabt de Meubles / Maison à Marseille.

On connait de lui quelques meubles de style Boulle d'après Cressent.

Bureau estampillé de Charles Munier
doc Christie's

Vers 1840, il obtint le titre de fournisseur de mobilier de la Couronne.
Dans les faits, il fut essentiellement tapissier pour le garde-meuble. Son atelier recouvrit ou restaura de nombreux sièges sortis d'autres ateliers de menuisiers comme Larivière, Bellangé, Jacob-Desmalter... notamment pour Versailles, le Grand et le petit Trianon, les Tuileries ou Meudon.

Il livra des sièges pour l'opéra de royal de Versailles (1838) et l'importante série de banquettes et tabourets néogothiques pour les salles des croisades (1840).

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Bibliographie : Denise Ledoux-Lebard . Le Mobilier francais du XIX siecle,  Dictionnaire des ébénistes et menuisiers.

jeudi 20 mars 2025

Antoine-Nicolas Lesage (1784-1841) Marchand-ébéniste

La maison fondée par Antoine-Nicolas Lesage (1748-1841) fut essentiellement celle d'un marchand de meubles et objets d'arts.
D'abord installé au 2 boulevard des Italiens de 1812 à 1821, il devint directeur de l'"Union des arts" au 2 rue Grange-Batelière, un magasin d'ameublement ouvert jusque 1837 puis il migra au 11 rue Chaussée d'Antin sous l'enseigne Lesage et Granvoinet.
Il fit faillite en 1839.

L'une de ses estampilles

Lesage fut l'un des plus importants marchands Parisiens sous la Restauration, vendant les productions de Rémond ou Jeanselme comme en témoigne cette description de son magasin :
"l'on trouve réuni dans ce bel établissement tout ce que la mode peut enfanter de plus gracieux et de plus recherché, soit meubles en bois indigènes et exotiques, bronzes, dorures, pendules, candélabres, etc. On y fait aussi tout ce qui concerne l'ameublement, comme sièges, draperies, couchers, rideaux, et l'on y trouve de même des étoffes pour meubles, en sorte qu'il est possible d'y faire en un seul instant emplette du plus beau mobilier. C'est, en un mot, une de ces maisons qu'on ne saurait trop recommander pour l'assortiment rare et précieux qu'offrent ces vastes magasins en produits de nos meilleures fabriques."

Table à écrire d'époque Restauration
Marquée "LESAGE rue Grange Batelière N°2 A PARIS"
Doc Osenat

Il reçut des commandes du Garde-Meuble de la Couronne pour les palais de Saint-Cloud, de Trianon, des Tuileries, de Meudon, de Louis-Philippe pour ses demeures du Palais-royal et de Neuilly ainsi que de la Duchesse de Berry pour son chateau de Rosny.

Quelques œuvres en collections publiques :

A Versailles :
- Table à ouvrage livrée aux Tuileries sous la restauration, déposé par le Mobilier National à Trianon sous-bois.
- Bureau plat acheté au marchand Lesage en 1837, placé dans le cabinet de travail de la reine Marie-Amélie au Grand Trianon.
-  guéridon, Donation sous réserve d'usufruit de la duchesse de Windsor, 1973 (non exposé)
-  guéridon, Donation sous réserve d'usufruit de la duchesse de Windsor, 1973 (non exposé)

Au Mobilier national :
- Étagère portant marque des Tuileries et de l'Elysée-Bourbon sous la restauration